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Le voyage initiatique de Scott 'Razor' Robertson en France

Scott Robertson, ici derrière le pilier international français Nicolas Mas et devant le pilier italo-argentin Sebastian Bozzi, a joué trois saisons dans le championnat de France, sous les couleurs de Perpignan (Photo RAYMOND ROIG/AFP via Getty Images).

Le sélectionneur des All Blacks, Scott Robertson, a joué trois ans à Perpignan, entre 2003 et 2006. “Razor” avait déjà en tête l’idée de devenir entraîneur et est arrivé avec la curiosité et la fraicheur d’un junior. RugbyPass a retrouvé quelques témoins de cette époque.

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Il est sans doute, avec le Sud-Africain Rassie Erasmus, l’entraîneur le plus « bankable » actuellement. Nommé à la tête des All Blacks au lendemain de la finale de Coupe du Monde perdue contre l’Afrique du Sud (11-12), le 28 octobre dernier, Scott Robertson va affronter la France ce samedi pour la première fois en tant que sélectionneur de la Nouvelle-Zélande.

En préambule de sa carrière d’entraîneur qui l’a mené à la tête de la sélection la plus mythique du rugby mondial, ‘Razor’ avait empilé les succès avec les Crusaders, la franchise qu’il mena à sept titres consécutifs de Super Rugby en… sept saisons, et autant de démonstrations de breakdance à même la pelouse et sous la pluie.

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All Blacks coach Scott Robertson on what to expect from England | RPTV

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All Blacks coach Scott Robertson on what to expect from England | RPTV

New Zealand head coach Scott Robertson chatted to Lawrence Dallaglio ahead of the Autumn Nations Series clash against England. Watch the full interview on RugbyPass TV.

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Mais avant d’être un tel entraîneur à succès, Robertson a été un 3e ligne de devoir qui a gagné le surnom de ‘Razor’ par sa capacité à découper tout ce qui passait à portée de main. Pas le meilleur de sa génération, mais suffisamment doué et/ou travailleur pour compiler 23 sélections avec le mythique maillot noir.

Quand il débarque en France, en 2003, il n’a plus revêtu la tunique à la fougère argentée depuis un an, et les étrangers sont encore rares dans un Top 16 professionnel depuis quelques années seulement. Les All Blacks présents dans le championnat de France ne sont pas légion et la signature de Robertson à l’USAP fait son petit effet dans le microcosme rugbystique.

« Ces garçons coûtaient moins cher que des Français »

Cette année-là, le club catalan frappe fort dans son recrutement : il embauche non seulement Robertson, mais aussi l’Australien Dan Herbert (67 sélections avec les Wallabies et actuellement président de Rugby Australia) et Dan Luger, tout frais champion du monde avec l’Angleterre.

« À l’époque, l’USAP était dans les quatre, cinq meilleurs clubs français, faisait les phases finales. C’était plus facile d’attirer des garçons de renom », se rappelle Marcel Dagrenat, président du club perpignanais à ce moment-là, contacté par RugbyPass. « Mais l’idée de base, c’était l’aspect financier : ces garçons coûtaient moins cher que des Français ».

Même s'il arrivait plutôt en fin de carrière à l'USAP, "Razor" était encore bien affûté. Demandez donc au Munsterman David Wallace, pris par la faucheuse sous les yeux de Nicolas Durand (Photo FRAN CAFFREY/AFP via Getty Images)
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Une bonne affaire, donc, pour une USAP armée d’un effectif aussi couleur locale (huit joueurs formés au club) que cosmopolite (sept nationalités). « On recevait une star ! » s’enthousiasme encore l’ancien 2e ligne Christophe Porcu, trois sélections avec l’équipe de France. « Une star issue des All Blacks, leur meilleur plaqueur, le découpeur. On était contents d’avoir un tel joueur dans l’effectif et de ce qu’il allait nous apporter ».

C’est donc nimbé d’une réputation flatteuse que Robertson arrive dans le Roussillon. Lui débarque avec un projet qui lui trottait en tête depuis quelques années déjà. « Il a toujours été curieux et voulait venir en France pour ouvrir son esprit », dévoile son ami Manny Edmonds, qui l’a connu en Super Rugby avant de l’accueillir à Perpignan. « Son idole, c’est Wayne Smith qui l’entraînait quand il est arrivé à Canterbury. Smith parlait tout le temps de son expérience en Italie. Ça intéressait beaucoup Scott, il avait envie de découvrir une autre façon de voir les choses. »

Ce sera donc l’USAP, et l’ancien ouvreur australien, au club de 2002 à 2007 puis de 2010 à 2011, n’y est pas pour rien : « On se connaissait un petit peu, on s’était affronté plusieurs fois en Super Rugby. Il m’a contacté deux fois, je crois. Quand je suis rentré (en Australie) après la saison 2002-2003, il est venu à Sydney avec sa femme, j’ai passé du temps avec eux, on a pris un café et on a parlé de la vie en France. Il s’est beaucoup renseigné avant de venir ».

Le choix est le bon même si individuellement, la première saison n’est pas la plus aboutie. Toujours Edmonds : « Sportivement, c’est toujours compliqué de s’intégrer, il faut apprendre un nouveau système de jeu, avec le langage qui vient avec. D’autant plus pour quelqu’un comme Scott qui venait d’une autre organisation, avec qui il avait passé beaucoup de temps. Il connaissait par cœur le plan de jeu de Canterbury donc ça lui a pris un peu de temps pour digérer celui de Perpignan. »

« On était des paysans, et lui est arrivé avec son professionnalisme »

Humainement, en revanche, aucun souci. Tout le monde loue sa personnalité avenante, curieuse, bienveillante. Un garçon « facile » (Porcu), « délicieux, très simple, alors qu’on regarde les All Blacks comme des dieux » (Dagrenat).

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Collectivement, le stage hivernal en février 2004 dans les Pyrénées catalanes marque un tournant. ‘Razor’ découvre à l’occasion la situation géographique avantageuse du Pays catalan, où mer et montagne sont distantes d’à peine plus d’une heure. « Il me disait “c’est unique au monde de pouvoir skier le matin et prendre un bain de mer l’après-midi. C’est extraordinaire, ma famille ne comprend pas” », sourit Dagrenat.

Grâce à ce stage, la mayonnaise prend enfin entre Français et anglophones, et l’USAP finit la saison en boulet de canon.

« C’est à partir de ce moment-là que le groupe s’est créé. Après ce stage, il y a eu beaucoup plus de respect des Français pour les étrangers, et vice versa », estime Manny Edmonds, élu par ses pairs meilleur joueur du championnat cette même année. « On a enchaîné les belles victoires jusqu’à la finale du Top 16 en 2004 ».

Un an après la défaite en finale de HCup (17-22), l’USAP cale à nouveau sur la dernière marche, face au Stade Français (20-38). De quoi, malgré tout, bien lancer l’aventure. « Mon meilleur souvenir de cette période reste probablement la finale que nous avons perdue. Ce jour-là, nous n’en avons pas fait assez, mais voir tous les Catalans avec leurs barbecues, à manger des escargots sous la tour Eiffel, c’était vraiment extra », confiait ‘Razor’ à Actu Rugby il y a trois ans.

Surtout, il profite de ce nouvel environnement pour butiner tous azimuts. « Je pense que si on lui avait donné une partie de l’entraînement de l’USAP, en tant que joueur, il l’aurait pris », juge Dagrenat. « Il apportait énormément de techniques d’entraînement. À l’époque j’avais un entraîneur un peu fermé (Olivier Saisset, ndlr) mais lui était très ouvert à ça. Le vestiaire avait son oreille, car il était capé depuis un moment chez les Blacks, il a été capitaine des Blacks. Sur les méthodes d’entraînement, le protée des entraînements, il savait de quoi il parlait ».

« Il proposait des ateliers, avec ce que lui avait connu, avec le savoir qui était le sien et que nous, on n’avait pas », ajoute Porcu. « On était un peu des paysans et lui est arrivé avec le professionnalisme qu’il avait connu. »

Edmonds explique à RugbyPass que cela allait même plus loin : « Il a toujours été intéressé par ça (les méthodes d’entraînement). Je me souviens qu’il était entré en contact avec l’entraîneur des Dragons Catalans (le club de rugby à XIII de Perpignan, ndlr) et qu’ils échangeaient souvent ». La curiosité et l’envie d’enrichir son bagage, déjà.

« C’est sa façon de voir les choses. Il va toujours poser des questions que tu trouves bêtes, mais en fait il a besoin de comprendre. Donc il ne craint pas de poser des questions, de la même manière qu’il n’a pas peur de faire du breakdance devant tout le monde. Il n’en a jamais fait ici mais il est tellement excentrique. Il a tout le temps été comme ça. »

Cette personnalité a vite conquis les cœurs des supporteurs comme ceux de ses coéquipiers. Ces derniers louent son professionnalisme et ils étaient nombreux à le prendre en exemple au jour le jour. « Au quotidien, c’est le genre de joueurs qui amène un plus par rapport à leur personnalité, leur charisme, ce qu’ils ont vécu en sélection », atteste Porcu. « Même s’il n’était pas toujours sur le terrain, il nous a beaucoup apporté sur la rigueur, la confiance, l’investissement au quotidien, à l’entraînement. »

L’effet Carter avant l’heure

Une espèce d’ « effet Carter » avant l’heure : sacrée championne de France en 2009, l’USAP avait souligné à quel point la présence de Dan Carter cette saison-là avait tiré tout le monde vers le haut, quand bien même l’ouvreur n’avait joué que cinq matchs dans la saison avant de se blesser au tendon d’Achille.

« Il y a un peu de ça », acquiesce ‘Gaillou’ qui a quitté l’USAP en même temps que ‘Razor’, en 2006. « Quand un joueur comme ça arrive, ce que tu ne faisais pas avant, tu le fais le jour même. Ça fait 20 ans, le rugby était professionnel mais c’était du professionnalisme ‘maquillé’ un petit peu. Oui on se préparait, mais par rapport à ce que lui avait connu avec les All Blacks, franchement, ce n’était pas l’exigence que lui nous a amenée. »

L’aventure catalane durera deux saisons de plus. À son départ, il est célébré par le stade Aimé-Giral comme l’un des leurs. Il poursuivra sa carrière une année de plus, au Japon, histoire de vivre une autre aventure dépaysante, un autre rite initiatique, tout en gardant un œil attendri pour la France, et Perpignan en particulier.

« Cela a été des années extraordinaires. C’était un défi pour moi en tant que joueur, mais aussi en tant que personne. Perpignan était un lieu génial pour apprendre le français, se faire des amis incroyables et voyager en Europe. Quand j’y repense, ces années m’ont aidé pour mon actuelle carrière de coach », estime l’entraîneur à la touffe blonde. Sans oublier que son dernier fils Macklan-Gaultier, pas encore vingt ans, est né à Perpignan.

« C’est pour ça qu’il a de bons résultats : si tu as un Catalan dans l’équipe ou dans ta famille, à un moment donné tu es obligé de t’en sortir », chambre Christophe Porcu. Et si, au fond, c’était ça le secret du succès de Scott Robertson ?

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Comments on RugbyPass

J
JW 3 hours ago
Why NZR's Ineos settlement may be the most important victory they'll enjoy this year

It really all depends of how much overseas players would be paid (by NZR) to play for the All Blacks. I’ve not heard a peep on this front from any author suggesting it’s a good idea.


If it’s nothing (a player gets his weekly paycheck from the club and thats it (which we know is definitely not the case in Ireland and France, or SA even I think?), then maybe it would retain more SR level players given that they’ll be getting the “AB” component (which is about where things stand, Burke for instance would have had to had his Sader contract upgraded to an AB one (think above Pero levels) to be on similar money.


I’d having to imagine if a player is getting paid to do nothing over the international windows though, they are going to want to get paid extra for appear for the ABs, so in this situation, it’s hard to see many players being retained, yes.


I’m pretty sure they flew to Japan and met in person.


I’ve heard/had these discussions numerous times. I don’t think theres anyway to judge the interest that would be retain in SR. For one, it might be a more entertaining league as a result, as the JRLO is compared to Europe, despite it obviously being a lesser standard.


If SRP is of a lesser standard and now able to use Japanese and American players to bolster teams, perhaps those markets more than make up for the downturn in NZ and Aus? Perhaps it gives NZR flexibility to create a more fit for purpose interdomestic competition, and interest actually increases? All you might need is a proper pathway from school to pro?


Razor asked NZR to keep an open mind. Did NZR answer any of these questions to themself?

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J
JW 4 hours ago
Kyren Taumoefolau All Blacks stance splits opinions on eligibility

Yeah of course it can be, it manages a good commerical outcome when 100 million people are following it. I’m saying rugby is no where near even remotely close to getting the payoff you’re talking about, never mind the distinct lack of anyway to implement it.


So you’re going for the dirty approach. I’m not surprised, it’s the only way to easily implement it right now. I wouldn’t see the benefit to doing that myself. A draft, if purely feasible in it’s own right, doesn’t need to provide commercial benefit at all (if it works, that’s all it needs to do, as it no doubt did back in america’s heyday). But without the advantageous backing of sponsors and interest levels, if you pick the wrong method to implement it, like a dirty approach, you do potential harm to it’s acceptance.


The aspect’s of the approach you chose that I don’t like, is that the franchises are the ones spending the money of the U20’s only for there opposition to get first dibs. Personally, I would much prefer an investment into a proper pathway (which I can’t really see SR U20s being at all in anycase). I’m not exactly sure how the draft works in america, but I’m pretty sure it’s something like ‘anyone whishing to be pro has to sign for the draft’, and results in maybe 10 or 20% of those being drafted. The rest (that accumulative 80/90% year on year) do go back into club, pronvincial, or whatever they have there, and remain scouted and options to bring in on immediate notice for cover etc. You yes, you draw on everybody, but what is generating your interest in the drafties in the first plaec?


This is your missing peace. If some come through school and into the acadamies, which would be most, you’ve currently got three years of not seeing those players after they leave school. Those that miss and come in through club, maybe the second year theyre in the draft or whatever, aged 20/21, you’re going to have no clue how they’ve been playing. NPC is a high level, so any that are good enough to play that would already be drafted, but some late bloomers you might see come in NPC but then Sky’s not going to broadcast that anymore. So what’s generating this massive interest you’re talking about, and most importantly, how does it tie in with the other 7 clubs that will be drafting (and providing) players outside of NZ?


Is the next step to pump tens of millions into SRP U20s? That would be a good start for investment in the youth (to get onto international levels of pathway development) in the first place but are fans going to be interested to the same level as what happens in america? Baseball, as mentioned, has the minor leagues, if we use that model it hasn’t to be broad over the whole pacific, because you’re not having one draft right, they all have to play against each other. So here they get drafted young and sent out into a lower level thats more expansive that SR, is there interest in that? There would be for large parts, but how financially viable would it be. Twiggy tried to get a league started and NPC clubs joined. BOP and Taranaki want SR representation, do we have a mix of the biggest clubs and provinces/states make a couple of divisions? I think that is far more likely to fan interest and commerical capabilities than an U20 of the SR teams. Or ofc Uni fits a lot of options. I’ve not really read anything that has tried to nut out the feasability of a draft, it can certainly work if this spitballing is anything to go by, but I think first theres got to be a need for it far above just being a drafting level.

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