Comment les Bleues ont redonné espoir aux autres nations
Alors que le plus gros événement du rugby féminin se tiendra dans quatre mois, l’Angleterre va tout faire pour ne pas répéter les erreurs du passé.
En 2022, la série de 30 matchs sans défaite des Anglaises avait pris fin au pire des moments : en finale de la Coupe du Monde de Rugby contre le pays hôte, la Nouvelle-Zélande. Pour couronner le tout, depuis ce revers, elles ont remporté leurs 25 matchs, dont trois contre la Nouvelle-Zélande.
Mais le plus important reste de battre les Black Ferns quand ça compte vraiment. La dernière fois que l’Angleterre a accueilli la Coupe du Monde, en 2010, l’Angleterre avait perdu contre ce même adversaire en finale 13-10 contre seulement 13 000 spectateurs.
Depuis, le rugby féminin anglais a fait des progrès colossaux et affiche une structure digne des plus grands sports professionnels au monde. À titre de comparaison, en 2023, lors du dernier match du Tournoi des Six Nations contre la France, 58 498 spectateurs étaient réunis pour assister au match contre la France.
Mais cet engouement et cette puissance anglaise génère une contrepartie négative pour le développement de la discipline dans son ensemble. En effet, le fait de voir une nation aussi dominante écraser tous ses adversaires est contreproductif pour le rayonnement du rugby féminin.
Lors du Tournoi des Six Nations 2025, les Anglaises ont remporté leurs matchs sur le score moyen de 53-7. Il leur aura fallu attendre la dernière rencontre pour regoûter à la peur de la défaite.
Et la nation qui a fait trembler l’Angleterre n’est autre que la France.
Comment faire pour combattre une équipe qui affiche un taux de victoire de 98 % sur les six dernières saisons et qui se prépare à accueillir la plus grande compétition de son sport dans quelques mois ?
Les Bleues nous ont donné quelques éléments de réponse.
Sous les ordres de John Mitchell, l’Angleterre lance davantage d’offensives en sortie de touche que sous les ordres de Simon Middleton, son prédécesseur.
Lors de l’édition 2024, Holly Aitchison et Zoe Harrison étaient les deux principales meneuses du jeu anglais. Elles culminaient respectivement à 6,7 m et 7,1 m de distance de passe de moyenne.
À 20 minutes de la fin contre la France cette année, les Anglaises comptaient 190 passes au total contre 89 pour les Bleues.
Comme les hommes le font habituellement en Top 14, les Françaises se servaient principalement de leur 9, à savoir Pauline Bourdon-Sansus, pour lancer leurs attaques. Une fois la brèche trouvée, elles libéraient – les Bleues avaient terminé l’édition 2024 avec le plus grand nombre (72) d’offloads.
A contrario, l’Angleterre joue surtout sur sa 10 ou sa 12, qui arrivent ensuite à créer le doute en servant dans les deux directions pour créer de la largeur.
Sur ce genre de mouvement, on voit généralement une cellule d’avant se créer pour accompagner la n°9 une fois le ballon au large, mais les Red Roses sont plus ambitieuses que cela sous les ordres de Mitchell.
Au lieu de cela, elles utilisent Heard comme première receveuse et font deux passes de plus vers le centre avant que la défense ne se referme, ce qui suffit à créer un mini espace.
Si les offensives anglaises sont réglées comme du papier à musique, la défense a connu plus de difficultés et les Bleues ont su la prendre à revers pour marquer six essais.
Après la rencontre, Mitchell déclarait : « Je ne suis pas satisfait de notre défense. Elles nous ont franchies bien trop facilement, surtout au centre. On a corrigé ça à la mi-temps, mais même au près, on n’a pas été au niveau. »
Les Bleues ont commencé par attaquer les Red Roses au bord des rucks, entre la première et la troisième défenseure. Une fois les bras sortis, elles passaient au soutien.
L’Angleterre a eu du mal à dominer les plaquages dans cette zone et la présence de la demi de mêlée Natasha Hunt derrière les rucks, d’où elle se préparait à dégager au pied, n’a pas été l’assurance tout risque attendue.
Là où les autres sélections peuvent nourrir des espoirs, c’est que même après avoir comblé les trous au centre, les Anglaises ont été dépassées sur les extérieurs.
Deux de ces percées / essais sont venus sur la première phase de l’action. Le premier a été signé Joanna Grisez et le deuxième était l’œuvre de Kelly Arbey. Dans les deux cas, elles ont profité d’une défense fébrile sur les ailes avant que la couverture soit également défaillante. Dans le dernier exemple, la dernière défenseure coulisse et Grisez bat trois plaqueuses potentielles sur 50 mètres pour aller à l’essai.
Après le match, Grisez a déclaré : « On a continué de faire ce qu’on s’était dit. Pour battre l’Angleterre, il fallait jouer libérées. Ce trou de 20 minutes nous a coûté le match. Mais quand on a joué sans trop réfléchir, on a dominé. En rugby, il faut jouer. »
Le rugby féminin se prépare à vivre un superbe été et profiter pleinement de cette Coupe du Monde. Est-ce que les Anglaises vont être sacrées ? C’est une autre histoire. Malgré leur domination, leur armure présente encore trop de failles que les Bleues et les Black Ferns peuvent exploiter.
Cet article, publié initialement sur RugbyPass.com, a été adapté en français par Idriss Chaplain.
Des billets pour la Coupe du Monde de Rugby féminine 2025 sont de nouveau en vente à partir de 10£ pour les adultes et 5£ pour les enfants. Foncez !
coll..