Arbitrage : premier bilan de la cellule haute performance
Les erreurs d’arbitrage sur le jeu dangereux, un dialogue renforcé avec les clubs, l’évaluation des décisions : huit mois après la mise en place de la cellule haute performance, les responsables des arbitres du Top 14 se sont livrés jeudi à un exercice de transparence et de pédagogie.
Pendant plus de deux heures, les deux anciens arbitres internationaux responsables de cette cellule co-financée par la fédération et la ligue, Romain Poite et Mathieu Raynal, ont présenté leur méthode et répondu aux questions des journalistes dans un cadre voulu « apaisé » et loin des polémiques d’après-match.
Beaucoup d’attentes avaient entouré la création à l’intersaison de la cellule haute performance mobilisant neuf personnes dédiées et un logiciel d’analyses développé sur mesure. Depuis la saison 2023-2024, deux millions d’euros supplémentaires sont dégagés par la ligue et la fédération pour améliorer les performances des arbitres professionnels.
L’objectif : démontrer la rigueur dans la supervision des arbitres et mieux communiquer avec les joueurs, les staffs et le grand public sur les méthodes des « accompagnants du jeu », comme l’a décrit Romain Poite.
Le tout sans se cacher sur les quelques erreurs commises depuis le début de la saison en Top 14, notamment sur la sécurité des joueurs.
Raynal : « Quatre situations qui nous ont mis en difficulté »
« C’est un domaine où l’on pense qu’on peut véritablement mieux faire et il y a une forme d’insatisfaction par rapport à la performance des arbitres et aussi de la nôtre en formation », a reconnu Mathieu Raynal.
Ils ont notamment identifié « quatre situations qui nous ont mis en difficulté » depuis le début de la saison, parmi lesquelles le violent déblayage du Rochelais Tolu Latu sur le Toulousain Simon Daroque qui n’a reçu qu’un carton jaune lors de la rencontre de la 14e journée. Son coéquipier Antoine Dupont, qui ne participait pas à ce match, avait dans la foulée critiqué le manque de protection des joueurs sur ses réseaux sociaux.

« On s’aperçoit qu’à chaque fois, ce sont des joueurs qui sont en position vulnérable », par exemple en tentant de gratter un ballon dans un ruck, et « qui ne sont pas prêts à la collision. Donc, ils ne s’attendent pas à ce qui va leur arriver. Là-dessus, on a dit à nos arbitres, ‘Attention, les gars, là, on a été mis en difficulté car la décision qu’on a prise, elle n’était pas la bonne. Et on a traité ça peut-être avec trop de légèreté’ », a détaillé Mathieu Raynal.
Dès le coup de sifflet final, les matches sont disséqués avec « 40 ou 50 » extraits vidéos, sur lesquels les arbitres de la rencontre doivent expliquer leur décision de signaler ou non une faute. Un membre de la cellule fait ensuite des remarques, classant les décisions comme « bonnes », « 90 % » du temps, mais aussi en erreurs plus ou moins graves. Ces décisions sont ensuite visibles par tous les arbitres.
Moins d’une mauvaise décision arbitrale par match en Top 14
Meilleures sont les performances d’un arbitre, plus prestigieuses sont les affiches de Top 14 qu’il arbitrera dans les journées suivantes.
En moyenne en Top 14, 24 pénalités sont sifflées à chaque match. Un peu moins d’une décision par match (0,76) est considérée comme ayant été mauvaise et ayant un fort impact sur le jeu, comme un essai annulé à tort, ou un carton donné, ou non, à tort.
Sur les autres grandes catégories, notamment la vitesse, l’espace (les hors-jeu), les mauls, et dans une moindre mesure, la mêlée, le duo a dressé un tableau plus favorable.
Outre les aspects techniques, le dialogue avec les clubs a été renforcé : toutes les équipes peuvent demander à la cellule de faire venir un arbitre aux entraînements pour expliquer l’arbitrage et une soixantaine d’interventions ont déjà été faites.
Durant l’été, un rassemblement avec tous les clubs du Top 14 avait aussi été organisé pour parler de l’arbitrage et présenter les nouveaux outils.
« On remet la performance au centre de nos discussions et il n’y a que ça qui compte pour nous. Les mecs bossent plus, travaillent plus, partagent plus, et quand on travaille plus, nécessairement, on augmente un peu la qualité des performances », assure Mathieu Raynal.
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