Édition du Nord
Select Edition
Nord Nord
Sud Sud
Mondial Mondial
Nouvelle Zélande Nouvelle Zélande
France France

Première pierre vers la professionnalisation du rugby en Espagne

Álvar Gimeno (n°14) célèbre son essai avec ses coéquipiers de l’équipe d’Espagne face aux USA Eagles lors d’un test-match de la USA Rugby Match Series 2025 au American Legion Memorial Stadium, à Charlotte (Caroline du Nord), le 12 juillet 2025. (Photo : Grant Halverson / Getty Images)

La Fédération espagnole de rugby vient de faire un grand pas en avant vers la professionnalisation du rugby. Elle vient d’accorder des bourses à 27 joueurs qui travailleront désormais principalement avec l’équipe nationale et la franchise des Castilla y León Iberians. Trois autres ont signé un accord à court terme, dont l’arrière John Wessel Bell.

ADVERTISEMENT

José Antonio Barrio, directeur du rugby espagnol, a détaillé ce projet ambitieux auprès de RugbyPass. « Notre objectif est de suivre et d’avoir le contrôle sur la saison de chaque joueur, surtout leur niveau de fatigue », explique l’ancien sélectionneur de l’équipe féminine.

« La majorité de nos internationaux font entre 30 et 35 matchs par saison, entre leurs engagements avec leurs clubs et l’équipe nationale. Ils étaient rincés et n’arrivaient plus à rester performants sur la durée. Nos relations avec les clubs se dégradaient, et avec ce nouveau cadre, on a trouvé un moyen de travailler en harmonie. »

Il sait que les effets concrets porteront sur les trois à six prochaines années. « Notre plan à moyen terme va au-delà de la Rugby Europe Super Cup et de la Coupe du Monde de Rugby 2027. Même si le travail a déjà commencé, les vrais résultats arriveront dans le cycle mondial suivant. C’est notre cible. »

« Notre plan à moyen terme va au-delà de la Rugby Europe Super Cup et de la Coupe du Monde de Rugby 2027. »

Les 30 joueurs concernés seront sous contrat spécial et évolueront principalement avec la sélection et les Iberians, tout en étant autorisés à rejouer en club en fin de saison. Certains ont accepté de revenir au pays pour tenter l’aventure pro.

« Il y avait des joueurs qui galéraient un peu en France, en Italie ou en Angleterre. On voulait leur donner une meilleure plateforme et de meilleures conditions. On en a déjà récupéré cinq. Ça ne veut pas dire qu’ils ne pourront pas repartir plus tard vers un grand club en France, par exemple. On veut surtout leur montrer que partir à l’étranger n’est pas la seule voie pour jouer à haut niveau », insiste Barrio.

Le projet a été bien accueilli par les joueurs et les clubs. « Les périodes de changement sont toujours délicates. Même si les clubs étaient inquiets, tout le monde a fini par se retrouver pour trouver un accord, parce que tout le monde est préoccupé par la même chose : les joueurs. On veut qu’ils soient au meilleur niveau, que ce soit pour la sélection, les Iberians ou leurs clubs. »

« On est contents que les joueurs aient accepté de s’engager pour travailler avec nous. Certains ont préféré garder leur statut et on n’a eu aucun problème avec ça. Je peux confirmé que le nombre de refus a été très faible et qua la plupart ont accepté. La Fédération et les joueurs espagnols ont le même but : intégrer l’élite mondiale », ajoute-t-il.

Déjà plusieurs joueurs engagés

Parmi les joueurs engagés figurent les internationaux Estanislao Bay, Gonzalo Vinuesa, Thierry Futeu (passé par le Stade Français, Carcassonne et récemment Niort), Lucas Santamaría (Tarbes), Matthew Foulds, Álvar Gimeno (ancien de Béziers) et Santiago Ovejero (venu de Nice). Ils devront mettre entre parenthèses leurs autres activités professionnelles hors rugby. « Les joueurs devront respecter un emploi du temps strict, ce qui rendra difficile d’avoir un deuxième travail. Ils seront éloignés de chez eux au moins six mois par an. On veut qu’ils soient totalement concentrés sur le projet, leurs tâches et leur développement. »

ADVERTISEMENT

La franchise des Iberians servira de tremplin à l’équipe nationale pour l’aider à intégrer le top 15 mondial. En plus des 30 premiers joueurs, dix jeunes joueurs sous contrat Espoir pourront aussi être appelés ponctuellement pour des stages d’entraînement. Mais Barrio rappelle que les résultats ne sont pas la priorité immédiate.

« On considère cette saison comme l’année zéro. Notre but est de poser les bases et d’aider les joueurs à progresser. Les résultats comptent, mais nos objectifs vont au-delà. On doit fournir à la sélection des joueurs capables d’impacter le niveau international. »

« On travaille avec World Rugby pour trouver d’autres opportunités de jeu pour la franchise. »

La Rugby Europe Super Cup sera le principal terrain d’expression, mais pas le seul. « On travaille avec World Rugby pour trouver d’autres opportunités de jeu pour la franchise. Pour l’instant, la Super Cup est notre compétition phare, mais il manquera une dizaine de matchs. On espère combler ce vide prochainement. »

Les Iberians lanceront leur saison le 10 octobre à Palencia contre les Brussels Devils. Raúl Pérez, ancien entraîneur des Jaguares, sera à leur tête aux côtés du sélectionneur national Pablo Bouza.

« Raúl Pérez travaille depuis plusieurs années dans nos académies de jeunes et connaît notre fonctionnement », note Barrio. « Il a coaché les U20, il a marqué beaucoup de ceux qui vont jouer avec les Iberians. Il a aussi une grande expérience du haut niveau. »

Le rugby féminin sur la même pente

Alors que les Iberians pourraient intégrer une nouvelle compétition en 2026, Barrio prépare aussi un calendrier compétitif pour le programme féminin. « Nous attendons que World Rugby annonce ce qui viendra après la Coupe du monde, notamment le WXV et peut-être des compétitions internationales pour notre franchise féminine. Il est essentiel pour nous de savoir où aller ensuite, que ce soit rejoindre une ligue celtique, une compétition française ou affronter des franchises sud-africaines. »

ADVERTISEMENT

Alors que les joueurs s’apprêtent à disputer le premier de leurs 27 matchs de la saison, Barrio espère que d’autres fédérations européennes suivront l’exemple de l’Espagne et mettront en place leurs propres programmes de contrats centralisés. Pour lui, cet accord comporte peut-être des risques, mais il peut surtout faire entrer le rugby espagnol dans une nouvelle ère.

« Le comité directeur était aligné avec nos idées, et ce changement va être fort et marquant pour nos joueurs et notre pays. Je suis heureux du projet et du plan, et même sans savoir s’il réussira ou non, le fait d’avoir mis nos différends de côté pour construire quelque chose de nouveau est déjà un pas positif pour toutes les parties concernées. »

Cet article publié sur RugbyPass a été adapté en français par Willy Billiard.

Related

Download the RugbyPass app now!

Actus, exclus, stats, matchs en direct et plus encore ! Téléchargez dès maintenant la nouvelle application RugbyPass sur l'App Store (iOS) et Google Play (Android) !

ADVERTISEMENT
Play Video
LIVE

{{item.title}}

Trending on RugbyPass

Commentaires

0 Comments
Soyez le premier à commenter...

Inscrivez-vous gratuitement et dites-nous ce que vous en pensez vraiment !

Inscription gratuite
ADVERTISEMENT

Latest Long Reads

Comments on RugbyPass

Close
ADVERTISEMENT