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Jimi Maximin, un parcours atypique, une explosion soudaine : « Ma carrière est faite de chance et de rebonds »

Jimi Maximin le doigt levé après avoir inscrit l'essai de la victoire avec Pau contre le Stade toulousain. (Crédit photo : Getty images).

Après un début de carrière long à se dessiner, Jimi Maximin (26 ans) a vu tout s’accélérer pour lui à vitesse grand V ces quatre derniers mois. Une récurrence enfin glanée dans le XV de départ de la Section paloise, un coup d’éclat en prime time contre le Stade toulousain le 18 octobre puis les honneurs de l’équipe de France et une première sélection le 15 novembre dernier contre les Fidji : le massif deuxième ligne (2,05m, 135kg) a vu s’enchaîner en quelques semaines des bonheurs jusqu’alors inconnus depuis son premier match en professionnel en 2018 avec Montpellier.

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Pour RugbyPass, celui qui a grandi et découvert le rugby presque par hasard dans l’Eure-et-Loire et a dû passer durant ses jeunes années par des prêts dans les divisions inférieures à Tarbes (Nationale) et Rouen (Pro D2) pour grapiller du temps de jeu est revenu en longueur sur son parcours vallonné et son ascension fulgurante.

Vous êtes originaire d’une terre peu imprégnée par le rugby. Comment en êtes-vous venu à choisir ce sport et pas un autre ?

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Il faut savoir que je ne viens pas d’une famille de sportifs. Mes parents ne faisaient pas de sport et rien ne me poussait à cela. Avant le rugby, j’ai fait une année de foot en tant que gardien ou défenseur. Un pote à moi qui faisait du rugby m’a ensuite incité à venir jouer avec lui, je l’ai écouté et ça m’a plu. J’ai commencé le rugby à 9 ans au RC Bonneval, un très petit club près de Chartres, et j’y ai joué jusqu’à mes 13 ans. J’ai ensuite fait un an au club de Chartres, j’ai pu être repéré par Montpellier lors d’une sélection top 100 régionale et je suis parti en Crabos au MHR.

Aviez-vous des modèles dans le rugby ?

Franchement, je ne regardais pas du tout le rugby étant jeune. Quand je jouais avec mes potes, je ne me suis jamais dit que je serai pro. Je n’ai jamais eu ce rêve et je n’avais pas de figure rugbystique. À la maison, on ne parlait pas non plus de rugby, si ce n’est ma mère pour me demander si je ne m’étais pas fait mal au match.

Votre première apparition en pro était un Montpellier – Racing 92 en mars 2018, match un peu particulier où deux de vos coéquipiers (Bismarck du Plessis et Mohamed Haouas) s’étaient battus à l’échauffement…

Le plus drôle est que je n’ai même pas vu cette altercation ! J’étais stressé pour mon match, concentré sur ce que je devais faire et ce n’est qu’après quand on en a parlé dans le vestiaire que j’ai été mis au courant. J’étais en tout cas très content de cette première expérience et j’en garde un super souvenir même si j’ai dû jouer moins de dix minutes.

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Il se dit que c’était très dur pour un jeune joueur de faire son trou au MHR à cette époque. Est-ce que c’est l’impression que vous gardez ?

Je ne suis pas fou non plus, je sais que s’il n’y avait pas eu une cascade de blessés en deuxième ligne, je n’aurais jamais joué cette année-là. Mais à l’image de ma carrière qui est faite de chance et de rebonds. J’ai toujours pris ce qu’il y avait à prendre. C’était l’année où Montpellier est allé en finale du Top 14 (contre Castres, ndlr), j’étais allé au Stade de France et j’ai reçu ma médaille. Bon, quand tu n’as fait que quatre ou cinq matchs et que tu es entré à chaque fois cinq ou dix minutes… on ne peut pas dire que je me considère vice-champion de France.

Jimi Maximin au tout début de sa carrière professionnel avec Montpellier. (Crédit photo : Instagram Jimi Maximin).

 

« Pendant le Covid, je me suis posé la question de continuer le rugby ou pas »

Vous parlez de chance mais vous avez quand même connu une rupture des ligaments croisés du genou droit lors de la saison 2018-2019 qui a considérablement freiné votre éclosion. Avez-vous douté sur votre capacité à poursuivre une carrière professionnelle ?

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Sur le moment c’est dur car tu es avec les pros, tu as aussi des sélections chez les jeunes… c’était une épreuve et il a fallu la surmonter mais je ne dirais pas que c’est ça qui a été le plus dur pour moi. C’est plus pendant le Covid que je me suis posé la question de continuer le rugby ou pas. J’étais en fin de contrat avec Montpellier, qui ne m’a pas prolongé et je ne trouvais pas de club. J’avais même arrêté le sport pour me concentrer sur la validation de mon bac+2. Avec mon agent, on s’était dit que je tenterai de trouver une place de joker médical durant la saison, peut-être en Pro D2 et que je ferai une formation en attendant.  Mais oui, je me suis dis que ça allait peut-être s’arrêter. Au final, la Section m’a tendu la main et j’ai signé mi-août à Pau (en 2020, ndlr).

Vous ne vous êtes pas imposé tout de suite à Pau…

Lors de ma dernière saison à Montpellier, j’ai eu une déchire aux ischios que j’avais mal soigné et sur cette première saison à Pau, ça se déchire de nouveau et mon ischio était ouvert en deux. J’ai mis presque six mois à me remettre de ça. Entre cette saison Covid à Montpellier et celle à Pau où je suis blessé, je ne joue quasiment pas. On prend donc la décision d’aller chercher du temps de jeu en prêt à l’étage inférieur mais les clubs de Pro D2 ne veulent pas de moi. J’avais été notamment visiter Montauban, mais ils ne m’ont pas pris. Du coup j’ai rebondi à Tarbes en Nationale. Je m’entraînais le lundi et le mardi avec Pau et je terminais la semaine à Tarbes. J’avais besoin de me confronter à du jeu d’avants et la Nationale t’offre vraiment ça. Cela a été une superbe expérience, je vais d’ailleurs encore les voir jouer quand je peux.

Pourquoi avoir fait un deuxième prêt ensuite, cette fois à Rouen ?

Quand je suis revenu à Pau, l’effectif n’avait pas trop bougé à mon poste. J’ai fait quelques matchs avec Tarbes en début de saison, puis je joue un peu pour la coupe d’Europe mais on convient avec Sébastien Piqueronies qu’il est bon pour mon évolution que je continue à jouer. Nicolas Godignon, qui m’avait fait venir à Pau et qui avait déjà mon frère Samuel en prêt, m’a alors demandé. L’opportunité de jouer en Pro D2, la possibilité de jouer avec mon frère et de me rapprocher de ma famille…tout était réuni pour que je dise « oui ».

« J’espère que ma saison ne se résumera pas à mon essai face à Toulouse »

Diriez-vous que ces deux expériences vous ont aussi amené à devenir le joueur que vous êtes aujourd’hui ?

C’est sûr ! Je ne sais pas comment cela se serait passé si j’avais pu jouer plus vite en Top 14, mais avec mon profil, le fait de pouvoir acquérir la maturation en passant par la Nationale puis la Pro D2 pour enfin s’épanouir en Top 14, cela a été une bonne chose pour moi. Je suis très content et fier de ce parcours.

Après une saison dernière perturbée par les blessures, vous avez fait votre trou dans l’équipe-type de la Section. Quel a été selon vous le déclic pour le staff vous concernant ?

Je dirais que c’était la saison dernière après le match à Bordeaux. Avant cela, je ne pense pas que j’avais la confiance des coachs. Du moins c’est mon ressenti. Après ce match qui s’est bien passé, j’ai pu enchaîner jusqu’à ma blessure. Je crois que ça a changé quelque chose dans la tête des coachs par rapport à l’image qu’ils se faisaient de moi. Après ça, sans dire que je devenais un titulaire, ils savaient qu’ils pouvaient me faire confiance.

Comment avez-vous vécu le match contre Toulouse cette saison, où vous donnez la victoire à Pau sur le fil (30-26) et qui demeure le point fort de votre première partie de saison en club ?

C’est un moment qui marque forcément. Je mets cet essai à la sirène qui nous libère contre une belle équipe de Toulouse. Sur le moment, je ne réfléchis pas du tout à ça. Je me prépare à aller sur le côté fermé et Luke Whitelock, au sol, me hurle « Non ! Poteaux ! ». Je me suis donc tourné dans l’autre sens et après, c’était instinctif avec un duel à jouer. C’est un très bon souvenir, j’espère juste que ma saison ne se résumera juste pas à cet essai.

L’annonce de votre présence dans la liste du groupe France pour la tournée d’automne est tombée peu après. Vous y attendiez-vous ?

Honnêtement, je ne m’y attendais pas du tout. J’étais en soin kiné et je vois un numéro commençant par 06 qui m’appelle. On a l’habitude de se faire harceler par les pubs, donc je ne réponds pas toujours, mais j’ai pris l’appel cette fois. C’était Laurent Sempéré. Il m’a demandé s’il ne me dérangeait pas, je lui ai dit que j’étais en soins et que je pouvais le rappeler plus tard. J’ai évidemment fait très vite pour terminer les soins et arriver rapidement dans ma voiture pour le rappeler, en espérant qu’il décroche ! Il m’a annoncé que j’étais dans la liste et c’était une très belle surprise, d’autant plus que je n’avais pas eu d’appel ou de rendez-vous avant qui m’aurait préparé à ça. J’y suis allé sans me prendre la tête et pas non plus pour regarder les mecs.

« Je ne me perds pas les chèvres parce que je suis monté à Marcoussis, que j’ai une sélection »

L’autre belle surprise a été votre entrée sur la feuille de match de France – Fidji. Quelle a été votre réaction ?

La surprise totale ! Avec les autres Palois Aaron (Grandidier), Fabien (Brau-Boirie) et Greg (Arfeuil), on savait qu’on ne jouerait pas et on devait descendre à Soustons le mercredi soir pour rejoindre notre club en stage. Le jeudi matin, Fabien (Galthié) m’a appelé pour me dire que Manny (Meafou) était malade, qu’il était incertain pour le match et que je devais me préparer à les rejoindre. Deux heures passent, il rappelle et me dit de monter à Bordeaux. Ce qui était bien, c’est que je n’ai pas eu la semaine entière pour me monter la tête avec la pression pour cette première sélection, j’ai été mis directement dedans.

Que garderez-vous de cette première sélection ?

Un souvenir incroyable ! Ma famille était-là, même si j’ai dû la faire venir au dernier moment. Chanter la première Marseillaise avec la grande équipe de France, ça touche. Entrer sur le terrain, être avec les mecs… Moi ces matchs-là, jusqu’à présent je les regardais à la télé ! Être dedans, c’était fou. Le fait de recevoir sa première cape après le match aussi, c’était beaucoup d’émotions. Après, je sais aussi que je n’aurais pas joué si Manny n’avait pas été malade. J’étais donc très content mais ce n’est pas pour autant que cela me fait prendre le boulard. C’était une super expérience mais j’ai conscience que mon niveau doit monter si je veux prétendre à pouvoir jouer même s’il n’y a pas de joueurs malades ou blessés.

Est-ce facile pour vous de garder les pieds sur terre ?

C’était incroyable mais cela ne change rien à ma personnalité. Je ne me perds pas les chèvres parce que je suis monté à Marcoussis, que j’ai une sélection… Je suis très heureux de ce qui m’arrive mais encore une fois, je n’aurais pas joué si Manny n’avait pas été malade. Je prends ce qu’il y a à prendre mais pas la grosse tête, je veux continuer à bosser et à progresser.

Est-ce votre historique en termes de blessures ou votre récent accident à l’échauffement du match Pau – La Rochelle qui vous invite aujourd’hui le plus à cette retenue ?

Ce qui s’est passé avant ce match de La Rochelle, c’est vraiment la blessure bête. Je porte le ballon, je vais au sol. Sacha Zegueur était avec un bouclier, se fait déblayer, recule et me met un coup de talon qui m’ouvre l’arcade et un crampon me griffe et me déchire la cornée. Cela aurait pu être très grave. Sur le moment, je n’y voyais plus rien de l’oeil droit et la douleur était telle que je n’ouvrais plus les yeux. J’ai passé quatre jours dans le noir à prendre des médicaments. Je devais être en vacances cette semaine là… Heureusement la cornée cicatrise bien et je n’ai pas de séquelle.

Vous avez coché un certain nombre de cases ces quatre derniers mois. Vous reste t-il des rêves à accomplir pour cette saison, comme jouer la phase finale de Top 14 ?

Jouer la phase finale cette année, je ne le vois pas comme un rêve mais comme un objectif. La Section travaille dur depuis des années pour pouvoir y arriver et cela viendrait valider le fait que le projet avance bien. Pour ma part, je continuerai à travailler au maximum et je verrai ce qu’il se passe. S’il y a un nouvel appel en équipe de France, ce sera tant mieux pour moi et je bosserai en tout cas pour que cela arrive.

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