Top 14 : barragiste, est-ce si handicapant pour viser le titre ?
Les clubs qui disputent les barrages d’accès aux demi-finales ont-ils une chance de devenir champion de France ? Pour le savoir, RugbyPass a remonté les archives depuis l’instauration des play-offs, il y a 15 ans.
À quatre journées de la fin de la phase régulière du Top 14, rien n’est joué. Même le Stade Toulousain, 1er avec dix points d’avance, peut voir ses concurrents revenir au pas de charge en cas de contreperformance à Toulon dimanche.
Entre le deux extrêmes, l’UBB (2e, 69 points) et le RCT (3e, 67 points) sont au coude à coude pour une qualification directe pour les demi-finales.
Bayonne (4e, 58 points) semble bien parti pour jouer le barrage à domicile. Mais l’Aviron reste sous la menace du CO (5e, 53 points), qui a lui-même la meute aux fesses.
En effet, cinq équipes lorgnent la 6e place, dernier strapontin pour les phases finales. Entre Clermont, 6e, et la Section Paloise, 11e, quatre points d’écart seulement (voir classement en bas).
L’ASM, La Rochelle et Lyon comptent tous trois 48 points. Montpellier suit à un point. Le Racing à trois, Pau à quatre. Jamais, dans sa formule actuelle, le Top 14 n’avait été aussi serré à la veille de la 23e journée.
Mais cette lutte acharnée en vaut-elle la peine ? Les équipes terminant 5e ou 6e se lancent en effet dans un véritable parcours du combattant. Barrage d’accès aux demi-finales à l’extérieur, demie en terrain neutre, avant la finale au Stade de France.
Faisable ? Pour le savoir, RugbyPass a remonté le temps. On a repris l’historique du Top 14 depuis l’instauration des barrages d’accès aux demi-finales, au début de la saison 2009-2010. Quatorze saisons complètes (2019-2020 a été interrompue pour cause de Covid) qui permettent de dresser un état des lieux des chances de soulever le Bouclier de Brennus en fonction du classement final. Voici ce que ça donne.
Les qualifiés directs vont en finale trois fois sur quatre
Terminer à l’une des deux premières places de la phase régulière augmente fortement les chances de jouer le Brennus. Logique. En disputant un match de moins, on supprime un risque de défaite et on économise ses forces tout en regardant ses adversaires s’écharper.
Ainsi, seules 10 des 38 équipes qualifiées directement pour les demi-finales depuis 15 ans ont échoué sur l’avant-dernière marche. Mais quatre finales seulement ont vu l’affrontement entre les deux meilleures équipes de la saison. De 2018-2019 à 2022-2023, le titre s’est joué entre les deux qualifiés directs.
Neuf des 14 derniers titres sont revenus au leader ou à son dauphin : cinq fois pour le premier, quatre fois pour le deuxième.
Six de ces titres sont revenus au Stade Toulousain (2010-2011, 2011-2012, 2018-2019, 2020-2021, 2022-2023, 2023-2024), un au RCT (2013-2014), un à l’ASM (2016-2017) et un au MHR (2021-2022).

Un barragiste champion, c’est arrivé tout de même cinq fois en 14 ans
Dans plus d’un tiers des cas, une équipe classée de la 3e à la 6e place réussit à devenir championne de France.
Cela avait été le cas dès la première année de la mise en place des barrages. On se souvient que Clermont avait décroché son tout premier titre de champion de France en partant de la 4e place et donc d’un play-off au Michelin, contre le Racing (21-17).
Les Jaunards avaient dominé le RCT (35-29), 2e de la saison régulière, puis l’USAP, meilleure équipe de l’année et championne en titre, en finale (19-6).
Castres avait réédité la performance en 2012-2013. Le CO avait éliminé Montpellier en barrage (25-12), sorti l’ASM en demie (25-9) et battu Toulon en finale (19-14).
Le Stade Français en 2014-2015 avait écarté le Racing 92 en barrage (38-15), battu le RCT à Bordeaux (33-16) avant de dominer l’ASM, 2e de la phase régulière, en finale (12-6).
L’année suivante, le Racing 92 avait imité son voisin en sortant Toulouse en barrage (21-16) avant de s’imposer en prolongations devant Clermont à Rennes (34-33), puis de battre Toulon en finale à Barcelone (29-21).
Un sacre d’autant plus méritoire que les Racingmen menés par Dan Carter avaient joué plus d’une heure à 14 à cause du carton rouge reçu par Maxime Machenaud.
Les deux clubs franciliens, dans leur épopée, avaient malgré tout eu l’avantage de jouer leur barrage à domicile grâce à leur 3e place en phase régulière.

Le CO, seul champion en jouant son barrage à l’extérieur
Le Castres Olympique, lui, est la seule équipe à avoir été sacré championne de France en passant par le chemin le plus compliqué.
En 2017-2018, les Tarnais sont 8es à trois journées de la fin. Ils arrachent la 6e place dans la dernière ligne droite et sont alors en route vers une performance jamais reproduite.
Ils sortent le Stade Toulousain en barrage à Ernest-Wallon (11-23) sans avoir été une seule seconde au score. Les joueurs de Christophe Urios enchaînent par un succès à Décines sur le Racing 92 (14-19). Ils parachèvent leur œuvre par un succès incontestable en finale sur Montpellier (29-13).
Un exploit inédit et jamais renouvelé depuis, à peine frôlé par deux autres équipes : le MHR en 2010-2011, 5e de la phase régulière et battu en finale par Toulouse (15-10), puis Castres, décidément spécialiste du genre, 6e du championnat 2013-2014 et privé du titre par le RCT (18-10).
Il reste une configuration inédite : une finale entre deux clubs barragistes. Et si c’était pour cette année ?
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