La France est la nation qui favorise le plus les joueurs du cru
S’il fallait dégager un chiffre impressionnant sur la part de joueurs d’origine étrangère à jouer dans le Tournoi des Six Nations 2025, ce serait celui-là : 23,72%. Environ un joueur sur quatre est né à l’étranger. C’est un peu plus cette année que l’an passé (22,53%).
Le journaliste Paul Tait, du média spécialisé Americas Rugby News, a fait le décompte équipe par équipe, rappelant que, avant les changements apportés par le règlement 8 de World Rugby, les joueurs devaient remplir au moins l’un des trois critères suivants : (a) être né dans le pays ; (b) avoir un parent ou un grand-parent originaire de ce pays ; ou (c) avoir vécu dans le pays pendant 3 ans consécutifs avant de jouer pour l’équipe.
Le but avoué par les instances du rugby mondial était de redynamiser le rugby dans le monde et gagner en compétitivité.
« Est-ce que cela s’est avéré vrai ? Jusqu’à présent, non. Au contraire, des exemples montrent que les élites du sport exploitent cette modification des règles à leur avantage, au détriment des nations émergentes », indique le journaliste.
Depuis le 1er août 2024 (règle adoptée par le Conseil de World Rugby en octobre 2023), un joueur ayant un lien authentique et établi avec une fédération n’a plus besoin de résider cinq ans d’affilée dans le pays avant de pouvoir représenter cette fédération pour la première fois. Il doit toujours justifier de cinq ans de résidence dans son « nouveau » pays, mais en cumulé et non plus en consécutif comme c’était le cas par le passé.
L’Ecosse, championne des joueurs étrangers
C’est ainsi que l’Angleterre a pu « voler » l’ailier Immanuel Feyi-Waboso (22 ans, 8 sélections) au Pays de Galles et s’apprête à faire pareil avec le talonneur Kepu Tuipulotu, 19 ans. C’est ainsi aussi que l’Ecosse s’est attaché les services de Fergus Burke, le demi d’ouverture des Saracens, né en Nouvelle-Zélande (il a fait ses armes avec les Crusaders), mais éligible pour le XV du Chardon par ses grands-parents paternels. Gregor Townsend lui offrira sa première cape pendant le Tournoi.
Cette règle de la paternité sert bien les intérêts de l’Ecosse qui compte pas moins de 14 joueurs sur 37, soit plus d’un joueur sur trois, né à l’étranger. Dans la plupart des cas le joueur est né en Angleterre, mais aussi en Afrique du Sud, au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
L’Écosse continue d’avoir le pourcentage le plus élevé de joueurs nés à l’étranger. Les Sud-Africains Pierre Schoeman et Duhan van der Merwe sont éligibles sur le critère de la résidence (depuis 2021 et 2020), comme le Néo-Zélandais Tom Jordan et l’Anglais Kyle Rowe. Les autres ont fait jouer la lignée familiale, même si plusieurs d’entre eux ont représenté leur pays de naissance avec les U20 comme Josh Bayliss (Angleterre), Jack Dempsey (Australie), ou Sione Tuipulotu (Australie).
Tommaso Allan : né en Italie, U20 écossais et joueur français
Le pays qui arrive juste derrière est l’Italie avec 9 joueurs nés à l’étranger sur un effectif de 30, soit 30%. Parmi eux, Sebastian Negri (Zimbawe), Matt Gallagher (Angleterre), Stephen Varney (Pays de Galles) ou encore les Français Martin Page-Relo et Ange Capuozzo. Né en Italie, Tommaso Allan a été international U20 pour l’Ecosse et Juan Igancio Brex pour l’Argentine.
Le Pays de Galles compte 10 joueurs nés à l’étranger sur 34 (principalement dans l’Angleterre voisine, mais aussi au Congo pour Christ Tshiunza). L’Irlande en compte 9 sur 36 (un sur quatre) comme le Néo-Zélandais James Lowe, les Australiens Mack Hansen, Finlay Bealham et Ciarán Frawley, ainsi que le Néo-Zélandais Bundee Aki, naturalisé irlandais fin octobre.
Le cas de la France
En bas de tableau, les deux pays qui ont le moins recours à des joueurs nés à l’étranger sont la France (6/42, soit 14%) et l’Angleterre (3/36, soit 8%).
Dans le cas de la France, seul l’Anglais Emilien Gailleton a fait jouer la clause du parent pour être éligible, alors que Thibaud Flament a fait valoir sa naissance en France alors qu’il a été formé en Belgique (dès l’âge de 3 ans).
Les 5 autres joueurs nés à l’étranger résident tous dans le pays depuis longtemps : le Camerounais Dany Priso (éligible depuis 2008), le Néo-Zélandais né de parents samoans Uini Atonio (éligible depuis 2014), le Géorgien Giorgi Beria (éligible depuis 2002), l’Irlandais Joshua Brennan (éligible depuis 2005) et le Néo-Zélandais Emmanuel Meafou (éligible depuis 2023), naturalisé en novembre 2023.
Le cas du trois-quarts centre Antoine Frisch est un peu à part. Né en France et résidant en France, il a effectué une tournée en Afrique du Sud avec une équipe développement irlandaise, mais ça ne l’a pas rattaché à l’Irlande pour autant.
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