La fois où les gendarmes ont débarqué à 7h du mat’ chez Chabal
C’est un souvenir qui reste gravé dans la mémoire de cette légende vivante du rugby et que Sébastien Chabal (47 ans, 55 sélections) raconte pour la première fois dans le podcast Legend.
« Si on refait l’histoire, franchement on va pas passer des heures là-dessus… mais je trouve ça vraiment pitoyable, pathétique », débute-t-il. « En fait, bien avant qu’on obtienne l’organisation de la Coupe du monde en France, j’avais été approché par France 2023 pour être ambassadeur. Ma tête faisait un peu parler, et j’ai dit : “Bien sûr, avec plaisir, je vous accompagne, je ferai ce que je peux.” C’était normal pour moi de rendre quelque chose au rugby français, vraiment.
« J’ai dit : “Si je suis dispo, je peux me déplacer, je peux filer un coup de main. Je vais pas être corvéable à merci, mais je peux aider.” Et pour moi, c’était normal, je ne voyais pas pourquoi je devais être payé pour ça. C’était juste rendre au rugby tout ce qu’il m’a apporté.
« Et donc, quand la France a été désignée, j’avais des accès un peu privilégiés pour acheter des places. J’ai demandé : “Est-ce que je peux en acheter ?” J’avais du monde à inviter, donc oui, j’ai réussi à en acheter une centaine. Comme plein d’autres gens d’ailleurs. Mais comme les règles ont changé en cours de route…
« Au début, les gens ont cru que j’avais pas payé, ou que j’avais eu un passe-droit. Oui, j’avais un contact avec le mec de la billetterie, mais j’ai payé toutes les places. J’en ai eu pour, je sais pas, 50 000 euros. Et là, tu te dis : mais pourquoi vous me faites chier avec ça ? J’ai rien volé, j’ai rien trafiqué. »
Les gendarmes débarquent chez moi à 7h du mat’, j’étais en train d’emmener ma fille à l’école. Ils me disent : “Restez ici, donnez votre téléphone, votre ordi…”
Et un matin, tout s’enchaîne et l’emballement médiatique ne fait que commencer. Il est vrai qu’au même moment le comité d’organisation France 2023 fait déjà l’objet de beaucoup d’articles dans la catégorie faits divers et par conséquent tout devient suspect.
« Les gendarmes débarquent chez moi à 7h du mat’, j’étais en train d’emmener ma fille à l’école. Ils me disent : “Restez ici, donnez votre téléphone, votre ordi…” Mais j’ai fait quoi, sérieux ? “Vous avez acheté une centaine de places…” Mais vous êtes fous ou quoi ? Vous venez chez moi pour ça ? C’est surréaliste. »
Clairement et ouvertement soupçonné de trafic de billets, Sébastien Chabal choisit l’arme de l’humour pour se défendre. Sur Instagram, il poste une story : « Vends places de matchs pour la coupe du monde de rugby #france2023 pas très “chères”. Contactez moi en DM (messagerie privée, ndlr) ».
Et au final, l’enquête menée ne donne absolument rien mais elle lui reste en travers de la gorge. « Personne ne dit : “Bon en fait, il avait rien fait de mal, il avait le droit d’acheter ces places.” », regrette l’ancien troisième-ligne. « T’es jeté en pâture, on te dézingue direct, mais quand ils voient qu’en fait y’a rien… ben ils le disent plus. Parce que c’est plus vendeur de dire que t’as fait un truc grave que de reconnaître qu’ils se sont plantés.
« C’était pas pour faire de l’argent. C’était pour inviter des potes, partager ça. L’injustice, je ne supporte pas. Ça me rend dingue. L’injustice, vraiment, c’est le truc que je ne supporte pas. »
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