Carbonel - Seunes : un même poste, deux styles et deux trajectoires opposées

Louis Carbonel, ex-petit génie toulonnais, d’un côté, Ugo Seunes, le gamin d’Agen passé par Blagnac et Aurillac de l’autre : le derby entre le Stade français et le Racing 92, samedi à Jean-Bouin, offrira un duel entre deux ouvreurs aux trajectoires et aux styles bien différents.

Mais tous les deux sont incontournables, chez les Soldats roses parisiens pour « Carbo », redevenu le « Carbonator » qu’il était à ses débuts ; dans les Hauts-de-Seine pour Seunes, où le gamin au physique de « brindille » a chipé les clefs du camion ciel et blanc, sourire permanent aux lèvres.

Deux trajectoires opposées

Niveau expérience, il n’y a pas photo : 184 matches de Top 14 pour Louis Carbonel, 10 seulement pour Ugo Seunes. Un déséquilibre dû à des carrières radicalement différentes.

Enfant prodige de la Rade lancé sous le maillot rouge et noir à 18 ans, en 2017, capé cinq fois en bleu en 2020-2021, « Carbo », double champion du monde U20 (2018 et 2019), a ensuite vu sa carrière s’enrayer. À Toulon d’abord, puis pendants deux saisons à Montpellier (2022-2024).

Manque de maturité ? Relation compliquée avec Patrice Collazo, son entraîneur à Toulon puis dans l’Hérault, qu’il va recroiser samedi, sur le banc du Racing ? Louis Carbonel semble avoir enfin repris son ascension cette année, à 26 ans, après une première année parisienne au fond du seau.

Pour Ugo Seunes, 25 ans, l’éclosion a été plus lente. Trop fluet, il n’est pas conservé par Agen après les juniors Crabos. Et c’est au contact du rugby de clochers qu’il apprend le métier, pendant cinq saisons à Blagnac, entre Fédérale et Nationale, profitant des conseils d’un certain Christophe Deylaud, quadruple champion de France avec le Stade toulousain (1994-1997) et 16 sélections avec le XV de France.

Puis c’est la Pro D2 en 2024-2025 avec Aurillac : 24 matches, 24 titularisations, et un festival lors du barrage de maintien face à Chambéry (45-15), dont un drop de 50 mètres. De quoi enfin taper dans l’oeil d’un club de l’élite, le Racing 92.

Faire une chistera en mettant un raffut à Dupont ?
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— TOP 14 Rugby (@top14rugby) December 3, 2025

Carbonel, « un nouveau joueur »

Carbonel et Seunes ont tous deux la charge des tirs au but : 121 points pour l’ouvreur parisien cette saison, seulement devancé par le Bayonnais Joris Segonds (135 pts) et 84 pour le Racingman, quatrième marqueur du championnat derrière Harry Plummer, le Néo-Zélandais de Clermont.

Buteurs mais également animateurs, chacun à leur façon. Carbonel porte beaucoup plus le ballon (590 m parcourus) que son alter ego francilien, même pas dans le top 100 du Top 14 à ce niveau.

« Ugo est plus un gestionnaire, un distributeur, un régulateur, Louis est plus puncheur », expliquait mercredi Jonathan Wisniewski, ancien ouvreur du Racing 92, du FC Grenoble ou du LOU, auprès de l’AFP.

« Cette année, nous verrons une version plus fidèle du talent de joueurs comme ‘The Carbonator’ », avait averti Paul Gustard, le manager anglais du Stade français, avant l’ouverture de la saison. Et Jonathan Wisniewski l’a constaté.

« Le petit génie précoce est devenu un nouveau joueur, avec plus de variété dans son jeu, capable de s’effacer, de s’adapter. J’aime beaucoup ce Louis ! », insiste l’ancien Racingman, également bluffé par son homologue altoséquanais.

SUR LE GONG 🤯

Louis Carbonel offre la victoire au @SFParisRugby dans le temps additionnel 🔥
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Seunes, un « coquin »

« Il y a ce sentiment que rien ne l’atteint, que tout glisse sur lui, qu’il est là depuis dix ans au Racing », sourit Jonathan Wisniewski. Et il n’est pas le seul à avoir remarqué l’ancien Agenais, convoqué par Fabien Galthié parmi les 42 pour préparer les tests-matchs de novembre.

« Il n’est pas formaté rugbystiquement, il est coquin. Ugo est un joueur de lecture, qui regarde ce qui se passe autour de lui et qui n’a pas peur de tenter », commentait Christophe Deylaud, son ancien entraîneur à Blagnac.

Coquin donc, et courageux, malgré son gabarit plutôt léger avec 75 kg pour 1,82 m. Suffisant pour avoir asséné 56 plaquages cette saison, dont un monumental carton sur Louis Bielle-Biarrey, l’ailier international de l’UBB, lors de sa première titularisation, pour la deuxième journée de Top 14, à Paris La Défense Arena.

« Même une brindille peut crever un oeil, il faut respecter tout le monde », avait insisté Hassane Kolingar, son coéquipier de première ligne, commentant la performance de l’ancien « caouec » de Blagnac, tranquillement installé à la barre du Racing 92, après des stars comme Owen Farrell, Dan Carter, Finn Russell ou Jonny Sexton.