Les fédérations face au projet R360 : « toute nouvelle compétition doit renforcer le rugby et non l’affaiblir »
Les joueurs de rugby qui rejoindraient la ligue rebelle « R360 » seraient automatiquement « inéligibles » avec leur sélection, ont annoncé mardi 7 octobre conjointement huit des plus grandes fédérations nationales, s’opposant farouchement à cette nouvelle compétition : la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Afrique du Sud, la France, l’Angleterre, l’Écosse, l’Irlande et l’Italie.
Cette compétition alternative, promue par l’ancien international anglais Mike Tindall, aux côtés de Mark Spoors et Stuart Hooper, consisterait à lancer une ligue réunissant des franchises masculines et féminines amenées à jouer aux quatre coins du monde, à des dates qui concurrenceraient le calendrier des clubs ou des sélections.
Ce modèle d’un genre nouveau a été présenté fin septembre à World Rugby. Mais face aux questions posées après le dépôt du dossier, son examen a été repoussé au prochain conseil de l’organisation, avait appris l’AFP début octobre.
Parmi les nations participant au Tournoi des Six Nations et au Rugby Championship, les deux principales compétitions internationales après la Coupe du Monde de Rugby, seuls le Pays de Galles et l’Argentine n’ont pas apposé leur signature sur le communiqué commun publié par les fédérations dont nous diffusons ici l’intégralité.
L’intégralité de la lettre ouverte des 8 fédérations majeures
« En tant que groupe de fédérations nationales de rugby, nous appelons à une extrême prudence de la part des joueurs et des membres d’encadrement envisageant de rejoindre la compétition R360 telle qu’elle est actuellement proposée.
« Nous accueillons tous favorablement les nouveaux investissements et les innovations dans le rugby, et nous soutenons les idées qui peuvent aider notre sport à évoluer et à toucher de nouveaux publics. Mais toute nouvelle compétition doit renforcer le rugby dans son ensemble, et non le fragmenter ou l’affaiblir.
« En tant que fédérations nationales, nous devons avoir une vision d’ensemble des nouvelles propositions et évaluer leur impact dans plusieurs domaines, notamment leur capacité à contribuer positivement à l’écosystème mondial du rugby, dont nous sommes tous responsables, ou au contraire à lui nuire.
« À ce jour, R360 ne nous a donné aucune indication sur la manière dont elle entend gérer la santé et le bien-être des joueurs, permettre à ces derniers de réaliser leur aspiration à représenter leur pays, ni sur la façon dont cette compétition coexisterait avec les calendriers internationaux et domestiques, établis avec tant de soin ces dernières années pour le rugby masculin et féminin.
« Le modèle R360, tel qu’il a été présenté publiquement, semble plutôt conçu pour générer des profits au bénéfice d’une petite élite, au risque d’assécher les investissements que les fédérations nationales et les ligues existantes consacrent au rugby amateur, à la formation des joueurs et aux filières de développement.
« Le modèle R360, tel qu’il a été présenté publiquement, semble plutôt conçu pour générer des profits au bénéfice d’une petite élite, au risque d’assécher les investissements que les fédérations nationales et les ligues existantes consacrent au rugby amateur, à la formation des joueurs et aux filières de développement. »
« Le rugby international et nos grandes compétitions demeurent le moteur financier et culturel qui fait vivre toutes les strates du jeu – de la pratique amateur au très haut-niveau. Porter atteinte à cet écosystème serait extrêmement préjudiciable à la santé de notre sport.
« Toutes ces questions auraient gagné à être abordées de manière concertée. Or, les promoteurs de cette compétition n’ont pas pris contact avec l’ensemble des fédérations pour présenter et expliquer leur modèle économique et opérationnel.
« Chaque fédération nationale informera donc les joueurs et joueuses que toute participation à R360 les rendrait inéligibles pour une sélection en équipe nationale. »
Octobre 2026
Dans un communiqué diffusé mardi soir, les promoteurs de la ligue rebelle assurent que les calendriers seraient faits « sur mesure pour les équipes masculines et féminines et que R360 relâchera tous les joueurs pour les matches internationaux, comme stipulé dans leurs contrats ».
Si aucun joueur ne s’est pour l’heure officiellement engagé dans ce projet, Mike Tindall assurait le 1er octobre que la date de lancement de la compétition serait « probablement annoncée en début d’année prochaine », avec octobre 2026 comme horizon possible pour les premières rencontres.