Castres - Munster en 2002, une épopée gravée dans l'histoire du CO
En recevant Trévise samedi en huitièmes de Champions Cup, Castres retrouve les phases finales de la plus prestigieuse des compétitions européennes, 23 ans après une épopée tempétueuse, achevée en demi-finales et encore bien ancrée dans l’esprit des acteurs de l’époque.
« La saison était extrêmement mouvementée, elle était excellente, voire incroyable en Coupe d’Europe et par contre vraiment catastrophique en championnat, où on était vraiment aux abois », rembobine l’ex-arrière Romain Teulet.
Les Tarnais avaient connu une année paradoxale, inspirés et dominants sur la scène européenne, divisés et démunis en Top 16, la première division française de l’époque, devant attendre les ultimes journées pour décrocher un maintien vital pour le club.
« Autant on n’arrivait pas à mettre un pied devant l’autre en championnat, autant en Coupe d’Europe, on se lâchait, peut-être parce qu’on nous promettait la foudre et on pensait qu’on n’allait rien faire », se souvient François Plisson, ancien ailier et désormais consultant pour Canal+.
Ce relâchement et le talent brut d’une équipe composée d’une majorité d’internationaux ont amené le Castres Olympique jusqu’en demi-finale de ce qui s’appelait alors la HCup, apogée d’un parcours conclu par une défaite face aux Irlandais du Munster, un des cadors européens du début du XXIe siècle.
Un Castres Olympique « suréquipé » cette année-là
« On était suréquipés, franchement, c’était impressionnant les joueurs qu’on avait », affirme Romain Teulet, évoquant pêle-mêle l’ouvreur Gregor Townsend, désormais sélectionneur de l’Écosse, le troisième ligne argentin Ignacio Fernandez Lobbe, l’ailier Ugo Mola, aujourd’hui manager du Stade Toulousain…

Le potentiel est là, après une saison ponctuée d’une demi-finale perdue face au voisin toulousain sur la scène nationale. Mais Castres enchaîne les contre-performances et l’entraîneur Alain Gaillard est remercié. « Il y a un putsch des joueurs où on décide de se séparer de lui », indique l’ex-deuxième ligne Nicolas Spanghero.
Médiocre en Top 16, le CO va chercher, en autogestion, une victoire « fondatrice » selon Spanghero, sur la pelouse des Anglais des Harlequins avec le talonneur Raphaël Ibañez et le N.9 Alexandre Albouy dans le rôle d’entraîneurs-joueurs.
L’ancien talonneur Rémi Trémoulet prend alors les rênes de l’équipe, qui termine première de son groupe après avoir dominé le Munster à Castres (21-13).
Le CO s’offre un quart de finale épique à domicile et fait tomber l’ASM d’Olivier Magne, Gérald Merceron ou encore Tony Marsh (22-21).
Dans la cité tarnaise de 42 000 habitants, l’engouement monte tandis que les batailles pour le maintien en championnat ajoutent de la pression au quotidien.
La demi-finale est délocalisée à Béziers où la ‘Red Army’ et ses milliers de supporters irlandais survoltés débarquent, nuançant l’impression de jouer à domicile pour les Tarnais.
Les Rouges poussent fort derrière un XV ressemblant à s’y méprendre à l’équipe d’Irlande, avec une charnière composée des légendes Peter Stringer et Ronan O’Gara.
Regret et essai casquette
« On croyait être à la maison, mais il y avait 10 000 irlandais venus supporter le Munster », se rappelle le pilier argentin Mauricio Reggiardo.

En cette fin avril 2002, Castres a une performance historique à portée de mains, mais celles-ci tremblent.
« Le seul regret, c’est qu’on a un peu tendu le bâton pour se faire battre à certains moments, et les Irlandais, ils sont très forts sur ça », regrette Plisson.
« On perd de pas beaucoup (25-17, NDLR), en prenant un essai casquette », déplore Reggiardo, tandis que le buteur Romain Teulet se souvient d’une occasion manquée face aux perches qui aurait pu donner un bel avantage aux siens.
« Je mets trois pénalités, mais il y a un drop que je manque qui passe à 20 cm du poteau », dit-il, ajoutant : « Petit à petit, le travail de sape des Irlandais a fait la différence sur la deuxième mi-temps. »
La finale, remportée par Leicester à Cardiff, s’envole alors que Trémoulet quitte ses fonctions d’entraîneur laissant le groupe aller chercher son maintien, à nouveau en autogestion.
S’ensuit une traversée du désert de 23 ans en Coupe d’Europe, qui rehausse la portée de l’aventure vécue par les Castrais en 2002, comme le souligne Mauricio Reggiardo.
« Personnellement, je ne me rendais pas compte qu’on était aussi près de quelque chose d’énorme, (…) on n’avait pas pris conscience de ce qu’on était en train de réaliser. »
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