Édition du Nord
Select Edition
Nord Nord
Sud Sud
Mondial Mondial
Nouvelle Zélande Nouvelle Zélande
France France

Le championnat féminin français doit-il s'ouvrir aux joueuses de l'étranger ?

Photo : @Elite1Feminine

La semaine dernière, on apprenait l’arrivée de deux Black Ferns – Layla Sae et Liana Mikaele-Tu’ – dans le championnat anglais (chez les Harlequins). Il existe également des rumeurs selon lesquelles l’Anglaise Abby Dow, sans club pour la saison qui a repris ce week-end, pourrait être intéressée par une pige en France.

La Coupe du Monde de Rugby féminine 2025 a réellement marqué notre sport et risque d’être un tournant pour les années à venir. Pour poursuivre sur cette lancée, le rugby féminin en France essaie de se structurer et de se développer pour rivaliser avec les meilleures nations mondiales et notamment les Anglaises, championnes en titre. Pour cela, l’arrivée de joueuses étrangères dans le championnat pourrait bien aider à sa visibilité et son rayonnement. Bien qu’encore timide, ce phénomène pourrait devenir un vrai levier de développement.

ADVERTISEMENT

Un modèle à suivre : l’Angleterre

De l’autre côté de la Manche, le championnat anglais fait figure de référence. Depuis plusieurs saisons, la plupart des joueuses irlandaises, écossaises, américaines ou encore canadiennes y évoluent et le constat est simple : elles font parties des meilleures nations mondiales actuellement. Riche de toutes ces joueuses internationales, le championnat y est très compétitif, même professionnel.

C’est d’ailleurs ce schéma qui a permis au Top 14 masculin de franchir un cap il y a une dizaine d’années. Ironiquement, ce même championnat s’en plaint aujourd’hui et tente de réguler avec la mise en place des fameux quotas JIFF. Mais force est de constater que la présence d’étrangers a été l’un des moteurs de son développement.

En France : les prémices

Le championnat français féminin peine à suivre cette voie. D’une part, le championnat français est bien trop méconnu des joueuses étrangères qui se tournent naturellement vers la PWR (Premiership anglaise) en priorité. D’autre part, en France, la réglementation limite à cinq le nombre de joueuses étrangères inscrites sur une feuille de match.

Cette règle vise à favoriser la formation et l’émergence des jeunes joueuses françaises, un objectif essentiel pour le développement durable du rugby féminin. Mais si cette politique protège la filière locale, elle freine aussi, dans une certaine mesure, la dynamique d’ouverture. Il s’agit donc de trouver le bon équilibre, le juste milieu entre valorisation de la formation française et l’enrichissement par l’international.

Cette saison, l’AXA Élite 1 recense 14 Italiennes évoluant dans les clubs de l’élite. Quelques Américaines et Canadiennes ont aussi franchi l’Atlantique pour venir tenter l’aventure. C’est un premier pas, mais encore insuffisant. Pour construire des effectifs plus denses, plus qualitatifs, avec une vraie profondeur, il faut former plus de jeunes joueuses ou attirer davantage.

Une richesse bien au-delà du terrain

Au-delà de leurs performances sportives, les étrangères apportent une diversité culturelle et rugbystique précieuse. Le rugby ne se joue pas exactement pareil dans tous les pays et s’imprégner des autres cultures peut être une vraie richesse. Leur manière de s’entraîner, leur rigueur dans les routines quotidiennes, leur approche de la récupération et de la nutrition inspirent.

Les Canadiennes, par exemple, sont connues pour leur sérieux et leur professionnalisme, notamment en préparation physique. Ce sont des joueuses qui tirent les collectifs vers le haut et peuvent être de vrais moteurs exemplaires.

Il en est de même pour les staffs. Le rugby peut être entraîné de différentes manières et les idées anglophones viennent parfois apporter des projets pragmatiques, plus structurés qui bousculent les habitudes. Ce brassage d’idées est une vraie richesse pour le rugby français.

Le frein principal : les moyens

Le problème, aujourd’hui, reste principalement économique. Attirer une joueuse étrangère pour 500 € par mois, sans perspective de stabilité ou d’emploi à côté, est quasiment mission impossible. Peu de joueuses sont prêtes à quitter leur pays, leur famille, leur confort, pour vivre dans une forme de précarité.

Tant que les clubs français n’auront pas les moyens de professionnaliser davantage, cette ouverture à l’international restera marginale. C’est là que réside l’avantage principal du championnat anglais.

Comment attirer ces joueuses-là ?

Dans le rugby masculin, le Top 14 est mondialement connu pour la compétitivité de son championnat. De nombreuses stars ont tenté des aventures en France comme Dan Carter, Jonny Wilkinson ou Matt Giteau et ont chacun marqué le championnat de leurs empreintes. Ma’a Nonu continue même de le faire à 43 ans !

De nombreuses raisons pousseraient des joueuses étrangères à venir tenter une aventure en métropole. La France offre un cadre de vie attractif, avec un accès facilité à des études supérieures (contrairement aux universités des pays anglophones) qui attire les étudiants internationaux.

Sur le plan sportif, le championnat Élite 1 gagne en visibilité, notamment avec l’arrivée récente d’un naming, laissant espérer de nouvelles sources de financement et de meilleures conditions pour les joueuses. De plus en plus de clubs s’adossent aux clubs de Top 14, ce qui améliore l’accès aux infrastructures, au suivi médical ou à l’encadrement.

Enfin, le style de jeu français, réputé pour sa créativité et sa liberté d’expression, le fameux « French flair », peut représenter un véritable atout pour des joueuses à la recherche d’un rugby vivant, peut-être moins formaté que dans d’autres pays.

Conclusion

Accueillir plus de joueuses étrangères n’est pas un danger, c’est une opportunité. Pour élever le niveau du championnat, pour faire progresser les jeunes joueuses françaises au contact de profils expérimentés, et pour inscrire le rugby féminin dans une dynamique ambitieuse et internationale.

Mais pour cela, les clubs doivent disposer de moyens suffisants. C’est un enjeu qui dépasse le cadre individuel et relève d’un véritable travail collectif à l’échelle de toute la fédération.

Related


ADVERTISEMENT
Play Video
LIVE

{{item.title}}

Trending on RugbyPass

Commentaires

0 Comments
Soyez le premier à commenter...

Inscrivez-vous gratuitement et dites-nous ce que vous en pensez vraiment !

Inscription gratuite
ADVERTISEMENT

Latest Long Reads

Comments on RugbyPass

Close
ADVERTISEMENT