Les cinq matchs de Top 14 qui ont marqué l'année 2025

L’année 2025 se ferme et avec elle des souvenirs puissants de matchs de rugby mémorables. Voici notre sélection des cinq rencontres qui, selon nous, ont le plus marqué ces douze derniers mois, par ordre chronologique. Chacun se fera ensuite son propre classement par ordre de préférence selon ses sensibilités.

Toulon – Toulouse (11 mai, 23e journée) : 16-50

À trois journées de la fin de la phase régulière de la saison 2024-2025, le RCT met les petits plats dans les grands pour recevoir le leader toulousain. Un match délocalisé au stade Vélodrome de Marseille avec un gros parfum de revanche pour les Varois, un mois après leur quart de finale de Champions Cup perdu d’un rien à Mayol face à ces mêmes Toulousains (21-18).

Au niveau des compositions d’équipe, Pierre Mignoni aligne sa grosse armada tandis qu’en face, manquent à l’appel, outre Antoine Dupont, Peato Mauvaka, Julien Marchand, Blair Kinghorn et Thomas Ramos, alors que d’autres cadres tels Dorian Aldegheri, Cyril Baille, Emmanuel Meafou ou Pierre-Louis Barrassi sont laissés sur le banc. Toulon, troisième, à la deuxième place dans le viseur et tous les ingrédients sont réunis pour qu’il soit favori de cette partie.

La chute sera lourde. Plombé par son indiscipline, principalement celle de son patron Baptiste Serin qui reçoit deux cartons jaunes synonymes de rouge en première mi-temps, le RCT s’accroche un peu avant d’exploser comme un pop corn dans le deuxième acte. Les Toulousains lui infligent un 31-0 dans les 25 dernières minutes, festival ponctué par un ultime essai humiliant sur une relance depuis leurs 22 mètres. Face à un concurrent direct au titre, si près de la phase finale, le message ne pouvait être plus fort de la part du futur champion de France.

Bayonne – Clermont (quart de finale, 13 juin) : 20-3

Après une saison exceptionnelle, s’appuyant sur une invincibilité de bout en bout à Jean-Dauger, Bayonne s’est donné non seulement la possibilité de jouer son premier match de phase finale de Top 14 mais en plus de le recevoir, grâce à une magnifique quatrième place.

Dans ces rencontres à élimination directe, l’expérience de ces moments est souvent un gage majeur de réussite et son adversaire, l’ASM Clermont, n’en manquait pas, quand bien même elle n’y avait plus goûté depuis quatre ans. Pourtant, sur ce quart de finale, c’est le néophyte qui s’est comporté comme un taulier sous la pluie battante.

Avec un décisif Camille Lopez pour sa dernière à Jean-Dauger. Entré en jeu depuis quelques secondes, l’ancien Clermontois a définitivement mis la tête des Jaunards sous l’eau avec une passe au pied parfaite pour son ailier Tom Spring. Pour une victoire au final incontestable, qui a acté le changement de statut de l’Aviron dans ce championnat.

QUEL ESSAI DE BAYONNE 😮‍💨

La passe au pied signée Lopez pour Spring, qui dépose Newsome et file inscrire un essai superbe 🤯@avironrugbypro 💥#ABASM pic.twitter.com/gJ7k3WvanP

— CANAL+ Rugby (@CanalplusRugby) June 13, 2025

Grenoble – Perpignan (access-match, 14 juin) : 11-13

Pour resituer le contexte, Grenoble vient de perdre sa troisième finale de Pro D2 d’affilée, peut-être la plus incompréhensible face au petit Poucet Montauban, et se voit donc contraint de disputer un troisième access match de rang, face à une équipe de Perpignan qui a cru jusqu’au bout pouvoir se sauver directement.

La tension autour de ce match à la vie à la mort est toujours importante et le scénario ne fait qu’amplifier sa dramaturgie. En première période, après un départ canon de l’USAP, l’ailier grenoblois Wilfried Hulleu, futur Racingman, se voit refuser deux essais et le buteur gallois du FCG Sam Davies trouve le poteau sur une transformation plutôt facile. En deuxième période, c’est Perpignan qui vendange, avec une pénalité ratée par Tommaso Allan et un essai tout fait phagocyté par Jeronimo de la Fuente.

Sam Davies loupe encore la mire et son partenaire Romain Trouilloud prend sa relève avec brio, donnant un avantage d’un point au FCG à cinq minutes de la fin qu’on pourrait croire décisif (11-10). Mais plutôt que de baisser la tête, les Catalans parviennent à renverser une dernière fois la vapeur avec panach juste après sur une mêlée dont ils n’avaient pas l’introduction. Et Tommaso Allan a scellé le score de ce terrible access-match de gladiateurs, offrant par la même occasion à l’USAP le droit de rester au moins un an de plus en Top 14.

Toulouse – Bordeaux (finale, 28 juin) : 39-33 (A.P)

La finale du Top 14 dans les matchs les plus marquants de l’année, quelle originalité ! Sauf que cette finale-là valait tout autant le détour que la dernière, toujours entre les deux mêmes équipes, mais pour des raisons différentes. Si, en 2024, c’était l’abyssal écart en faveur du Stade toulousain qui avait choqué le mundillo du rugby (59-3), cette édition 2025 fut incroyablement serrée en plus d’être de très haute volée, au point de se décider en prolongation.

La faute ou plutôt grâce au sang-froid de Maxime Lucu, capable de trouver le poteau du milieu sur une pénalité excentrée lointaine après la sirène (33-33). Mais le mot de la fin est revenu une fois encore aux partenaires de Jack Willis, auteur d’un doublé sur cette finale, dans cet extra-time suffocant.

En aurait-il été autrement si l’étoile girondine Louis Bielle-Biarrey, très incertaine avant le match et qui n’a pas pu tenir sa place plus d’une mi-temps, avait été dans sa forme optimale ? On ne le saura jamais. Toujours est-il que même sans cela, cette finale 2025 restera comme une des plus belles et des plus intenses de l’histoire du Top 14.

Clermont – Montauban (5e journée) : 84-31

Parce que la première partie de saison 2025-2026 a aussi livré de grands matchs de rugby, elle devait aussi trouver sa place dans ce top 5. Et force est de constater qu’elle nous a offert l’embarras du choix. On pense à la démonstration toulousaine contre La Rochelle lors du Boxing Day (60-14), ou la victoire dantesque arrachée par l’Aviron bayonnais la veille contre le Stade français (35-34), lui permettant de terminer l’année 2025 invaincu à Jean-Dauger.

On aurait pu également mettre en lumière le succès fou de la Section paloise à Bordeaux (33-34) ou encore la première victoire en Top 14 depuis 15 ans de Montauban, inattendu promu, face à l’USAP (29-22). Alors, face à tant d’options toutes défendables, nous avons été sur un choix relativement rationnel.

Le 4 octobre dernier, le record de points sur un match de Top 14 a été battu lors du fou-fou Clermont – Montauban. Une rencontre ultra déséquilibrée, l’USM ayant fait le choix de concentrer ses efforts sur ses réceptions, mais aussi ultra ouverte et donc forcément ultra spectaculaire. Douze essais côté clermontois, quatre côté montalbanais, et un total de 115 points inscrits par les deux équipes soit 13 de plus que lors du match du précédent record, entre Clermont (déjà) et Dax en 2008 (95-7).

Si le promu tarn-et-garonnais devra lutter de toutes ses forces pour pouvoir rester un an de plus dans l’élite, il sera entré quoiqu’il arrive malgré lui dans l’histoire du Top 14 grâce à ce match au score fleuve.