Pour David Gérard, l'UBB doit « créer le chaos le plus total »
Pour espérer battre le Stade Toulousain, dimanche en demi-finale de Champions Cup, Bordeaux-Bègles devra « tenter des choses, innover », estime David Gérard, ex-deuxième ligne champion d’Europe avec les ‘rouge et noir’, passé aussi par le club girondin.
Toulouse s’est qualifié 14 fois sur 15 en Coupe d’Europe face à des clubs français. Quel est son secret ?
« Toulouse a fait de la Coupe d’Europe une priorité, c’est toujours la meilleure équipe qui y est alignée. Le Stade a souvent eu des équipes assez dominantes en Top 14 ou (auparavant) en Top 16 et si les équipes françaises essayent de te jouer comme elles te jouent en championnat, pour beaucoup ça ne passe pas, car le Stade est déjà prêt à ça. Très peu d’équipes françaises ont pris des risques en modifiant leur plan de jeu et leur façon de jouer parce que c’est la coupe d’Europe. Il faut tenter des choses, innover. »
Mais Toulouse est faillible parfois, notamment en Top 14…
« Ceux qui ont battu Toulouse lors de matchs couperet ont abordé le match différemment. Stratégiquement, ils ont trouvé des solutions, pris des risques. En 2006, Biarritz les dégomme (40-13) car (leur entraîneur) Patrice Lagisquet avait repéré une problématique défensive. J’en ai discuté avec lui quand j’étais son adjoint avec le Portugal, il avait attendu cette finale-là pour venir attaquer la zone qu’il avait vue faible. Il était sorti des sentiers battus. »
« Yannick Bru va vouloir sortir des sentiers battus »
« Autre exemple, le Leinster. En demi-finale à Dublin en 2023 (défaite 41-22), les Irlandais avaient un plan, ils ont ‘rushé’ le numéro 9 toulousain pendant tout le match. Que ce soit (Antoine) Dupont ou ensuite (Paul) Graou, ils ont vécu l’enfer. Dès qu’il faisait la passe, ils le plaquaient, en lui tombant dessus comme en rugby à 13, en le retardant dans les connexions, surtout Graou qui venait d’arriver et qui avait tendance à lever le ballon et à faire un pas. Ils avaient repéré tout ça. »
Cette culture de la gagne, Toulouse la cultive ?
« Péjorativement, on dit que le Stade est une machine à gagner. Tu y vas pour gagner des titres, car c’est une équipe qui sera compétitive, quelle que soit la compétition. Ils ne galvaudent rien, c’est quelque chose qui est dans les veines. Tous les entraîneurs ont amené leur pierre à l’édifice, les Villepreux, Novès, Bru ou Mola. Le truc qu’ils ont tous, ce sont des compétiteurs, des gagneurs. On dit qu’une armée est à l’image de son commandement, donc s’ils sont comme ça, c’est que les staffs sont comme ça, que le président est comme ça. »
« Créer le chaos le plus total »
Le staff de l’UBB a des racines toulousaines, ça peut aider ?
« Bien sûr qu’avoir Yannick (Bru) en face de toi, qui est le stratège, qui est très intelligent, c’est très intéressant. Il a commis des erreurs l’an dernier car tu ne peux pas arriver en finale du Top 14 et prendre autant de points (59-3). Yannick a appris des choses, il va vouloir sortir des sentiers battus pour trouver des solutions. Il a été de l’autre côté, il a subi ça de la part de ses adversaires et il l’a fait subir à ses adversaires, donc il connaît. »
Quel est le plan pour embêter les Toulousains ?
« Je créerai le chaos en fait, le chaos le plus total, avec un jeu de pression, de l’agressivité, qu’il n’y ait rien de facile dans ce match. Il faut que l’UBB joue à 200 % et se mette en surrégime car elle a des super joueurs. Il y a tellement tout à gagner pour l’UBB. La différence entre elle et le Stade, c’est le manque d’expérience à ce niveau-là et de vécu de ce genre de matchs. La clé sera devant où je trouve le Stade plus régulier. On parle beaucoup du jeu offensif toulousain, des trois-quarts mais c’est devant qu’ils catapultent les mecs : ballons portés, pick and go, ils sont monstrueux. »
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