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Antoine Dupont, Ma’a Nonu et les autres : c'est le moment d’investir dans le rugby aux Etats-Unis

Antoine Dupont @ LA

Janvier 2024, World Rugby et la fédération américaine de rugby annoncent une grande nouvelle : ils financent la création d’une nouvelle franchise qui concourra dans la Major League Rugby League (MLR), l’Anthem Rugby Carolina. Établi à Charlotte, en Caroline du Nord, le nouveau club a tout de suite intégré la saison. Avec 10 500 places, son stade, l’American Legion Memorial Stadium, est le deuxième plus important de la Conférence Est. La première année, l’Anthem termine dernière. Cette année, même chose après 12 défaites de rang. Mais là n’est pas l’enjeu. Du moins, là est le tout début de l’enjeu.

Lancement de la Major League Rugby

Prenons les choses dans l’ordre. Déjà, créer une culture rugby. Et aux Etats-Unis, c’est pas évident. Il y a tout juste dix ans, CNN évoquait 1,2 millions de licenciés au moment où l’on commençait à parler de la création d’un championnat national – la Major League Rugby sera finalement créée en 2017. « C’est un jeu qui parle aux fans habitués à d’autres sports. Les millennials vont adorer. On dit que c’est de l’acier avec du sex appeal », soutenait alors Michael Clements, directeur général de la National Rugby Football League (NRFL). L’idée n’était pas d’aller piquer des fans au football américain, mais de proposer aux fans en manque de contacts physiques un nouveau divertissement pendant l’intersaison de la NFL – les matchs devant être joués dans les mêmes stades.

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Anthem Rugby Carolina Photo : @AnthemRugby

Avec des clubs créés qui ont vite disparus faute de financement, des retombées économiques difficiles à faire décoller et des stades peu remplis, les premières années n’ont pas été un franc succès, mais les fédérations ont persévéré avec un plan à plus long terme dans un pays immense à convertir avec la promesse de belles retombées.

Créer un vrai parcours de développement

En parallèle de la culture rugby, commencer à créer une voie claire de développement des joueurs de rugby à XV pour qu’ils gagnent en performance. D’ailleurs en janvier 2024, Nic Benson, directeur général de la MLR, liait clairement « le lancement d’Anthem RC » à l’ouverture d’une « voie claire pour le développement des joueurs et de plus grandes opportunités pour USA Rugby ».

L’ouverture d’une « voie claire pour le développement des joueurs et de plus grandes opportunités pour USA Rugby »

Et Alan Gilpin, le directeur général de World Rugby, d’évoquer un exemple réussi d’un tel partenariat entre la fédération internationale et la fédération locale : « Ce type de partenariat s’est avéré fructueux pour les Fidji, quart de finaliste de la Coupe du Monde de Rugby 2023, avec la création de la Drua, et nous sommes emballés par l’énorme potentiel de l’Anthem RC, non seulement en tant que filière, mais aussi en tant que franchise majeure dans le cadre d’une vision à long terme pour le succès de la MLR, partagée par toutes les parties prenantes. »

Planter les graines

L’enjeu c’est donc de s’implanter, de s’immiscer dans ce terreau de l’univers de loisirs aux Etats-Unis qui a déjà une offre pléthorique, de planter des graines et d’attendre qu’elles poussent. Si possible rapidement. Le terrain est, semble-t-il, favorable au rugby. L’attribution des prochaines Coupes du Monde de Rugby (2031 pour les hommes et 2032 pour les femmes) ainsi que l’épreuve olympique de rugby à 7 à LA 2028 est la preuve qu’il faut tenter. C’est le moment d’investir !

Dans les colonnes de L’Équipe, Alan Gilpin, le directeur général de World Rugby, l’affirme : « Les Coupes du monde aux États-Unis pourraient générer jusqu’à 80 milliards de dollars au cours des vingt prochaines années, contribuant ainsi au développement du sport ». Pour démontrer la fertilité du terrain, il rappelle les chiffres clés de la fédération aujourd’hui : plus de 800 000 licenciés, 55 millions de fans et 3 100 clubs agréés. Même à l’échelle des Etats-Unis, ça pose une base.

Renouveler l’exemple du Japon en 2019

Les dirigeants de la fédération nationale voyaient alors ce pari US de 2031 comme celui qui a transformé le rugby au Japon avec la Coupe du Monde en 2019. Devenu un Eldorado pour joueurs étrangers, le pays est en train de revoir ses règles d’éligibilité pour favoriser l’émergence des talents locaux. Ça a pris un certain temps pour s’en rendre compte et de l’autre côté de l’Atlantique, on ne compte pas attendre si longtemps.

Les Etats-Unis ont manqué la qualification pour France 2023, manquant ainsi une deuxième édition de la Coupe du Monde après l’Afrique du Sud en 1995 – mais cette fois il faut sauver le soldat rugby aux Etats-Unis. La grosse offensive a été lancée il y a tout juste trois ans avec les droits d’attribution des deux Coupes du Monde, établissant ainsi un plan à dix ans dans le pays.

« Attribuer les Coupes du monde de rugby, masculine en 2031 et féminine en 2033, aux États-Unis faisait partie d’un plan bien plus large — un plan sur dix ans pour faire grandir le rugby aux États-Unis. »

« Nous avons passé beaucoup de temps à travailler avec USA Rugby sur la question : « À quoi pourrait ressembler un plan de développement futur ? » Attribuer les Coupes du monde de rugby, masculine en 2031 et féminine en 2033, aux États-Unis faisait partie d’un plan bien plus large — un plan sur dix ans pour faire grandir le rugby aux États-Unis. Et c’est un projet extrêmement complexe, comme on peut l’imaginer », disait Alan Gilpin en 2022.

S’implanter dans le milieu scolaire

« Cela va de la relation du rugby avec les jeunes et les lycées, à ce que représente le rugby universitaire et ce que cela peut apporter au sport. Et au-delà, il faut s’interroger sur la structure des clubs et sur le rugby professionnel national. Actuellement, cela passe par la Major League Rugby… mais ce championnat ne propose pas, à l’heure actuelle, un vrai parcours de performance pour les joueurs éligibles à la sélection américaine.

La Belgique remplacera les Pays-Bas en tant qu’adversaire des USA Men’s Eagles lors du prochain match de la USA Rugby Match Series 2025, prévu le samedi 5 juillet au American Legion Memorial Stadium de Charlotte, en Caroline du Nord. Photo : @USARugby
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« On parle là d’un équilibre à trouver entre le modèle de ligue professionnelle nord-américaine — qui reste une entreprise — et l’objectif commun que nous partageons tous : créer des filières de haut niveau pour les sélections nationales. »

Trois ans après, les investissements sont en cours pour monter la Major League Rugby en performance, rendre les clubs compétitifs en formant des joueurs au très haut niveau pour ensuite alimenter l’équipe nationale qui ne sera plus regardée de haut par les autres. Cet enjeu en vaut la chandelle au vu des retombées économiques que ce développement peut avoir.

C’est dans ce contexte que les Français ont choisi d’investir

Et du côté français, on a vite flairé la nécessité de jouer les pionniers. C’est le cas par exemple avec NOLA Gold Rugby, la franchise de la Nouvelle-Orléans qui a tissé des liens avec l’ASM Clermont Auvergne.

A la mi-mars, le trois-quarts centre vétéran de Toulon, Ma’a Nonu, devenait officiellement co-propriétaire du club San Diego Legion (conférence de l’Ouest), club dans lequel il avait joué. Et en ce 16 mai 2025, c’est donc Antoine Dupont qui investit à son tour dans un club de la MLR, le Rugby Football Club Los Angeles (4e de la Conférence Ouest). Pour le meilleur joueur du monde 2021, ce n’est pas un hasard.

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C’est à Los Angeles qu’il a explosé avec le rugby à 7 dès son premier tournoi avec France 7, plantant les graines de la médaille d’or obtenue quelques mois plus tard aux Jeux olympiques de Paris 2024. C’est aussi à Los Angeles qu’il a passé une partie de l’été dernier et qu’il a continué de tisser des liens avec ce club. « Los Angeles est en passe de devenir l’épicentre mondial du sport avec l’accueil des Jeux Olympiques, l’essor de la Major League League et la Coupe du monde de Rugby en 2031. C’est un moment charnière, une opportunité unique de participer à quelque chose de grand », affirme-t-il dans le communiqué de presse.

Une déclaration qui vient couronner ce que World Rugby a entamé patiemment depuis quelques années et qui n’est donc plus qu’à 7 ans de la pleine éclosion. Les choses vont vite et la concurrence est folle. Fin 2024, le bureau des statistiques des Etats-Unis dévoilait que les Américains (15 ans et plus) consacraient environ 5,1 heures par jour à leur loisir dont 3h à regarder la TV et les plateformes et seulement 32 minutes à pratiquer ou assister à un sport. Il y a donc du travail à faire pour gagner des parts de marché sur le temps de loisir disponible.

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