« On a déjà joué 9 matchs, mais il en reste 17 » : le défi colossal de Laurent Labit à l’USAP
Ce mardi 11 novembre au matin, le nouveau manager de l’USAP Laurent Labit va mener son premier entraînement. Une semaine après avoir pris la succession de Franck Azéma, le technicien arrive un défi colossal : faire remonter l’USAP dans le classement du Top 14 alors que le club ne compte qu’un malheureux point acquis en neuf journées.
Ce point si précieux, c’est à Pau qu’il l’a obtenu lors de la dernière journée marquant la fin du premier bloc (défaite 27-23). Et c’est à partir de là que Laurent Labit veut construire. « Je crois que le groupe a montré que sa saison avait vraiment démarré à Pau », a-t-il évoqué sur l’antenne de Ici Roussillon, dans l’émission 100 % USAP.
« On a vu une très belle réaction, une vraie tenue dans ce match. Avec juste un petit surplus de confiance, je pense que l’équipe aurait pu l’emporter là-bas. C’est intéressant, et évidemment, on va essayer de construire là-dessus. Le travail effectué dans la semaine, avec Mathieu Cidre a été très juste dans la préparation. Et les joueurs ont parfaitement appliqué ce qui avait été travaillé. Il y avait derrière un état d’esprit remarquable.
« On le sait depuis le début, gagner à Pau c’est compliqué pour tout le monde. Et là, on a vu une USAP qui, par fierté, n’a rien lâché. Au contraire, elle est revenue dans le match, a mis la pression à la Section jusqu’à la fin. Pau était très content de pouvoir taper en touche pour conserver sa victoire. »
Pour transformer l’essai, Labit et son nouveau staff ont déjà ciblé leur prochain match, contre Montpellier le 22 novembre. Problème, suite à des sanctions, celui-ci ne devrait pas se dérouler à Aimé-Giral, mais sur terrain neutre, vraisemblablement à Béziers. La réponse devrait intervenir le 12 novembre.
« Déjà, on attend la décision finale, parce que le club a quand même tout tenté depuis plusieurs semaines pour essayer d’alléger la sanction, ou de la modifier, ou au moins de faire décaler cette délocalisation », rappelle Laurent Labit. « Si ce n’est pas le cas, il faudra assumer par rapport aux erreurs qui ont été faites ce jour-là.
« Mais on ne va pas se chercher d’excuses, on l’a dit. On aura une équipe de l’USAP très remontée pour ce match contre Montpellier, que ce soit délocalisé ou à Aimé Giral – ce qu’on espère évidemment. Mais peu importe le lieu, il n’y aura pas d’excuses. On envisage une seule issue : la victoire. »
Car la maison brûle depuis le début de la saison, qui n’a fait que prolonger une fin de saison dernière cauchemardesque au terme de laquelle l’USAP s’est sauvée de justesse. « On a plusieurs objectifs », détaille Labit, « mais le tout premier, à très court terme, c’est la réception de Montpellier. Ce match-là doit valider ce qu’on a vu à Pau, et avec les deux semaines de préparation qu’on a eues, on doit absolument aller chercher cette première victoire de la saison en championnat. C’est notre priorité immédiate.
« Il en reste dix-sept, donc 85 points à prendre. Et comme je l’ai déjà dit, ce championnat, les séries – qu’elles soient bonnes ou mauvaises – peuvent très vite tourner… »
« Après, oui, il y a eu neuf matchs, mais il en reste dix-sept, donc 85 points à prendre. Et comme je l’ai déjà dit, ce championnat, les séries – qu’elles soient bonnes ou mauvaises – peuvent très vite tourner. Il suffit qu’une équipe, juste au-dessus de nous ou pas très loin, enchaîne une série de huit ou neuf matchs sans résultat. La saison dernière, La Rochelle a passé neuf journées sans gagner. Donc ça peut arriver à tout le monde. À nous de prendre les points quand ils se présentent, et si on enchaîne, le championnat peut très vite basculer. »
Les secteurs clés à améliorer
Suite à ce début de saison manqué, le nouveau manager a déjà identifié les secteurs clés qu’il faudrait vite améliorer. « C’est sûr que le territoire et l’occupation, c’est un secteur très, très important », observe-t-il. « Et la discipline aussi. La discipline, on le voit clairement, il suffit de regarder les chiffres : on est l’équipe la plus pénalisée. Et pourtant, il y a un paquet de fautes qu’on peut éviter largement. Donc on va bosser avec les joueurs là-dessus, parce que certaines pénalités nous mettent en grande difficulté derrière. Il y a des fautes qui, au départ, paraissent anodines, à 40 ou 50 mètres, dans des zones où on n’est pas forcément en danger. Et ces fautes-là nous obligent ensuite à défendre une touche dans nos 22, et on se retrouve sous pression pour rien. Donc voilà, on a déjà identifié des domaines où on peut rectifier le tir rapidement. Et comme je l’ai dit, on veut imprimer notre culture à cette équipe. On veut aller marquer, aller scorer, pour gagner les matchs.
« Ce que je constate aussi, sur les neuf premières journées – et c’est pas propre à l’USAP, c’est valable pour tout le Top 14, pour le haut niveau en général – c’est qu’il y a des secteurs, des éléments incontournables. L’occupation, le jeu au pied notamment. Et on peut voir que les trois équipes en bas du classement sont aussi celles qui utilisent le moins le jeu au pied dans ce championnat. Et aujourd’hui, on sait très bien que, physiquement, athlétiquement, ça demande énormément d’énergie de garder trop longtemps le ballon dans son camp, surtout vu le niveau des défenses actuelles dans le rugby moderne. Donc déjà, ça, c’est un petit indicateur qui nous donne une idée : pour nous, l’objectif, c’est clairement d’essayer de jouer plus haut sur le terrain, plutôt que de cramer de l’énergie inutilement trop bas. »
« Je peux comprendre que certains soient peut-être déjà tournés vers autre chose, vu la situation actuelle de l’équipe. Ceux qui ne sont pas prêts à s’engager à fond dans la mission de relever l’USAP ont intérêt à sortir du vestiaire maintenant. »
Pour cela, Laurent Labit compte bien mettre sa méthode à profit. Une méthode avant tout basée sur l’humain, la responsabilité. « Mon management, il passe toujours par le collectif, par la solidarité », dit-il. « Bien sûr qu’il y a des joueurs qui ressortent plus que d’autres, mais la priorité, c’est l’équipe, c’est le collectif. Que ce soit dans le staff, c’est pareil chez les joueurs. On le sait, on est dans un championnat qui est très long, très dur, et on a besoin de tout le monde, de toutes les compétences, que ce soit les joueurs qui jouent beaucoup ou ceux qui jouent moins. Et justement, notre rôle, c’est de les maintenir prêts, à ce niveau-là, pour qu’ils soient performants le jour où on fera appel à eux avec ce maillot. »
Cela passe par des réunions collectives, des entretiens individuels, des discussions régulières que le nouveau staff a déjà menées. « C’était important de clarifier les choses, pour que tout le monde soit aligné. Je peux comprendre que certains soient peut-être déjà tournés vers autre chose, vu la situation actuelle de l’équipe. Mais justement, autant le dire tout de suite et ne pas compter sur eux. Ceux qui ne sont pas prêts à s’engager à fond dans la mission de relever l’USAP et de la maintenir en Top 14, ils ont intérêt à sortir de la salle ou du vestiaire maintenant, plutôt que de trahir ce maillot. Ce maillot, il a une histoire. On est dans un club historique, on peut pas galvauder ça. »
« Jouer à Aimé-Giral, c’était un peu comme aller affronter Tyson dans le Bronx à l’époque… »
Laurent Labit sait où il met les pieds, après avoir joué à Aimé-Giral du temps où il était joueur. « C’est vrai que quand on venait jouer à Aimé Giral, un peu comme Toulon à Mayol, on savait à quoi s’attendre. Pour ceux qui aiment les comparaisons, c’était un peu comme aller affronter Tyson dans le Bronx à l’époque », sourit-il. « Tu savais que ça allait être très très compliqué. Et ça doit être ça, Aimé Giral. Bien sûr, il y a un cadre, des règles du jeu, que ce soit dans les tribunes ou sur le terrain. Mais il faut que les gens, dès qu’ils descendent du bus, ils sentent que ça va être dur. »
Cette fierté catalane, il compte bien l’honorer : « Ce soutien-là, faut le mériter. À l’USAP, on ne demande pas le soutien des supporters, il faut aller le chercher sur le terrain. »