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« No scrum, no win » - Pourquoi le regard sur la mêlée est en train de changer

SCRUM IMPORTANCE XV

C’est l’une des situations les plus fascinantes du rugby. Seize joueurs, soit plus de la moitié des joueurs sur le terrain, se rassemblent en deux masses humaines pour se pousser autour d’un ballon ovale.

Tout le monde peut venir ajouter sa force à l’arrière ou sur les côtés, mais seuls quelques élus sont capables de tenir leur place à l’avant, là où les visages ensanglantés côtoient des oreilles en chou-fleur.

« J’aurais pu jouer à la place de Jason Robinson, mais j’aurais été vraiment nul », constate David Flatman, l’un des commentateurs les plus respectés du rugby, et ancien pilier ayant disputé plus de 260 matchs en club et huit tests avec l’Angleterre. « Mais si Jason Robinson avait joué à mon poste, il n’aurait pas survécu. »

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Tous les footballeurs, même les gardiens de but, doivent savoir taper dans un ballon. Au cricket, même les lanceurs doivent manier la batte. Mais qu’en est-il de la mêlée au rugby ? Certains des plus grands joueurs au cours de ces 153 années d’histoire n’ont jamais connu cette épreuve. Et pour être honnête, ils auraient sans doute refusé s’ils en avaient eu l’occasion.

David FlamanL’ancien pilier de l’équipe d’Angleterre David Flatman est aujourd’hui un commentateur respecté pour divers médias (Photo par Alex Davidson – RFU/The RFU Collection via Getty Images).

« Il faut être un peu particulier pour accepter ce rôle », admet Adam Jones, l’ancien pilier du Pays de Galles et des British and Irish Lions, désormais entraîneur de la mêlée aux Harlequins après une carrière de 18 ans. S’il y a bien quelqu’un qui connaît les dessous de ce travail ingrat, c’est lui.

Ce qui, en quelque sorte, fait de lui une sorte de druide moderne, un gardien des secrets d’une tradition réservée à quelques initiés. Comme il le dit lui-même : « Peu de gens savent vraiment ce qui se passe dans les mêlées, ce qui leur confère une part de mystère. »

« C’est plutôt intéressant d’avoir cette connaissance. Caa apporte une certaine crédibilité. Mais pour être franc, j’aimerais que davantage de personnes en soient conscientes. Les choses évoluent. De plus en plus de gens tentent au moins de comprendre pourquoi certaines pénalités sont accordées et pourquoi certaines équipes dominent plus souvent que d’autres. Toutefois, il y a eu, historiquement, une ignorance générale à ce sujet. »

Flatman rebondit : « Ce n’est pas simplement de l’ignorance, c’est une ignorance acceptée. Je ne peux pas compter combien de fois j’ai entendu un commentateur dire des choses comme : ‘Personne ne sait ce qui se passe là-dedans’ ou ‘Je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle l’arbitre a sifflé ça’. Ça me rend fou !

« Je ne peux pas compter combien de fois j’ai entendu un commentateur dire des choses comme : ‘Personne ne sait ce qui se passe là-dedans’ ou ‘Je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle l’arbitre a sifflé ça’. Ça me rend fou ! »

« Imaginez que je commente seul un match de Premiership, qu’il y ait un essai au milieu du terrain et que je dise : ‘Personne ne sait ce qui se passe à l’arrière’. Je me ferais immédiatement démasquer ! Je serais renvoyé de mon poste ! Il est généralement admis qu’il est acceptable de ne pas connaître l’un des aspects les plus essentiels du rugby, mais ce n’est pas le cas, surtout pour ceux qui sont payés pour expliquer le jeu. Si vous ne savez pas, vous devez apprendre. »

Cependant, Jones et Flatman s’accordent sur un point : les choses dans ce domaine sont en train de changer. Bien que certains supporters profitent encore de la formation d’une mêlée pour se faire couler un café ou partager leurs réflexions sur les réseaux sociaux, de plus en plus de spectateurs amateurs commencent à apprécier ces collisions monumentales.

« C’est ce que je préfère au monde », déclare le bien nommé Tank Lanning, un entraîneur respecté de la province du Cap-Occidental en Afrique du Sud, qui partage son temps entre la consommation d’énormes quantités de viande et l’enseignement des techniques de cet art sacré aux enfants des écoles. « C’est le travail de ma vie, et j’ai vraiment l’impression que nous sommes dans une période dorée. J’entraîne des garçons de moins de 11 ans, et ils viennent me voir à l’entraînement en me disant : ‘Monsieur, Monsieur, Monsieur, avez-vous vu comment Kitsy [Steven Kitshoff] a plié ce pilier droit ?’ ou ‘Monsieur, vous ne pensez pas qu’Ox [Nche] devrait être titulaire ?’

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Quelle que soit la progression de la mêlée des All Blacks, elle sera toujours jugée à l'aune de son comportement face à la « Bomb Squad » (Photo MIGUEL MEDINA/Getty Images).

« La plupart de ces jeunes ne regardent le rugby que sur de courtes vidéos TikTok, mais je pense que le fait que les mêlées soient désormais incluses dans ces moments forts, et que ces jeunes les trouvent vraiment cool, est un signe que les choses sont en train de changer. »

Cette évolution est en grande partie due aux personnalités impliquées. Dans le cadre du podcast Love of Rugby, l’animateur Dan Cole a partagé ses réflexions avec son collègue Joe Marler, pilier de l’équipe d’Angleterre, sur les raisons qui poussent quelqu’un à soumettre son corps à un tel supplice.

« Pour jouer en première ligne, il faut avoir une certaine mentalité », a admis Cole. « Ce n’est pas toujours l’endroit le plus agréable… Au fil des ans, vous êtes probablement les plus grands de l’équipe, les plus lents, et vous devez apprendre à faire preuve d’auto-dérision. Vous êtes celui qui n’est pas très athlétique et qui peine à rester en forme. Il faut savoir rire de soi. »

Marler, avec son petit rire caractéristique, acquiesce : « C’est ce qui nous unit ! Il y a toujours quelque chose d’un peu étrange chez eux. Qu’ils soient extravertis ou introvertis, ils ont tous un petit côté bizarre, dans le bon sens du terme. »

« Il y a toujours quelque chose d’un peu étrange chez eux. Qu’ils soient extravertis ou introvertis, ils ont tous un petit côté bizarre, dans le bon sens du terme. »

Dans un sport souvent critiqué pour son manque de personnalités, ces gaillards plus petits et plus ronds, avec des thorax imposants et des cous enfoncés dans des poitrines musclées, sont désormais parmi les figures les plus populaires. Marler est l’une des personnalités les plus reconnaissables du rugby grâce à son look, ses tatouages et sa présence sur les réseaux sociaux. Andrew Porter, qui partage le même tatouage, a été l’un des personnages les plus marquants de la série Netflix Full Contact. Ox Nche est probablement le joueur de rugby le plus cité de tous les temps après avoir déclaré que « les salades ne gagnent pas les mêlées ». Une entreprise britannique vend même des t-shirts noirs avec ce slogan pour 20 livres sterling !

« Lorsque j’ai commencé en 2000, certains anciens joueurs me disaient, ainsi qu’à mes amis, que j’étais un petit gros avec des boucles ridicules qui n’avait rien à faire sur un terrain de rugby », se souvient Adam Jones, désormais largement reconnu comme l’un des meilleurs joueurs à avoir porté le maillot du Pays de Galles.

« Je me souviens que Bobby Windsor, le ‘duc de fer’ du rugby gallois qui a participé à deux tournées des Lions dans les années 1970, me critiquait publiquement. Mais il a reconnu plus tard que si le Pays de Galles devait me perdre, cela poserait un problème. Cela prouve que l’apparence et les paroles n’ont pas d’importance. Vous pouvez avoir n’importe quelle coiffure et vous couvrir de tatouages si cela vous plaît. Mais si vous ne prouvez rien sur le terrain, vous n’avez aucune chance. Et ces garçons sont de grands joueurs. Ox, Ellis [Genge], Joe, Porter, ce sont des joueurs solides. »

Adam Jones
Adam Jones a remporté trois Grands Chelems et 95 sélections pour le Pays de Galles, plus cinq pour les Lions (Photo Stu Forster/Getty Images)

Cela veut-il dire que les piliers commencent à être reconnus à leur juste valeur ? Flatman affirme qu’ils ont toujours été respectés par ceux qui connaissent le métier. Ceux qui les côtoient sur le terrain apprécient leur travail de forçat. Mais les piliers et le travail qu’ils accomplissent sont-ils aujourd’hui admirés par le grand public ? Est-il trop tôt pour se demander si les piliers et les mêlées sont excitants ?

« Les gars qui y jouent ne sont pas vraiment mon genre, pour être honnête », rigole Flatman. « Heureusement, aucun des gars dont nous parlons ne ressemble à ma femme ! Mais je pense qu’ils sont de plus en plus respectés, ce qui est une bonne chose. Je pense que de plus en plus de gens commencent à réaliser qu’il ne s’agit pas seulement de baisser la tête, de lever son cul et de pousser. Les gens commencent à comprendre qu’il y a une certaine subtilité dans ce qui se passe. Un art, si vous préférez ».

Des piliers intelligents ; il y a comme une contradiction dans les termes, non ? Et bien, pas vraiment. Jannie du Plessis, qui a remporté une Coupe du monde avec l’Afrique du Sud en 2007, est médecin généraliste dans son pays. Jones lui-même a obtenu un score parfait à l’émission Question of Sport de la BBC, en donnant une douzaine de réponses correctes à la suite.

« Pas besoin d’être très intelligent pour jouer pilier, mais il faut avoir un truc entre les deux oreilles… »

« Pas besoin d’être très intelligent pour jouer pilier, mais il faut avoir un truc entre les deux oreilles », explique Jones. « Il y a tellement de paramètres en jeu dans la mêlée, et il faut constamment chercher à savoir comment manipuler son adversaire. Les gens pensent souvent que les piliers sont assez rustres, mais je dirais qu’ils sont souvent les plus intelligents de l’équipe. »

Le monde a effectivement évolué. Les piliers droits figurent parmi les joueurs les mieux payés au monde. Ils animent des podcasts et révèlent leur côté sensible dans des documentaires de type réalité. « Ils ont la possibilité de devenir des héros », affirme Flatman. « Ils remportent des matchs pour leur pays et dictent la façon dont le reste de l’équipe joue. »

Les trois passionnés de mêlée interrogés pour cet article sont conscients que le rugby est en pleine mutation, mais pas toujours dans le bon sens. Selon eux, la mêlée risque de perdre son essence au profit d’un temps de jeu effectif plus rapide. Naturellement, ils préféreraient que ceux qui détiennent le pouvoir la laissent tranquille.

« C’est une chose de toute beauté », déclare Jones avec lyrisme, comme un amateur d’art parlerait d’un Rembrandt ou d’un Klimt. « C’est primitif, technique, brut. Cela nécessite un travail d’équipe et de la précision. Il faut être exact, et il y a aussi un élément de danger. C’est tout ce que nous aimons dans le rugby qui se distille dans ce moment. Je ne vois pas comment on peut être fan de rugby sans être amoureux de la mêlée. »

Cet article a été initialement publié en anglais sur RugbyPass.com et adapté en français par Willy Billiard.


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J
JW 18 minutes ago
All Blacks report card: Are Razor's troops heading in the right direction?

First, thinking automatic success comes with succession. I think a heavily hand made succession can work but they need to be a whole lot more ruthless with their processes.


Then, as pointed out in a recent article, by the same author as this one I think, they went with what Razor would these days call the "quarter back" style 10 rather than a facilitator. This, along with a second playmaker, removed all desire to select alround players who have the skill to keep the ball alive and enable those wonderful team try's we used to see. We became 'strike' team with specific focal points, and a reliance on those players.


Two defend those players, and the idea itself I suppose, the two you name in particular were heavily affected by their concussions and the idea they can break a neck playing like they way they were. Neither were anything like that specifically due to injurys imo, this, combined with the same mentality that causes the team not to want to replace a future coach (Foster) with someone better, means they stuck with their man. There is also a heavy amount of fiscal perspective in things like investment in a player that dictated a lack of desire to move sooner (the delay in selecting someone like Mo'unga and using Scott as a 6 in conjunction with Ardie at 7).


Ah, yes, I see that you see. Yeah it was definitely another one of these pretty ideas like succession of coachs wasn't, naming the new 7 as captain, after McCaw. Combined with the look of your next paragraph, I'm going to suggest that again it is one of these 'AB philosophies' that are to blame of sticking with your investments till ruin or bust. I can't remember what injury Read had but there was also a conscious choice to play him tighter and we were robbed by his wide running and passing game by a loss of pace. But both of them were indicative of a lack of investment (by necessity no doubt) in securing talent behind them Lachlan was better than Cane for multiple years before he finally decided to go, guys you knew would deliver to a certain standard like Elliot Dixon, Squire, Robinson, Tuafua, even Messam, were constantly overlooked to play certain All Blacks into the ground and have them needing to be excluded from the start of SR seasons as a result. It's so indicative of now with players like Kirifi stonewalled to give Cane a farewell but more glaring grinding blood our of Ardie for one more performance. Not to mention passing up on players like Sotutu.


I see you have great names as well, fully agree, especially about how that Foster teams run ended. While I don't think you understand the dynamics of what selecting from overseas is likely involve, I'm on board, because I don't really care too much about SR. I'd prefer it if NZR had to do what you suggest and invest in the grass roots and NPC and everyone can turn up to a NPC game without paying a cent because the people involved are there for the love of the game.


Realistically though, and thinking with that All Black mindset of perfection, nothing should change until these problems weve highlighted with the setup, and this current coaches failings, have been fixed. Make the change to opening up when you don't need to open it up, that is the 7 point play to make.

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