World Rugby – Abdelatif Benazzi prône une « stratégie plus ouverte »
Jeudi prochain, à Dublin, au siège de World Rugby, les représentants du rugby international voteront pour leur nouveau président parmi trois candidats : Andrea Rinaldo (Italie), Brett Robinson (Australie) et Abdelatif Benazzi (France).
Dans l’univers du rugby français, il est courant d’entendre dire que World Rugby tend à favoriser l’hémisphère sud et qu’il est temps pour la France de (re)prendre de l’épaisseur et du poids au sein des instances globales.
C’est, du moins, ce qu’entend faire Abdelatif Benazzi, comme il l’a confié lors d’un entretien accordé à l’AFP.
À 56 ans, l’ex-international français aux 78 sélections et trois participations en Coupe du Monde a pour but de redynamiser un rugby mondial qui va « très mal » selon lui.
« On peut avoir l’impression lors Coupes du monde que c’est un sport mondial. » Le problème, c’est que « cela ne concerne que quelques pays majeurs […] alors peu de pays émergents. » D’autant que plusieurs des fédérations majeures accusent un dangereux déficit financier avoisinant parfois les « 10 millions d’euros ».
Pour Benazzi, attendre l’événement Coupe du Monde tous les quatre ans pour songer aux problèmes structurels de la discipline à l’échelon international est une absurdité, d’autant que les tournées automnales et estivales « sont un peu désuètes et sont moins rentables » pour les sélections de l’hémisphère sud.
Afin d’aider les nations à se refaire, la Nations Cup sera lancée en 2026. Elle mettra aux prises les meilleures nations des deux hémisphères.
Les difficultés économiques ne représentent pas le seul défi pour Abdelatif Benazzi. En effet, il a fait de l’ouverture son cheval de bataille pour sortir le rugby de l’entre-soi qui lui fait du mal depuis trop longtemps.
« Aujourd’hui 11 pays représentent 70% des droits de vote à World Rugby, cela contribue au conservatisme. Certains pays comme l’Espagne, le Portugal n’ont pas le droit de discussion. Ils subissent. »
En tant que Marocain, Abdelatif Benazzi tient à mener une véritable politique d’expansion du rugby en Afrique. « Je ne comprends pas pourquoi on est hésitant avec l’Afrique, qui représentera 40% de l’humanité dans le futur. »
En tant que Français, il veut refaire de l’Hexagone une place forte du rugby mondial. « Même la France, qui est un pays majeur, est exclue de certaines décisions. On est au conseil de World Rugby mais on n’est pas au bureau exécutif, or on a l’impression que les décisions se prennent là. Je voudrais donner plus de pouvoir au conseil. »