Personne ne comprend comment la France a pu perdre comme ça

C’est un véritable paradoxe qu’a vécu le XV de France lors de son Crunch à Twickenham samedi 8 février. Jusqu’au coup d’envoi, on ne cessait de se référer à la claque qu’il avait infligé aux Anglais en 2023 lors de sa dernière visite à Londres, 10-53. D’autant que les Bleus étaient sur une série de trois victoires d’affilée contre leurs « meilleurs ennemis ».

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Après la déconvenue du 8 février, Fabien Galthié a continué à faire le parallèle avec 2023. « Par moment, cela ressemblait au scénario d’il y a deux ans. Sauf qu’il y a deux ans, ça marquait », a-t-il relevé en conférence de presse. L’ancien sélectionneur Marc Lièvremont poursuivait : « Sur le contenu, il n’y a pas photo ; on est largement au-dessus » de 2023, dit-il.

Thomas Ramos le confiait aussi en zone mixte après le match : « Ce qui est dommage, c’est que j’ai l’impression qu’on fait un bon match offensivement. On arrive à breaker cette défense agressive. C’est ce qui est frustrant. » Mais qu’a-t-il bien pu se passer pour se prendre une telle tôle ?

Quatre chiffres ont été avancés pour tenter d’expliquer le naufrage : 4 occasions franches de marquer (5e, 21e, 22e et 43e) à chaque fois avortées par un dernier geste imprécis, 27 fautes de main (contre 12 pour les Anglais), 19 pertes de balle, seulement 78% de plaquages réussis. Mais comment cela a-t-il pu se faire pour une équipe du niveau de la France ?

Shaun Edwards : « Je n’ai jamais vu ça auparavant »

« On a laissé trop d’occasions en route. À ce niveau-là, si on ne les met pas au fond, on ne gagne pas le match à la fin. C’est aussi simple que ça », disait Antoine Dupont, dépité. Aussi simple ? Mais aussi très surprenant car même les Anglais n’ont rien montré de flamboyant si ce n’est leur courage et leur détermination (ce qui est déjà beaucoup, ok).

Même le Gallois Shaun Edwards, entraîneur en charge de la défense des Bleus, n’en revenait pas : « On s’est fait avoir, hein ? Chaque fois qu’on s’approchait de la ligne d’essai, on semblait tout simplement laisser tomber le ballon. Je n’ai jamais vu ça auparavant. Les Français sont normalement de magnifiques maîtres du ballon. »

« L’Angleterre a été critiquée pour son style de jeu, et cela s’est confirmé sur le terrain », remarquait l’ancien ouvreur international Paul Grayson sur la BBC. « La France aurait pu inscrire 50 points aujourd’hui sans difficulté. Les Anglais ont multiplié les erreurs, et leur jeu au pied de dégagement a souvent été remis en question. »

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« Pour moi, l’histoire de ce match, c’est que la France a eu dix occasions de marquer des essais et ne les a pas concrétisées », a déclaré l’ancien ailier irlandais Andrew Trimble sur Virgin Media Sport.

« La France était loin du niveau auquel on l’attendait. »

« Nous avons vu la même chose arriver à l’Irlande l’an dernier à Twickenham. L’Irlande n’était pas dans son match, et l’Angleterre a su en profiter avec le drop de dernière minute de Marcus Smith. Ils sont capables de faire la différence si vous passez à côté. La France était loin du niveau auquel on l’attendait. »

Même les Anglais semblaient ne pas trop comprendre ce qu’il s’était passé à Twickenham. « Ce match était loin d’être parfait. Pendant une grande partie du match, nous n’avons pas été aussi précis que nous le voulions. Je prends la responsabilité du manque de précision en touche. Steve (Borthwick, ndlr) et les entraîneurs nous feront, comme toujours, une analyse honnête lors de la prochaine séance d’entraînement », confiait le capitaine Maro Itoje, insatisfait, mais heureux de la victoire quand même.

« Les Français sont une équipe impressionnante et j’ai eu l’impression qu’ils nous ont épargnés pendant la première période et nous avons senti que l’élan devait nous revenir à un moment donné », s’interrogeait l’homme du match, Fin Smith. Mais pourquoi diable la France aurait fait ça ?

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🇫🇷 Le sélectionneur du XV de France revient sur la défaite de son équipe lors du crunch à Twickenham. #ANGFRA pic.twitter.com/hFRaSnWX6E

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« La France est capable de briller ballon en main, mais elle a manqué de réalisme là où on l’attendait impitoyable. De son côté, l’Angleterre a fait preuve d’un immense courage, mais ses choix et sa gestion du jeu ont parfois été totalement déroutants », abonde « Anon », un supporter écossais cité par la BBC.

« Même Antoine Dupont n’a pas pu sauver la France. »

Le média britannique ne cachait pas sa surprise : « Même Antoine Dupont n’a pas pu sauver la France. »

« Soyons honnêtes, l’Angleterre a eu de la chance lors de la première période, car la France a eu de nombreuses occasions. Mais il faut savoir saisir ses chances, et c’est ce qu’a fait l’Angleterre », notait l’ancien demi de mêlée international Matt Dawson.

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« Une victoire construite sur la puissance et la résilience plutôt que sur la créativité, mais c’est l’intensité défensive de l’Angleterre, emmenée par Ben Earl, Tom Curry et Maro Itoje, qui a servi de socle à la confiance et aux actions décisives menant au succès. Dans un match haché, les 39 fautes de main ont brisé tout élan offensif », remarque Planet Rugby.

Doit-on en déduire que si l’Angleterre a gagné c’est uniquement du fait des maladresses de la France dont les Anglais ont su profiter ? Si l’Angleterre avait besoin de cette victoire après une année difficile, est-ce que la France avait besoin de cette défaite ? Galthié a balayé les attaques faciles sur une prétendue suffisance de son équipe. Or, contre l’Italie l’an passé (match nul 13-13), on a vu ce que la suffisance pouvait faire. C’était déjà une bonne leçon, alors à quoi bon refaire la même erreur ?

La France est tombée de haut. On jugera de la qualité d’une équipe à sa capacité à se relever et à revenir encore plus forte. L’Italie, l’Irlande et l’Écosse sont prévenus. La France a encore les moyens de gagner le Tournoi.