Les U20 sont-ils sacrifiés cette année ? Leur manager répond

Par Willy Billiard
La France célèbre après avoir remporté le match et reçu le trophée des vainqueurs. Finale Irlande U/20 contre France U/20 à Athlone Stadium, Western Cape, Afrique du Sud le vendredi 14 juillet 2023.

En glissant au Midol le 15 mai que « la tournée en Argentine devrait avoir la priorité sur la Coupe du monde U20 », quel message a envoyé le vice-président de la Fédération Française de Rugby, Jean-Marc Lhermet ? Alors que les Bleuets ont un titre de champions du monde à défendre, que leur domination dure depuis 2018 (la période Covid a contribué à la longévité du titre puisque trois éditions ont été annulées), doit-on s’attendre à un tournoi pour rien du 29 juin au 19 juillet ?

Il ne faut pas compter sur le manager des Bleuets et futur entraîneur du SU d’Agen Sébastien Calvet pour commenter la décision fédérale. « Je ne suis pas en position de la discuter. Les conditions sont telles et notre devoir est de s’adapter », explique celui qui est en poste avec les U20 depuis 2023. On imagine aisément que la décision l’a perturbé, mais il n’en dit rien.

En bon professionnel qu’il est, il a vite su retourner la situation à l’avantage de cette génération pour qui la filière formation est pourtant indispensable pour viser le haut niveau.

Ses regrets ne seront formulés qu’une seule fois, prenons note : « In fine, bien sûr que la priorité doit être le XV de France et qu’il faut gérer au mieux les temps forts et les éléments moteurs d’une fédération », explique-t-il dans un entretien à RugbyPass. « Les moins de 20, aujourd’hui, sont moins importants que le XV de France et le 7 de France, qu’il soit masculin ou féminin. Ça me paraît être une évidence, mais ça doit rester un temps fort et un moment fort dans la vie de notre fédération. Il n’y a qu’à voir l’impact médiatique que ça peut avoir.

« La construction d’une confiance collective d’une génération et, au-delà d’une génération, se dire que si on a des équipes de France qui gagnent des Coupes du monde chez les jeunes, c’est un réservoir fort qui génère de la confiance qui sera utile plus tard aussi. La priorité est aux équipes seniors. Aux dirigeants de gérer un bon équilibre et d’envoyer les bons signaux. Mon devoir est de respecter les décisions. »

Le verre à moitié plein

Deuxième partie de sa réponse : l’adaptation. « Lorsque les dirigeants disent que la priorité est au XV de France, ils enlèvent aussi la pression des résultats chez nos jeunes. Cette pression des résultats, on se la met, on est des compétiteurs ; nos jeunes et nos staffs sont ambitieux. Mais avec ça, ça nous permet d’attaquer les matchs pleins fers, avec une ambition de feu et de ne pas avoir cette vision étriquée qui fait que, parfois trop pris par le résultat, on ne joue pas. On reste une compétition de formation, ce qui fait qu’on doit pratiquer un rugby total et complet. C’est un peu vrai pour toutes les nations sur cette catégorie moins de 20 », détaille-t-il.

Et c’est là pour Sébastien Calvet le plus important. Car de cette situation, il faudra qu’il fasse tout pour en sortir une génération de champions. Car en face, les équipes aiguisent leurs appétits. On l’a vu avec l’Angleterre sur le Tournoi des Six Nations des U20, mais plus récemment avec la toute première édition du Rugby Championship U20 remportée par les Baby Blacks sur la Sunshine Coast australienne.

« Le ‘petit projet Moins de 20’ va être en difficulté pour gagner une compétition, mais le projet formation française reste fort », insiste Calvet qui voit au-delà de la simple compétition. « C’est à nous d’aller trouver le bon équilibre. Le projet génère une dynamique qui a son importance sur la construction de la confiance, présente et future, mais aussi dans le public qu’il y trouve. On a rempli les stades au Tournoi des Six Nations, on a fait guichets fermés, et c’est un crève-cœur de perdre contre un public français.

Victime de son succès

« Le rugby que l’on pratique est suivi à la TV. Il y a eu des records d’audimat sur L’Equipe TV. On sait qu’on va être beaucoup suivis à la Coupe du Monde parce qu’on pratique un rugby qui plaît à notre public et qui parle à notre public français.

« Ce jeu-là permet de montrer tout le potentiel de nos jeunes qui font qu’aujourd’hui on avait 17 moins de 20 éligibles sur cette année ; je ne parle pas des moins de 20 de l’an passé comme Paul Costes ou Baptiste Jauneau qui n’ont plus l’âge. »

La rançon de la gloire, en quelque sorte : les U20, tellement bien formés par la filière française, sont progressivement devenus indispensables non seulement pour la sélection nationale de Galthié, mais aussi pour les clubs. Les U20 ne sont plus les 24e ou 25e joueurs d’une équipe, mais bien dans les 23, si ce n’est dans les 15 titulaires.

« On est victime de notre succès, on ne va pas s’en plaindre aussi », insiste Sébastien Calvet. « On a perdu en expérience collective, tout en restant dans un projet fort. Mais par contre, on a totalement conscience que le Rugby Championship a bien préparé l’Australie, la Nouvelle-Zélande, l’Argentine et l’Afrique du Sud et qu’elles seront beaucoup plus préparées, plus averties ; elles vont nous attendre au tournant. »

Tout juste revenue d’un stage en Géorgie, l’équipe de France des moins de 20 ans se reverra maintenant le 17 juin à Marcoussis pour un ultime stage de préparation, en partie en commun avec le XV de France, avant un départ en Afrique du Sud le 22 juin où les Bleuets joueront dans l’ordre l’Espagne, la Nouvelle-Zélande et le Pays de Galles.

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