La Pro D2, eldorado sportif et financier pour les Anglais
Par Gavin Mortimer
Le salaire moyen mensuel en Pro D2 s’élève à 4 000 euros. En Top 14, on grimpe à 21 000 euros. C’est la réalité du haut niveau : plus on monte, plus le portefeuille suit.
C’est pour ça que les matchs de barrages en Pro D2 ont autant d’enjeu. Monter en Top 14, ça peut changer une vie. Encore faut-il savoir gérer : beaucoup de promus redescendent dès la saison suivante.
Cette semaine, Provence a battu Soyaux-Angoulême pour lancer les barrages. Colomiers et Montauban se défient 24 heures plus tard. En demi-finales, les deux vainqueurs retrouveront Grenoble, leader de la saison régulière, et Brive, deuxième à quatre points.

Le vainqueur de la finale, le 7 juin, montera directement en Top 14. Le finaliste affrontera le 13e de Top 14 dans un Access Match.
Tout le monde ne touche pas 4 000 euros par mois en Pro D2. Courtney Lawes, aujourd’hui à Brive, perçoit 35 000 euros mensuels. Provence verserait 30 000 euros à George North. Plus que la moyenne donc, mais pas encore au niveau de ce que gagnent les joueurs de Top 14. Ainsi, Owen Farrell émarge à 65 000 euros par mois, malgré une saison marquée par les blessures. Dan Biggar, lui, encaisse 77 000 euros depuis son arrivée à Toulon en 2022, même si ses performances n’ont pas toujours été à la hauteur sur la Côte d’Azur.
De plus en plus d’Anglais préfèrent tenter leur chance en Pro D2. Sur les feuilles de match des 16 clubs de la division, on trouve presque partout un joueur venu d’outre-Manche.
Pour info, dans le Championship anglais, la deuxième division, le salaire moyen tournerait autour de 2 000 livres par mois (environ 2 375 €), avec quelques rares joueurs à 5 800 livres (6 900 €).
C’est pour ça que de plus en plus d’Anglais préfèrent tenter leur chance en Pro D2. Sur les feuilles de match des 16 clubs de la division, on trouve presque partout un joueur venu d’outre-Manche.

À Montauban, il y en a deux : Lewis Bean et Karl Wilkins, tous deux passés brièvement par les Bedford Blues. En demi-finale, Colomiers comptera sur Brett Heron à l’ouverture, ancien international U18 anglais passé par les Jersey Reds et les Harlequins.
Jeudi, on a aussi vu Jonny May avec Soyaux-Angoulême. L’ex-ailier du XV de la Rose a rejoint le club l’été dernier pour un salaire estimé à 6 000 € par mois. Ce n’est pas un choix financier : il voulait avant tout vivre une expérience familiale et culturelle. Et le pari semble réussi. Sportivement comme humainement, Soyaux-Angoulême a tenu ses promesses.
« Il faut qu’il y ait des enjeux, des récompenses, du risque. On donne tout sur le terrain, alors il faut qu’il y ait quelque chose à jouer. »
Invité du podcast The Good, The Bad and The Rugby, May a raconté l’ambiance incroyable dans un stade plein à chaque match à domicile (8 000 personnes). Il s’est dit favorable au système de montée/descente, qui donne un vrai sens à la fin de saison. « Il faut qu’il y ait des enjeux, des récompenses, du risque », a-t-il expliqué. « On donne tout sur le terrain, alors il faut qu’il y ait quelque chose à jouer. »
La Pro D2 est respectée. Par les clubs de Top 14 aussi. Professionnelle sur et en dehors du terrain, elle a servi de tremplin à plusieurs internationaux récents comme Thomas Ramos, Maxime Lucu ou Melvyn Jaminet.
Le rugby anglais tente de combler l’écart. La Championship va changer de format dès la saison prochaine. Le championnat passe de 12 à 14 clubs (avec Richmond et Worcester) et adopte un système de barrages inspiré de la Pro D2. Le champion des play-offs affrontera le dernier de Premiership pour une place dans l’élite.

Simon Gillham, président du tout nouveau Tier 2 Board et vice-président de Brive, a décrit cette réforme comme un mélange « d’ambition et de risque ». Comme Jonny May, il défend fermement le principe de promotion/relégation, même si Brive est descendu trois fois en dix ans.
Il comprend que certains dirigeants préfèrent une ligue fermée pour protéger leur investissement, mais il estime que c’est une vision à court terme : « S’il n’y a pas de risque, il n’y a pas d’émotion. »
Et sans émotion, pas de public. La Pro D2 a justement battu son record d’affluence sur la saison 2024-2025 avec 1 430 046 spectateurs, soit une hausse de 6 % par rapport à la saison précédente. Du jamais-vu.
« Le spectacle proposé par les clubs, leur professionnalisme et leur attachement à leurs territoires font de ce championnat une formidable vitrine du rugby français. »
La moyenne par match est de 5 959 personnes, mais certains clubs explosent ce chiffre : Brive (11 513), Grenoble (9 589), mais aussi des clubs moins médiatisés comme Soyaux-Angoulême (+30 % de hausse) ou Montauban (+38 %).
Comme l’a résumé Gillham dans ce même podcast, il faudra plusieurs saisons au rugby anglais pour combler l’écart avec la France. Mais avec du travail, ça peut payer.
Yann Roubert, président de la LNR, s’est réjoui de ces chiffres : « Cette saison historique confirme la vitalité de la Pro D2. Le spectacle proposé par les clubs, leur professionnalisme et leur attachement à leurs territoires font de ce championnat une formidable vitrine du rugby français. Bravo aux clubs pour leur engagement et leur passion. »
Cet article, publié initialement sur RugbyPass.com, a été adapté en français par Willy Billiard.
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