Arthur Retière, trois titres et une légende
Il était déjà considéré comme un porte-bonheur, il est aujourd’hui dans l’histoire.
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Arthur Retière est devenu le premier joueur à remporter la Champions Cup à trois reprises avec trois clubs différents. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’émotion était au rendez-vous après la rencontre.
« Si je joue dix minutes, il faut que ces dix minutes soient très bien, c’est mon état d’esprit. Je rentre à chaque fois 25-30 minutes donc je suis plutôt content. Que ce soit demi de mêlée, ailier… remplaçant, c’est comme ça, ça ne me dérange pas. » Tels étaient ses mots avant la finale, lui qui restait frustré de ne pas avoir joué la finale avec Toulouse l’an dernier.
Le destin l’a entendu, puisqu’il est entré en jeu dès la 20e minute après la sortie de Romain Buros, de quoi profiter pleinement de ce match de légende.
Arthur Retière avait remporté la Champions Cup 2022 avec La Rochelle, la première du club, en inscrivant l’essai de la victoire dans les derniers instants de la finale contre le Leinster au Vélodrome.
À l’intersaison 2022, il file à Toulouse pour jouer le même rôle que chez les Maritimes, à savoir celui de joker de luxe. Son punch, sa vivacité et sa pugnacité lui permettent de disputer 24 matchs et marquer 5 essais en Top 14 au cours d’une saison remportée avec brio par le Stade Toulousain contre… La Rochelle.
Si de cet exercice, on se souvient généralement de la domination toulousaine et de l’essai victorieux de Romain Ntamack au bout de la finale, il était principalement celui des leçons retenues chez les Toulousains.
Après une saison 2021/22 épuisante achevée en demi-finale des deux compétitions, le staff d’Ugo Mola avait décidé d’axer son recrutement sur le renforcement de son banc. D’où l’arrivée d’Arthur Retière, couteau suisse par excellence qui sera également du doublé la saison suivante avec Toulouse.
Ce statut de « supersub » semble pourtant lui convenir à merveille. « J’essaye de faire comme dans tous les clubs, de donner le meilleur, d’aider l’équipe surtout », explique-t-il dans un entretien accordé à l’AFP.
Se faire une place derrière deux OVNIs
À l’issue d’une saison 2023/24 durant laquelle, malgré deux titres, il n’a joué que 13 matchs en Top 14, il décide de rejoindre l’UBB, que Toulouse a battue en finale du Top 14.
Si la voie semblait bouchée pour lui du côté des Rouge et Noir, que dire de ce qui l’attendait à Bordeaux ? Rejoindre les hommes de Yannick Bru, c’était intégrer un effectif au sein duquel on retrouve Damian Penaud et Louis Bielle-Biarrey, deux des meilleurs ailiers du monde.
Là encore, le fils de Didier Retière prend les choses avec philosophie. « Franchement, il n’y a pas de concurrence malsaine, je suis très content pour ‘Loulou’ et Damian et c’est pour ça qu’on s’entend très, très bien. »
« On est là pour l’équipe et au vu de leurs qualités, heureusement que ce sont eux qui jouent. Moi, je suis toujours très content pour eux et ils le sont pour moi aussi, donc il n’y a aucune ambiguïté, on est tous là pour aider. Je ne fais pas l’équipe, ils ne font pas l’équipe, c’est Yannick (Bru) qui fait ses choix et c’est plutôt cool qu’on tourne tous. »
Perdre avant de gagner
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Arthur Retière n’apporte pas que sa polyvalence à ce groupe. Il amène également, au-delà de son palmarès, sa connaissance de la défaite.
Il n’y a pas de victoire sans défaite, véritable carburant de l’orgueil des champions. Avant de décrocher deux couronnes européennes et deux titres nationaux, Arthur Retière a également connu l’amère saveur de la défaite.
Avec La Rochelle, il a d’abord perdu la finale de Challenge Cup en 2019 (36-16 contre Clermont), avant d’enchaîner deux revers contre Toulouse en finale de Champions Cup (22-17) puis en finale de Top 14 (18-8) en quelques semaines en 2021.
« Perdre, c’est formateur. Tu détestes, tu as les larmes aux yeux mais au final, ça t’apprend beaucoup de choses. Je suis sûr que le fait d’avoir perdu (en 2021) nous a permis de gagner l’année d’après. »
Arthur Retière l’assume : ces défaites lui ont appris « beaucoup de choses » au bout du compte. « Pour moi, perdre les deux fois contre Toulouse nous avait fait le plus grand bien », explique-t-il.
« C’est très compliqué de finir deuxième, au pied de la médaille d’or. Voir les vainqueurs soulever le trophée, ça fait encore plus mal. Tu te demandes ce que tu as mal fait, tout le monde se remet en question. »
Retière dans l’histoire du rugby
Grâce à ces revers, Arthur Retière a appris à gagner, au point d’être aujourd’hui le premier joueur à avoir gagné la Champions Cup avec trois clubs différents. Le plus drôle, c’est qu’il ignorait qu’il pouvait réaliser cette performance avant le match.
« On m’a sorti ça récemment. Je ne le savais pas. » Malgré cela, il n’oublie pas qu’il n’était pas de la finale contre le Leinster l’an dernier. « Pour l’instant, je considère que j’en ai gagné une et demie. »
Aujourd’hui sur le toit de l’Europe, Bordeaux aborde désormais une dernière ligne droite qui peut lui offrir quelque chose d’unique : un doublé que seul Toulouse (1996, 2021, 2024) et Toulon (2014) ont réussi à réaliser en France. « C’est pour ça aussi qu’on joue au rugby : on se tape toute la saison pour vivre des émotions sur la fin. »
Une dernière question subsiste : le Leinster doit-il recruter Arthur Retière pour rompre sa malédiction ?
Je propose au Leinster de lâcher Lowe et de faire all-in sur Retière à la place juste pour voir
— Tonton R el Bigote (@b31stfc) May 24, 2025
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