Face aux Bleus, l’Irlande devra gérer ses émotions
Face à l’équipe de France pour la 4e journée du Tournoi des Six Nations et avant-dernière étape vers un 3e sacre de rang, l’Irlande devra digérer l’annonce de la retraite de trois de ses légendes et ne pas se laisser submerger par les émotions.
371 sélections, près d’un demi-siècle d’expérience cumulé sous le maillot frappé du Trèfle. Voilà ce que l’Irlande s’apprête à perdre avec les retraites internationales de Peter O’Mahony, Cian Healy et Connor Murray au terme du Tournoi des Six Nations en cours.
Une annonce intervenue ce mercredi, en plein milieu de la compétition, qui interroge sur le timing choisi. Car ce sont trois légendes qui vont mettre leur maillot vert au clou et la charge émotionnelle ne sera pas neutre non seulement pour eux, mais aussi pour leurs coéquipiers. Pas forcément idéal juste avant de recevoir la France pour un match déterminant dans l’attribution du titre 2025.
Murray est en effet à jamais associé à Johnny Sexton, avec qui il a formé la charnière irlandaise plus de 70 fois, un record. O’Mahony est un leader né, capitaine du Munster depuis 2013 et l’âme de cette équipe d’Irlande. Healy est le recordman irlandais de sélections (136 à ce jour) et une personnalité unanimement appréciée.
Leur palmarès parle aussi pour eux. Ensemble, ils ont collecté cinq trophées dans le Tournoi (2014, 2015, 2018, 2023, 2024), en attendant peut-être un sixième d’ici à quelques semaines. C’est dire le poids de ces joueurs dans l’histoire récente de l’Irlande, la meilleure jamais connue de surcroit.
O’Driscoll : « Une équipe qui ne panique pas »
« Cela n’a pas toujours été facile pour eux, et ça ne l’est pas encore aujourd’hui. Ils ont dû se battre pour leur place. Pete a fait des allers-retours (en sélection) ces dernières années, tout comme Conor Murray. Cian a dû se réinventer et trouver un moyen de rester dans le groupe », relativisait Paul O’Connell dans The Irish Times, autre légende irlandaise désormais entraîneur adjoint de l’équipe nationale.
Mais l’ancien deuxième ligne, qui a évolué avec les trois futurs retraités, évacue le poids que pourrait faire peser leurs adieux pour leur dernière sortie à l’Aviva Stadium, face aux Bleus le 8 mars.
« Les émotions n’ont pas beaucoup d’impact sur ces gars. C’est la cerise sur le gâteau, plus que le gâteau tout entier. Ce n’est pas un levier que l’on va activer pour trouver la motivation de gagner le match, il s’agit plutôt de souligner leur contribution. »
Brian O’Driscoll, généralement considéré comme le plus grand joueur irlandais de l’histoire, souligne lui aussi la capacité de ses successeurs à faire fi des émotions.
« L’Irlande a gagné différemment le week-end dernier (contre le pays de Galles) et a trouvé une solution quand ce n’était pas parfait. C’est le signe d’une bonne équipe qui ne panique pas, même menée », apprécie ‘BoD’ dans les colonnes de The Irish Examiner.
Le frisson de l’Aviva peut-il faire dérailler l’Irlande ?
« Il y a 25 ans, menés de deux marques contre la France, on aurait actionné le bouton ‘Panique’. Nous étions très émotifs à l’époque, mais aujourd’hui, l’équipe est pleinement focalisée sur le plan de jeu. C’est la grande différence. Cette équipe n’utilise pas l’émotion pour aller de l’avant ».
Superbe machine à gagner, l’Irlande n’en reste pas moins constituée d’êtres humains. Et surmonter un handicap de huit points contre le pays Galles, battu 43-0 trois semaines plus tôt par la France, ne s’apparente tout de même pas au défi que représentent les Bleus, avec tout le respect dû aux Gallois.
D’autant que l’Irlande est en quête d’une troisième couronne consécutive dans le Six Nations, et que la venue de l’équipe de France ressemble tout de même à une finale pour elle puisqu’elle devra aller en Italie pour clôturer son Tournoi.
Ajoutez-y le frisson de l’ovation que l’Aviva Stadium ne manquera pas de procurer aux futurs retraités pour leur der à domicile, sans doute à même de faire dérailler les cœurs les plus accrochés, et on trouve quelques ingrédients à même d’offrir aux Bleus l’occasion de gâcher la fête. Ce serait moche, mais ce serait beau.
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