Après 15 ans, un format qui perdure en Top 14
Le format actuel est en vigueur depuis 15 ans en Top 14 et est annoncé comme l’avenir de la Ligue 1 en football.
Philippe Diallo, président de la Fédération Française de Football, a annoncé la potentielle création d’un format de play-offs pour décider du titre de champion de France de football, qui se dispute actuellement selon un format de saison régulière.
Cette annonce divise au sein d’un football habitué à récompenser le premier du classement.
« C’est un format qui ne me convient pas pour ce qui est de la Ligue 1 », a déclaré Adrien Mathieu, journaliste spécialiste du football, à RugbyPass. « Je suis pour un championnat de 34 ou 38 journées et que les choses soient figées à la fin. »
« Je peux comprendre le fait de vouloir ajouter du suspense et de faire des choses un peu différentes pour qu’on ne sache pas qu’à cinq journées de la fin, c’est le PSG qui sera champion. »
De son côté, Zack Nani, créateur de contenu foot, se dit intéressé par cette nouveauté dans sa vidéo YouTube Les play-offs vont-ils sauver la Ligue 1 ? parue le 14 mai 2025.
« Dans une Ligue 1 dont l’attrait est endommagé par le fait que certains clubs bossent mal et qu’en même temps un mastodonte, qui présente 19 des 20 plus gros salaires du championnat, c’est quasiment constamment joué d’avance. Donc pourquoi pas, ça peut être intéressant. »
Pourtant, cette formule a fait ses preuves au sein d’un Top 14 aux audiences qui augmentent d’année en année.
Top 14, 20 ans déjà
Le Top 14 a été définitivement créé en 2005, en remplacement du Top 16. Le but de la réduction du nombre d’équipes dans l’échelon le plus élevé était d’augmenter la compétitivité du championnat, tendance suivie par la Ligue 1 qui est repassée de 20 clubs à 18 cette saison.
Jusqu’en 2008/09 inclus, les quatre premiers se qualifiaient directement pour les demi-finales. Depuis 2009/10, les deux premières places offrent une qualification directe pour le dernier carré tandis que les places 3 à 6 donnent accès à un barrage. Là encore, le but est de maintenir le suspense et la compétitivité jusqu’à la dernière journée.
Sous ce format, Clermont (4e en 2009/10), Castres (4e en 2012/13), le Stade Français (4e en 2014/15) et le Racing 92 (4e en 2015/16) avaient réussi à finir champions en étant barragistes. Mais la performance la plus notable et « vendeuse » pour ce format reste celle du Castres Olympique en 2017/18.
Le CO avait alors fini 6e, place qui ne lui aurait pas permis d’aller en demi-finale avant 2010. Pourtant, Castres était allé au bout en battant Toulouse en barrages – à Ernest-Wallon qui plus est – avant de s’imposer contre le Racing 92 puis contre Montpellier.
Un championnat moins méritocratique ?
L’argument avancé par les « anti-barrages » s’entend.
Au-delà du suspense qu’offrent les barrages, la possibilité de survoler une saison régulière et tout un championnat pour finalement se faire couper la tête sur un seul match refroidit de nombreux fans.
Quand le football français s’inspire du rugby français 👀
Le président de la FFF envisagerait d’introduire des play-offs en Ligue 1 pour dynamiser la fin de saison, une révolution en vue ? 🤔#rugby #Top14 pic.twitter.com/heAu9NGXlb
— RugbyPass FR 🇫🇷 (@RugbyPass_FR) May 15, 2025
Ce postulat n’est pas sans rappeler le débat contrôle continu / contrôle terminal à l’école. Vaut-il mieux récompenser l’étudiant capable de maintenir un bon niveau au fil de l’année sans le pénaliser sur un potentiel faux pas en fin d’année ? Ou faut-il mettre l’accent sur la capacité à gérer le stress d’un grand examen pour prouver que l’on en maîtrise aussi la partie cruelle ?
Tout compétiteur répondra que l’essence du sport de haut niveau est de répondre présent le Jour J. Pour autant, en 2007/08, 2012/13 et 2015/16, si le Top 14 s’était joué à la saison régulière, Clermont aurait été champion.
Cela aurait réparé une anomalie du rugby français pour un club aussi prestigieux et régulier mais qui ne compte « que » deux titres de champion, et aucun fan de rugby n’aurait contesté ce mérite.
Changement de prisme et attractivité
Le nœud du problème réside principalement dans la perception que l’on a de la saison régulière. Pour apprécier les phases finales – ou play-offs – il convient de ne pas voir la saison régulière comme un championnat mais comme un long tour de chauffe.
Autre intérêt : l’attractivité pour le diffuseur et le public. Un championnat plié dès le mois d’avril remporté par une équipe qui termine avec une vingtaine de points d’avance n’attirera jamais autant de monde qu’un championnat dont le suspense est forcément ménagé jusqu’à son terme.
Le Stade Toulousain, actuellement premier avec 84 points, n’est pour autant pas invincible, comme l’a prouvé l’Union Bordeaux-Bègles. En battant Toulouse en demi-finale de Champions Cup, Bordeaux a donné de l’espoir à tous les barragistes potentiels et prouvé que sur un match, tout est possible.
Ces matchs couperets sont aussi une nouvelle source de revenus pour la Ligue Nationale, qui peut mettre en vente des billets pour deux matchs prestigieux supplémentaires dès le début de l’année. Ce n’est pas pour rien que les billets des demi-finales du Top 14 2024/25, qui se joueront au Groupama Stadium de Lyon les 20 et 21 juin, sont tous vendus depuis mi-avril alors qu’on ne connaît pas les qualifiés.
Un format trop lourd ?
Ce système de barrages a toutefois des défauts non-négligeables. Les exploits des barragistes devenus champions mentionnés plus haut peuvent être perçus comme une injustice sportive.
Aussi, cela rajoute des matchs et de la tension à une saison déjà longue et intense. Enfin, la critique peut se porter vers des équipes susceptibles de gérer leur saison et de balancer certains matchs tant qu’elles se qualifient pour les barrages dans la dernière ligne droite.
Quoi qu’il arrive, la fin de saison 2024/25 promet d’être passionnante. Quant au format play-off, il semble être le format de l’avenir, lui qui est déjà en vigueur dans la plupart des sports collectifs à une époque où les fédérations et les ligues cherchent à redynamiser leur discipline.
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