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Les Bleus jouent trop par rapport aux autres nations : les stats qui le prouvent

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C’est une vieille rengaine du rugby français : les Bleus sont sur-utilisés en club et l’équipe de France en paie le prix au moment d’affronter les meilleures nations du monde, qui disposent de joueurs frais physiquement et mentalement.

C’était incontestable jusqu’à peu, mais l’arrivée de Fabien Galthié en 2020 à la tête de l’équipe de France a (un peu) changé la donne. Négociations avec les clubs sur le nombre de joueurs libérés, plages de repos, tournée d’été sans les cadres… Le programme des internationaux a été considérablement allégé en quatre ans.

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Fabien Galthié, dans cette logique, avait d’ailleurs déclaré début juin qu’il envisageait de se passer de ses vingt joueurs premium pour la tournée en Nouvelle-Zélande à l’été 2025.

Une annonce passée plutôt inaperçue à l’étranger à ce moment-là, notamment au pays des All Blacks. Mais qui a resurgi récemment. La NZRU craint en effet que cette tournée sans Dupont et Cie n’ait plus la même valeur sportive, et donc par ricochet commerciale.

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En substance, les instances dirigeantes néo-zélandaises se demandent comment créer de l’engouement, remplir les stades, vendre des maillots, si le sélectionneur français envoie une équipe bis au Pays du long nuage blanc.

Rugby des clubs et rugby de sélection font rarement bon ménage

C’est faire fi d’une réalité bien française. Chez nous, le rugby des clubs et le rugby de sélection font rarement bon ménage, malgré un apparent alignement politique entre la Fédération française de rugby (FFR) et la Ligue nationale de rugby (LNR).

La préoccupation de la FFR consiste en effet à disposer d’une équipe de France aussi forte que possible, tandis que la LNR s’attache à défendre les intérêts des clubs.

Avec un calendrier ultra serré, des plages de repos imposées, des doublons Top 14 – Tournoi des Six Nations, les positions des deux instances ont bien du mal à se mettre d’accord, malgré une apparente bonne volonté de part et d’autre.

Pour le comprendre, RugbyPass s’est posé la question suivante : quelle place les clubs occupent-ils par rapport aux sélections ? Commençons par un tableau indiquant le nombre de joueurs (par championnat) qui ont joué plus de 1000 minutes au cours de la saison régulière.

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Le Top 14 propose presque deux fois plus de matchs que le Super Rugby Pacific, et s’étale sur une durée deux fois et demie plus longue. Le championnat de France comporte également huit matchs de plus que la Premiership anglaise et que le United Rugby Championship (URC), qui regroupe des équipes irlandaises, galloises, écossaises, italiennes et sud-africaines.

On joue beaucoup plus en Top 14 que dans les autres championnats majeurs

Logiquement, les joueurs basés en France passent beaucoup plus de temps sur les terrains. Ainsi, 11 joueurs en moyenne par club français ont disputé plus de 1000 minutes de jeu l’an dernier. Ils ne sont que 2,5 en Super Rugby, deux en Angleterre et un seul en URC.

Si l’on prend les clubs dominants de chaque championnat majeur, on constate que le Stade Toulousain, auteur du doublé Top 14 – Champions Cup, ne compte que sept joueurs au-dessus des 1000 minutes, loin de la moyenne précédemment citée.

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De plus, aucun de ces joueurs n’est un titulaire à part entière en Bleu : Toulouse est en avance sur la concurrence à ce niveau, et se montre bien plus efficace que ses rivaux nationaux dans la protection de ses joueurs premium.

En revanche, si l’on prend le Super Rugby, les Brumbies (la meilleure franchise australienne) comportent cinq joueurs au-dessus des 1000 minutes de jeu, les Blues (vainqueurs de la compétition 2024), quatre. Dont trois internationaux titulaires dans chaque équipe.

L’URC et la Premiership sont les championnats qui protègent le mieux leurs principaux atouts. Seuls deux joueurs des meilleurs clubs de ces ligues ont dépassé les 1000 minutes. Le seul international régulier parmi eux était Nick Tompkins avec les Saracens, et il joue pour le pays de Galles et non pour l’Angleterre.

Le dernier tableau met en lumière le temps de jeu moyen par joueur durant la saison régulière, en prenant le probable XV de départ des six nations majeures représentées dans les championnats étudiés.

On constate là encore que les Français sont les plus exposés. Les deux meilleures sélections de ces dernières années, l’Irlande et l’Afrique du Sud, économisent beaucoup plus leurs joueurs puisqu’un membre du XV du Trèfle joue en club presque trois fois moins qu’un Bleu.

Quatre semaines de congé obligatoires et quatre semaines sans matchs durant l’été pour les premiums

Reprenons ces chiffres en les mettant en parallèle avec les propos de Galthié sur la mise au repos des 20 meilleurs joueurs français en vue de la tournée 2025.

Voilà ce qu’il avait déclaré dans L’Équipe à ce sujet : « Nous suivons cent joueurs. Mais nous avons surtout identifié un groupe “premium” de vingt joueurs. Nous souhaitons qu’ils aient un développement cohérent. Nous voulons travailler main dans la main avec la Ligue et les clubs.

« Notre objectif est que les joueurs puissent donner le meilleur d’eux-mêmes en équipe de France, mais aussi en club. On veut aller plus loin tout en prenant en compte les enjeux des clubs. »

Et le sélectionneur de préciser sa pensée sur la période estivale durant laquelle une tournée est organisée chaque année.

« La période juillet/août sera sanctuarisée. Les joueurs [premium] bénéficieront de quatre semaines de congé obligatoires et de quatre semaines sans matchs. […] Nous souhaitons aller encore plus loin. Ce qui impliquera que nous partirons en tournée à l’été 2025 en Nouvelle-Zélande sans nos premiums. »

Fabien Galthié entraînement XV de France
Fabien Galthié a pris l'habitude de partir en tournée d'été sans ses meilleurs joueurs, laissés au repos. (Photo by ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP via Getty Images)

Le groupe premium de vingt joueurs annoncé par le sélectionneur est à prendre avec des pincettes car évolutif. Mais il se base principalement sur trois clubs : le Stade Toulousain (10 membres), l’Union Bordeaux-Bègles (3) and le Stade Rochelais (3).

Dans la gestion des joueurs, Toulouse proche du Leinster

Nous avons volontairement choisi de l’étoffer en ajoutant des joueurs qui intégreront sans doute ce groupe dans un avenir proche, comme Louis Bielle-Biarrey, Nicolas Depoortere ou Paul Boudehent.

Les Girondins pris en compte ont disputé en moyenne 1027 minutes sur les terrains du Top 14 en 2023-2024, ce qui est une bonne raison de laisser Damian Penaud ou Matthieu Jalibert au repos durant l’été.

À La Rochelle, cette moyenne affiche 720 minutes de jeu, tandis qu’à Toulouse, elle tombe à… 398 minutes ! Le besoin absolu de repos semble moins évident pour ces deux clubs.

Toulouse, en particulier, fonctionne déjà à des niveaux d’efficacité de gestion des joueurs comparables à ceux du Leinster. Toutes les données disponibles suggèrent qu’une saison régulière domestique de 300 à 500 minutes figure une préparation idéale pour le calendrier international à venir.

C’est sans doute pourquoi l’Irlande et l’Afrique du Sud dominent actuellement le rugby mondial. C’est aussi pourquoi l’Angleterre a pu envoyer une équipe complète au Pays du long nuage blanc en juillet et tenir tête aux All Blacks sur leurs terres.

En attendant, sauf retournement de situation inattendu, les Bleus devraient quand même se rendre en Nouvelle-Zélande l’été prochain sans leurs meilleurs éléments. « C’est un choix assumé. Mais c’est comme ça depuis quatre ans. Pourquoi changer de stratégie ? Parce qu’on se déplace chez les All Blacks ? Il faut être cohérent », balaie Fabien Galthié.

Vaut-il mieux accorder plus de plages de repos aux joueurs, ou privilégier l’expérience individuelle et le vécu collectif emmagasinés en tournée ? Les deux positions se défendent. Si les Bleus sont champions du monde en 2027, tout le monde s’accordera à dire que le sélectionneur avait raison. Et tant pis si Antoine Dupont n’ira jamais en tournée en Nouvelle-Zélande.

Visionnez gratuitement le documentaire en cinq épisodes “Chasing the Sun 2” sur RugbyPass TV (*non disponible en Afrique), qui raconte le parcours des Springboks dans leur quête pour défendre avec succès leur titre de Champions du monde de rugby

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