Fin Smith, le successeur de Wilkinson que l'Angleterre attendait
Biberonné aux exploits de Jonny Wilkinson, l’ouvreur Fin Smith offre à l’Angleterre une bouffée d’espoir dans le Tournoi des Six Nations et au-delà, un profil unique qui attirera encore la lumière samedi contre l’Écosse, le pays de ses parents.
Le N.10 des Saints de Northampton (22 ans) a été reconduit pour la troisième journée du Tournoi, deux semaines après avoir guidé les Anglais vers un succès enflammé contre les Bleus (26-25), déjà à Twickenham.
Préféré à Marcus Smith, décalé à l’arrière, le jeune homme avait croqué dans le Crunch à pleines dents, malgré l’émotion d’une première titularisation et la pression de tout un stade, même ami.
S’il a débuté le match « comme un lapin pris dans les phares », selon son aveu, il l’a terminé avec deux passes décisives (au pied pour Freeman, à la main pour Daly), le titre de meilleur joueur et une pluie d’éloges.
« Il a l’esprit tactique dont un N.10 international a besoin. Je ne vois aucune raison pour laquelle il ne pourrait pas être aussi bon que Jonny Wilkinson à son apogée », l’a encensé Courtney Lawes, ex-capitaine anglais, dans sa chronique pour le Times.
Petit, Fin Smith n’avait d’yeux que pour Jonny Wilkinson
Le compliment vaut de l’or pour un joueur qui, gamin, n’avait d’yeux que pour « Wilko », le charismatique champion du monde 2003.
« À cinq, six ans, plein d’enfants grandissent en regardant des dessins animés, moi je regardais une compilation des meilleures actions de Jonny », racontait-il encore récemment à Sky Sports.
Fin Smith a baigné dans la marmite du rugby depuis tout petit.
À quatre ans, il a enfilé son premier maillot, celui du Shipston on Stour RFC, encouragé par ses parents Andrew et Judith, deux amoureux de l’ovalie qui se sont rencontrés en marge d’un match des London Scottish.
Son grand-père maternel, Tom Elliot, a joué comme pilier pour l’Écosse et pour les Lions britanniques et irlandais. Quant à son père, il a pour habitude d’aller supporter le XV du chardon à Murrayfield, en kilt.
« J’ai dit à mon père qu’il devait rester neutre le week-end prochain si je joue. Il va certainement chanter l’un des deux hymnes, peut-être les deux si j’ai de la chance », a plaisanté Smith junior la semaine dernière en conférence de presse.
Jouer pour l’Écosse était une possibilité, mais « je suis Anglais, j’ai vécu en Angleterre toute ma vie, j’ai voulu jouer pour l’Angleterre depuis que je suis né, donc c’était une décision assez facile », a-t-il assuré.
Né à Warwick, une ville au sud de Birmingham, ce fan du club de football d’Aston Villa a débuté sa carrière professionnelle chez les Worcester Warriors, à 18 ans seulement.
Plus en mesure de contrôler le tempo que l’autre Smith, Marcus
Ses performances lui ont ouvert les portes de la sélection anglaise des moins de 20 ans. Ses 31 points en cinq matchs, incluant un essai contre l’Écosse, ont contribué au Grand Chelem réalisé en 2021.
Fin Smith s’est retrouvé sans club lorsque les Warriors ont été placés en redressement judiciaire, étouffés par une dette insoutenable, mais Northampton l’a immédiatement recruté, en octobre 2022.
Sous le maillot noir, vert et or, il n’a cessé d’impressionner et son CV s’est étoffé avec une cinquantaine de matchs disputés, un titre en Premiership et une demi-finale de Champions Cup en 2024, l’année de son baptême international contre l’Italie.
Le sélectionneur Steve Borthwick l’a longtemps utilisé comme remplaçant, en doublure de George Ford ou de Marcus Smith, avant de l’installer pour la première fois dans le XV de départ contre la France. Et de le confirmer dans cette responsabilité pour le choc de samedi.
Sa capacité à contrôler le tempo d’un match, en plus de ses qualités de défenseur, lui donne un avantage sur l’autre Smith, feu follet davantage réputé pour son explosivité.
La complicité évidente avec le demi de mêlée Alex Mitchell, les ailiers Ollie Sleightholme et Tommy Freeman, tous des coéquipiers de Northampton, joue aussi en sa faveur. Ce qui bénéficie en fin de compte au XV de la Rose, qui a enfin gagné un match serré après une litanie de défaites ‘encourageantes’.
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