Erasmus : « Comment entraîner des joueurs de 2 m à aller encore plus bas... ? »

Rassie Erasmus avait une mine mitigée, à la fois soulagée et contrariée, en sortant de l’Allianz Stadium de Turin, samedi 15 novembre. L’Afrique du Sud venait de s’imposer 32–14 face à l’Italie, un succès maîtrisé dans la douleur, mais encore une fois marqué par une décision capitale : un carton rouge. Une semaine après l’expulsion de Lood de Jager contre la France, voilà que Franco Mostert était renvoyé prématurément aux vestiaires.

En remontant un peu plus loin, depuis l’instauration du carton rouge de 20 minutes, les Springboks ont déjà écopé de trois exclusions définitives. Et à chaque fois, la sanction est tombée tôt : Jasper Wiese contre l’Italie le 12 juillet (20e), Lood De Jager face à la France le 8 novembre (38e), puis Franco Mostert, de nouveau contre l’Italie, le 15 novembre (10e).

Trois rouges sur trois matchs où les Springboks ont été en infériorité numérique. Et pourtant, les trois rencontres se sont soldées par trois victoires. Mieux encore, sur les 178 minutes disputées à 14, l’Afrique du Sud n’a concédé qu’un seul essai. Il n’empêche.

Le sélectionneur sud-africain sait que le problème est récurrent, entre les directives sur les zones de plaquage et les gabarits hors normes de ses joueurs, il navigue à chaque fois à la limite. « J’ai toujours pensé qu’on voulait aller vers des cartons rouges de 20 minutes. Il faut revoir tout ça, mais ce n’est pas à moi d’en parler. Par contre, qu’un capitaine soit pénalisé deux fois en une semaine pour que nous puissions gagner, c’est triste », a-t-il remarqué en conférence de presse.

« On ne sait pas comment entraîner des joueurs à aller encore plus bas, surtout quand un gars de deux mètres doit affronter un joueur quasi à genoux… »

« Je ne dis pas que les décisions étaient mauvaises, mais j’ai clairement vu beaucoup d’autres contacts dans le match. Je ne critique personne, c’est la vie. Quand on reverra la rencontre, on verra peut-être qu’on a tort, et dans ce cas il faudra corriger.

« On prend un carton rouge, eux prennent un carton jaune, et je pense que c’était la bonne décision. Mais perdre deux deuxième-lignes en deux matchs parce qu’ils vont plus bas qu’ils ne peuvent aller… c’est difficile à comprendre. Je ne dis pas que quelqu’un a tort, mais on ne sait pas comment entraîner des joueurs à aller encore plus bas, surtout quand un gars de deux mètres doit affronter un joueur quasi à genoux. Et jouer à 13, puis à 14 contre 15, ça a été encore plus dur que la semaine dernière. »