Les raisons du rebond spectaculaire de Montpellier
Au bord de l’effondrement en juin, Montpellier s’est reconstruit en sept mois et se projette avec une ambition nouvelle vers une seconde moitié de saison qu’il amorce samedi à Toulouse, champion en titre, lors de la 15e journée de Top 14.
Le 18 juin dernier à Grenoble, lors du match de barrage, une pénalité de leur ex-ouvreur Louis Carbonel à trois minutes de la fin (20-18) sauve le MHR, sacré champion de France deux ans plus tôt, d’une chute en Pro D2 et d’un cataclysme. « Jouer la vie d’un club, c’est un traumatisme », confie alors le demi de mêlée Léo Coly.
Sept mois plus tard, Montpellier est transfiguré. Avec un tableau dégagé avant la phase finale de Challenge Cup, au bout d’un parcours sans faute, et la 7e place du Top 14 avec deux points de retard sur La Rochelle, Montpellier ne parle plus de maintien et aborde la suite avec un esprit de reconquête.
En juillet, le club héraultais ressemblait pourtant à un champ de ruines, ou presque. Il a tout rebâti sur des fondations maison. Autour de l’ex-sélectionneur des Bleus Bernard Laporte, intronisé directeur du rugby à l’automne 2023, le président Mohed Altrad a confié les rênes de l’équipe à Joan Caudullo, ancien patron du centre de formation et jeune manager (40 ans).
Montpellier a multiplié les paris dans son recrutement
Entouré notamment d’anciens joueurs emblématiques comme Benoît Paillaugue et Geoffrey Doumayrou, à la reconversion express, cet ancien talonneur montpelliérain à l’âme fédératrice a imposé sa ligne de conduite avec sang-froid et charisme. « Les entraîneurs sont à bloc, ils adhèrent au projet et font bien jouer l’équipe », se félicite Caudullo.
Dans son recrutement, Montpellier a multiplié les paris en relançant notamment deux stars internationales. L’ancien international anglais Billy Vunipola et l’ex-arrière écossais Stuart Hogg étaient en quête de réhabilitation, le dernier après des accusations de harcèlement portées par son ex-femme – il a depuis été condamné à une obligation de suivi pendant un an pour des faits de violences domestiques commis entre 2019 et 2024.
Le premier, ancien numéro 8 du XV de la Rose et des Saracens, qui s’était tristement illustré lors d’une arrestation musclée par la police espagnole en avril alors qu’il était alcoolisé, s’est imposé comme un leader et a hérité du capitanat.
« On a essayé d’identifier les leaders, on en manquait beaucoup, surtout devant », rappelle Caudullo, éclairant en creux le vide laissé par les départs conjugués de Ouedraogo, Paillaugue et Guirado en 2022. « On a hésité avant de nommer Vunipola capitaine, on a réussi ce pari », poursuit-il.
Pour se redresser, le MHR a renoué avec ses vieilles habitudes
Hogg, reconverti lui au poste d’ouvreur, se confond de son côté avec la renaissance de Montpellier. Après un an et demi sans jouer, marqué par sa retraite internationale juste avant le Mondial-2023, l’Écossais encadre une ligne de trois-quarts avec une classe intacte.
« Pour Hogg, on ne savait pas ce que cela allait donner. Aujourd’hui, il enchaîne les matchs, on est contents de lui. C’est toujours intéressant d’avoir des joueurs de cette expérience-là car ils rassurent leurs partenaires », explique Caudullo.
Le MHR a aussi misé sur le talonneur australien Jordan Uelese, leader d’un pack conquérant. Maître en mêlée, solide dans les rucks et sur les mauls, l’équipe de Caudullo renoue avec de vieilles habitudes. « À Montpellier, on ne gagne pas souvent si on n’est pas dominateurs en mêlée. Pour cela, il était essentiel de la rendre importante aux yeux des joueurs », juge le manager.
Montpellier a ainsi franchi un premier palier autour d’un jeu pragmatique et modeste, ancré sur une forte conquête, un bon jeu au pied et une défense fiable, la plus hermétique du Top 14 après celle de Toulouse.
Mais le nouveau manager, désireux d’accélérer le redressement du MHR, voit encore plus loin. « Devant Bayonne, on a été capables de jouer un peu plus au rugby. Cela doit être l’évolution de notre jeu si on veut être dans les six premiers », assure Caudullo.
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