Fun, arbitre et agression : la face fantasque de Josaia Raisuqe
A écouter et lire les témoignages collectés depuis l’annonce du décès tragique de l’ailier fidjien de Castres Josaia Raisuqe – tué par un train au volant de sa voiture le 8 mai au matin – le portrait d’un personnage hors norme se dessine.
Il y a le joueur, bien sûr, de 193 cm pour 113 kg, ailier passé troisième-ligne. Véritable force de la nature, médaillé d’argent avec les Flying Fijians aux JO de Paris 2024, dix ans de performance sur les terrains de France au Stade Français, à l’USON Nevers et au Castres Olympique, soit 152 matchs en tout et 49 essais marqués.
« Sa puissance et sa vitesse étaient folles. Il savait casser des plaquages, prendre les intervalles ou inscrire des essais de pur ailier en bout de ligne ou sur des réceptions de coups de pied », se souvient David Darricarrère dans La Dépêche, ex-entraîneur de Castres, qui devait l’accueillir à Brive pour les deux prochaines saisons.
« C’était un rayon de soleil dans le vestiaire, toujours le cœur sur la main. »
« C’était un rayon de soleil dans le vestiaire, toujours le cœur sur la main. Sur le terrain, c’était quelqu’un de fantastique. On se voyait parfois à Brassac, un petit village au-dessus de Castres, parce que sa petite amie est de là-bas », ajoute-t-il dans Le Parisien.
Ses anciens entraîneurs ne sont pas avares d’anecdotes le concernant : toujours le premier à vanner, provoquer le rire dans son entourage, ne jamais se départir de son sourire légendaire. Même ressenti du côté des supporters croisés lors d’un hommage spontané devant le stade Pierre-Fabre le soir de sa disparition.
« Oui, il était atypique et attachant, il n’y avait rien de méchant en lui. La vie était un jeu et il jouait au rugby. Il jouait, il s’amusait. »
« Sa fin lui correspond, une fin atypique. Oui, il était atypique et attachant, il n’y avait rien de méchant en lui. La vie était un jeu et il jouait au rugby. Il jouait. La défaite, la victoire, peu importe… C’était le rugby, ses copains, ses amis. Il jouait, tout le temps. Je l’aimais bien, c’était un instinctif, il n’était pas tordu. Il jouait, il s’amusait », dit de lui Régis Dumange, le président de Nevers, cité par L’Equipe.
Car il y a aussi deux autres faces du personnage. Une face sombre d’abord qui remonte à la fin de son aventure avec le Stade Français après une condamnation en 2020 pour agression sexuelle violente lors d’une soirée alcoolisée (2g d’alcool dans le sang) remontant à trois ans plus tôt (six mois avec sursis et viré du club).
Et puis la face plus joyeuse, naïve, limite enfantine, comme cette fois où, en janvier 2021, trop heureux de célébrer la victoire avec Nevers (dira-t-il), il soulève tel un trophée l’arbitre Laurent Millotte qui vient de refuser un essai à Béziers au terme d’un match fou que les Neversois remportent (25-30). L’image fait le tour des réseaux et lui vaut un carton rouge (le 5e de sa carrière) et les remontrances de son coach d’alors Xavier Péméja : « C’est inadmissible. Il sera puni par la commission de discipline et c’est tout à fait normal. Je vais aussi m’occuper de lui. Ça, je ne peux pas l’accepter.»
Cité dans La Dépêche, l’arbitre se souvient : « Je ne me suis jamais senti en danger. Il s’amusait tout le temps. Sur les renvois, les box kicks quand il courait vers le point de chute du ballon, il regardait les arbitres de touche car il faisait la course avec eux. » Une relation singulière s’était nouée entre les deux hommes. Raisuqe lui avait offert son maillot à l’occasion du match retour – son dernier avec Nevers – et le dernier match de Millotte en Pro D2 qu’il n’a pu réaliser du fait du Covid.
La rencontre qui devait opposer Castres à Clermont le 10 mai a été reportée au week-end du 24 mai. Ce samedi 10 mai à 11h, le Castres Olympique a convié tous ceux qui le désiraient à se rassembler à Pierre-Fabre pour un hommage solennel.
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