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Levani Botia, de gardien de prison à légende rochelaise

Levani Botia est arrivé à La Rochelle avec un contrat de trois mois en Pro D2 et est devenu une légende des Maritimes dix ans plus tard. (Photo by David Rogers/Getty Images)

Levani Botia va enfin faire son retour sur les terrains ce week-end. Il y a quelques semaines, il racontait à RugbyPass son épopée avec La Rochelle, son club depuis dix ans avec qui il a tout connu.

Levani Botia vient de passer des mois difficiles. Réputé pour sa longévité, il squatte les feuilles de match du Stade Rochelais depuis une décennie, et a célébré sa 200e apparition sous le maillot des Maritimes en avril dernier.

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Pour l’occasion, le Fidjien était entré seul sur la pelouse de Marcel-Deflandre pour profiter des acclamations d’un stade plein comme un œuf, avant de décrocher un succès face à Toulon.

Treize jours plus tard, patatras. Il se fracturait l’avant-bras à Bordeaux, et attend depuis de débloquer son compteur, coincé à 201 matchs. Frustrant, ce n’est rien de le dire.

Après avoir attendu de longues semaines son retour sur le terrains, espéré un temps participer aux Autumn Nations Series avec sa sélection, Botia est désormais fixé. Il va enfin renfiler un match de match ce samedi, pour la réception de Vannes.

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Cette blessure a été vécue comme un véritable calvaire pour le vétéran, 35 ans. « Je n’ai jamais connu de convalescence, de longue période de repos comme celle-ci auparavant », expliquait-il lors d’un entretien téléphonique à RugbyPass il y a quelques semaines. « Le rugby me manque. Parfois, c’est pénible parce qu’on ne peut pas faire grand-chose dans cette situation. Il y a eu quelques entraînements, mais je n’ai pas eu le droit de faire des contacts. Le rugby me manque, vraiment ».

Botia est arrivé à La Rochelle avec un contrat de trois mois

Une situation qui n’a pas altéré son statut de légende sur la côte Atlantique. Son arrivée en 2014 ressemblait pourtant à un pari. Il avait quitté sa famille et son job de gardien de prison aux Fidji pour tenter sa chance et répondre à la proposition d’un club qui évoluait alors en Pro D2 : un contrat de trois mois qui s’est transformé en carrière au long cours dans le rugby pro.

Un pari gagnant : La Rochelle est montée en Top 14, Botia est devenu un joueur essentiel et une figure rochelaise, dont l’histoire a culminé avec cette ovation du public qui adore le joueur, il y a sept mois.

« C’était incroyable, c’est un souvenir que je n’oublierai jamais. Je n’aurais jamais cru disputer 200 matchs avec La Rochelle. C’est un parcours incroyable pour moi, et pour le club aussi.

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« Mes meilleurs souvenirs ? Je pensais rester trois mois et remporter la finale d’accession au Top 14 m’a permis de prolonger mon contrat. Et les deux victoires en Coupes d’Europe. »

« Honnêtement, ce n’était pas facile au début. Heureusement, la famille de Kini [Murimurivalu] m’a pris sous son aile »

Levani Botia fouille dans sa mémoire pour raconter ses premiers pas sur les terrains français, alors qu’il avait 24 ans et était totalement inconnu. « On était allés à Colomiers pour mon premier match, puis on avait accueilli Narbonne pour mon premier match à domicile. À ce moment-là, je n’avais pas encore décidé de vivre en France, et je n’imaginais pas rester aussi longtemps.

« Honnêtement, ce n’était pas facile. J’ai eu la chance de pouvoir compter sur quelques légendes du rugby fidjien qui avaient joué ou qui jouaient à La Rochelle comme Sireli Bobo, Kini Murimurivalu et quelques autres. Tout était si différent : les gens, la langue, et surtout la nourriture.

« À tel point que j’ai perdu du poids en arrivant. Heureusement, la famille de Kini m’a pris sous son aile et j’ai vécu avec eux. Ça m’a beaucoup aidé. »

Aujourd’hui, le sacrifice en valait la peine. « Cette décennie a été incroyable. Ma famille a adoré cette petite ville à partir du moment où elle a mis les pieds ici. C’est tranquille, les gens sont adorables, on est super bien accueillis où que l’on aille. C’est un esprit de famille qui rappelle les Fidji ». Et la nourriture ? « Ce que je préfère ? Les huitres et la baguette ! »

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Botia et La Rochelle ont grandi ensemble. Rois d’Europe à deux reprises sous la direction de Ronan O’Gara (2022 et 2023), il leur reste à conquérir le Bouclier de Brennus, et font désormais partie des favoris chaque année.

« On n’a pas encore gagné le Top 14, mais on peut voir qu’on progresse. Pas mal de nos joueurs sont retenus en équipe de France, on a Jack Nowell, quelques All Blacks… »

Botia est aujourd’hui indissociable de la réussite rochelaise

En dix ans, il a pu noter l’évolution du club : « les installations, la mentalité des joueurs », liste-t-il. « L’une des meilleures choses, c’est d’avoir un coach anglophone en France. Ç’a fait évoluer l’état d’esprit de tout le monde et tendre vers une mentalité de champion. Ce n’était pas évident parce qu’il y avait un mix d’étrangers et de Français mais tout le monde s’est accordé année après année jusqu’à soulever un trophée. »

Botia est aujourd’hui indissociable de la réussite rochelaise. C’est un adversaire redouté, qu’il joue en troisième ligne ou au centre. Ses plaquages et ses charges ballon en main font des dégâts, et il excelle toujours dans le jeu au sol. « Peu importe ma position sur le terrain. Tant que je joue, je suis heureux. Mais en vieillissant, je crois que c’est mieux de jouer devant. »

Où qu’il soit aligné, il exerce son art du grattage aux quatre coins du terrain. « Je ne m’entraîne pas spécialement pour ça, mais c’est devenu l’un des mes forces. J’ai été malmené quelques fois dans les rucks en essayant de voler le ballon, particulièrement contre Toulouse et le Leinster, ou encore contre les Stormers au Cap, l’an dernier.

« C’est un rude combat chaque semaine. Je vois bien que les grands costauds cherchent à me chasser des rucks », ajoute-t-il en riant. « Après les matchs, ça tire un peu mais rien de nouveau là-dedans. J’essaie de récupérer le plus vite possible pendant la semaine. »

Sa condition physique, Botia l’entretient depuis son plus jeune âge. Aux Fidji, il parcourait 14 km à pied de Suva à Nakasi pour aller à l’entraînement car il n’avait pas assez d’argent pour payer le ticket de bus.

« Je faisais ça avant de travailler comme gardien de prison. J’habitais avec ma famille, mon oncle. Après le repas de midi, je mettais deux heures pour rejoindre le terrain d’entraînement. »

Botia avait 21 ans quand il a commencé à travailler en prison. Son salaire lui permettait de financer son ambition rugbystique. « Ce n’est pas agréable de travailler dans une prison », se souvient-il. « Vous avez affaire à des gens violents, à des gens qui n’ont rien à perdre.

« Il faut se comporter en homme quand tu mets les pieds en prison »

« Chaque jour, il fallait être sur le qui-vive, rester éveillé même en travaillant de nuit. C’est compliqué de s’occuper de gens qui ne t’écoutent pas, qui te menacent… Il faut se comporter en homme quand tu mets les pieds en prison et que tu te confrontes à ce milieu. »

Il a fini par en partir pour se consacrer à plein temps au rugby. « J’ai écrit ma lettre de démission. Ma femme [Emele] et mes enfants sont restés aux Fidji quand je suis parti en France. Je ne savais pas si j’allais bien gagner ma vie, avoir un contrat. Je suis parti dans l’idée de rester trois mois, puis de retrouver du boulot aux Fidji si ça n’allait pas plus loin. On en a discuté avec ma femme qui était d’accord. Alors je suis venu en France et je ne voulais pas repartir les mains vides ».

Sous contrat jusqu’en 2026, Botia, qui aura alors 37 ans, n’est pas sûr de ce qu’il fera à ce moment-là. « Pour le moment, ma préoccupation c’est de m’occuper de mes enfants. Qu’ils terminent leurs études, qu’ils fassent ce dont ils ont envie. J’ai dans un coin de la tête l’idée d’entraîner, il faudra que je me décide bientôt.

« Les gens me demandent quand j’arrêterai. Ça dépend de ce dit mon corps. Quand il me dira ‘stop’, j’arrêterai. Ce n’est pas encore décidé. Il me reste deux ans de contrat, et j’ai hâte de rejouer. »

Et tant qu’il le pourra, il continuera également à défendre les couleurs de son pays, malgré les difficultés. Le quart de finale atteint lors de la Coupe du Monde 2023 a en effet été terni par la guéguerre entre la Fijian Rugby Union (FRU, la fédération fidjienne) et les joueurs, qui ont menacé de ne pas disputer ce match pourtant historique.

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La FRU est revenue sur la polémique en publiant les conclusions d’une enquête sur les paiements effectués aux joueurs lors du Mondial français.

« Tant qu’ils font le nécessaire pour rendre les joueurs heureux, ils feront bien leur boulot. Le jour du match approchait et notre état d’esprit était partagé entre le volet financier et le sportif. Cela se passe comme ça depuis une éternité. Quand tu débarques en équipe des Fidji, ça se passe toujours comme ça. C’est le message qu’on souhaite faire passer à la FRU : prendre soin des joueurs, c’est quelque chose qui nous aide à être bons sur le terrain. »

« Cela nous a poussés parce qu’on s’entraînait devant nos familles, dans notre pays, et quand c’était difficile, on ne se décourageait pas »

Car les Flying Fijians donnent toujours tout ce qu’ils ont pour rivaliser avec des équipes disposant de beaucoup plus de moyens, et sont très fiers de représenter les leurs. Cela s’est encore vu l’an dernier, au cours des premières semaines de préparation physique pré Coupe du Monde.

L’équipe dirigée par Simon Raiwalui s’est astreinte à gravir encore et encore les dunes de Sigatoka, une répétition d’efforts très éprouvants. « Ç’a été une véritable source d’inspiration, car la première équipe des Fidji à parvenir en quarts de finale en 2007 s’était entraînée ici. Cela nous a poussés parce qu’on s’entraînait devant nos familles, dans notre pays, et quand c’était difficile, on ne se décourageait pas. »

« On savait qu’il fallait travailler dur pour atteindre notre rêve, donc tout le monde a tout donné, s’est battu pour gagner sa place. L’équipe retenue n’avait pas encore été annoncée, donc il fallait tout faire pour se faire remarquer. Les gens chez nous nous ont toujours soutenus chaque fois qu’on les croisait, nous glissaient un petit mot sympa en nous souhaitant d’être retenus. C’était extraordinaire de s’entraîner là-bas et cela nous a permis d’aller de l’avant. »

Cet article a été initialement publié en anglais sur RugbyPass.com et adapté en français par Jérémy Fahner.

Visionnez gratuitement le documentaire en cinq épisodes “Chasing the Sun 2” sur RugbyPass TV (*non disponible en Afrique), qui raconte le parcours des Springboks dans leur quête pour défendre avec succès leur titre de Champions du monde de rugby

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S
SK 5 hours ago
'Razor's conservatism is in danger of halting New Zealand's progress'

Its an interesting few points you raise Nick. Rassie has been way bolder than Razor in selection but then again he really has to be as he plots towards 2027. The reality is more than half his squad from 2023 may have to be culled and this includes some of the best players the Boks have ever had on their books. The age profile of his team was such that he needed to blood all these young players and he will do the same next year with even more players as he tries to put together a squad with enough experience to take to 2027. Razor on the other hand has a large number of players that will make 2027. Alot of players will be over 100 caps and these players would have multiple caps together. A large amount of these are starters as well. He is trying to build combinations and a rigid style of play. Razor wants absolute control and you can see it. He wants his players to follow his instructions to the tee. He will not accept anything less. He has included some young guns who he will stick with and older players who have earned his trust. Razor goes with what he knows and appears reluctant to accept quick change. He is the kind of coach who will change incrementally and that may not be a bad thing given his position and the profile of his squad. It also gives the players time to setlle into their roles and to work within his system. Razor has a narrow focus on winning. he wants results now and wont take any risks in selection while he believes the current group can win. He is the most conservative NZ coach in the last 25 years to take the top job. This could stall NZ progress or it could create a team that is unstoppable and ready for anything going into 2027 albeit without the same level of depth as the Boks.

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