Pierre Brousset assume de ne pas avoir accordé d'essai de pénalité au Leinster
Pierre Brousset s’en souviendra longtemps de sa première demi-finale de Champions Cup. C’est lui qui était au sifflet samedi 3 mai pour la rencontre tendue et au scénario fou entre le Leinster et Northampton. Si la fin du match a été folle, c’est notamment en partie de son fait et de sa volonté de « prendre le temps », comme il dit, de bien étudier cet essai que les Irlandais pensaient avoir marqué.
« Il y a une grosse décision à prendre à la fin du match. Quand on passe à la vidéo, on sait très bien que cette décision-là, elle peut faire basculer le match, d’un côté comme de l’autre. Donc notre rôle à nous, c’est d’être le plus précis possible, le plus calibré possible par rapport à la situation qu’on est en train d’analyser. Voilà, on prend le temps », explique-t-il sur Sud Radio.
Mais pourquoi diable l’essai de Ross Byrne a été refusé en toute fin de match au Leinster ?
Encore une règle méconnue du rugby, je vous explique ⤵️ pic.twitter.com/jRYf3nFFdn
— Gauthier Baudin (@GauthierBaudin) May 4, 2025
On est à moins de deux minutes de la fin du match. Mené de trois points, le Leinster lance des assauts à répétition sur la ligne des Saints. Van der Flier est stoppé in extremis par Freeman et Coles, qui fait sauter le ballon. Dans la confusion, Ross Byrne aplatit en coin, pensant marquer l’essai de la victoire, mais l’arbitre siffle dans une ambiance survoltée à l’Aviva Stadium. La décision terrain de Brousset est « no try ».
Il regarde d’abord la faute de Coles sur Van der Flier – qui n’était pas sur ses appuis – ce qui lui vaudra un carton jaune, puis vient le temps de l’essai. Et là, c’est une règle établie en 2008 qui s’applique, la 21.15 qui dit : « Si le ballon ou un joueur porteur du ballon touche un drapeau ou un poteau de coin sans être en touche ou en touche de but, le ballon est toujours en jeu sauf si le touché à terre est effectué contre le poteau ».
Dans le cas présent, l’essai est donc refusé.
La décision de Pierre Brousset provoque une onde de choc. Favoris après une campagne quasi parfaite, les Irlandais subissent une quatrième désillusion européenne consécutive.
La décision contestée par un ancien arbitre international
Owen Doyle, ancien arbitre irlandais international, a contesté la décision de l’arbitre français dans sa chronique du Irish Times. Il rappelle d’abord la règle et précise que, de toute façon, l’essai de Ross Byrne ne pouvait pas être validé, car « il n’était pas sur ses appuis. Et enfin, même si les essais de pénalité s’accompagnent généralement d’un carton jaune, tous les cartons jaunes ne donnent pas forcément lieu à un essai de pénalité. »
Néanmoins, concernant l’action de Coles sur Van der Flier, Doyle estime qu’un essai de pénalité aurait dû être accordé. « Van der Flier a été renversé juste avant la ligne, il était à portée d’essai », explique-t-il.
« La probabilité est le critère clé pour accorder un essai de pénalité, et cela aurait été, selon moi, la bonne décision. »
« Brousset a sanctionné Alex Coles (Northampton) pour ne pas avoir relâché le joueur du Leinster et lui a mis un carton, donc il a dû le considérer comme un plaqueur, ce qu’il n’était clairement pas. Mais surtout, il n’a pas accordé d’essai de pénalité. Selon moi, il aurait dû le faire.
« Ce qui est déterminant ici, c’est le moment où Coles tombe sur Van der Flier au sol. C’est un point clairement et logiquement couvert par le règlement : il est interdit à un défenseur de tomber sur un porteur de balle déjà au sol. C’est formellement interdit. Sinon, Van der Flier aurait très probablement pu tendre le bras et marquer.
« La probabilité est le critère clé pour accorder un essai de pénalité, et cela aurait été, selon moi, la bonne décision. Si Brousset avait analysé la situation depuis le début, qui sait, il aurait peut-être pris la bonne décision. »
« On a vraiment pris le temps d’analyser : la phase de plaquage, l’arrivée du joueur de Northampton, la façon dont le ballon sort… et ensuite, l’endroit où il est aplati. »
Sur Sud Radio, Pierre Brousset a assumé sa décision : « La connaissance du règlement, on l’a, on a des certitudes. Après, on peut passer à côté, bien sûr. Mais on est une équipe de quatre ou cinq, donc chacun a un rôle à jouer. Chacun peut remettre sur le bon chemin, et évoquer un cas s’il n’a pas été identifié tout de suite.
« Et je pense que ce qui a été bien fait sur cette action, de notre côté, c’est qu’on a pris le temps. On a vraiment pris le temps d’analyser : la phase de plaquage, l’arrivée du joueur de Northampton, la façon dont le ballon sort… et ensuite, là où il est aplati. Et en rentrant dans ce process-là, on a validé ou pas les étapes les unes après les autres, pour arriver à notre décision finale. »
Le Français l’admet volontiers : « Je pense que oui… c’est un des plus gros matchs que j’ai arbitrés, en termes d’intensité, de scénario, de tout ce qui s’est passé dans un seul match. Il est dans le top 2, je pense ».
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