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Pourquoi les Springboks ne sont pas aussi performants en club ?

Par Daniel Gallan
Le troisième-ligne sud-africain du Racing 92 pendant le match de Top14 entre le Racing 92 et le Stade Toulousain Rugby (Toulouse) à l'Arena Paris La Défense à Nanterre, en banlieue parisienne, le 28 janvier 2024. (Photo by Thomas SAMSON / AFP) (Photo by THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images)

Imaginez la scène… Trois supporters ivres dans un train de Leicester à Londres discutant à propos des Tigers. Leur opinion ne concernent qu’eux, mais leur constat sur le demi d’ouverture du club, Handre Pollard, vainqueur de la Coupe du monde, permet d’ouvrir une discussion intéressante.

Le mec bourré n°1 : « Il est manifestement brillant par moments. » (Oui, un mec bourré en Angleterre peut bien s’exprimer…)

L’autre mec bourré : « Mais il fait pas mal d’erreurs à chaque match et ce n’est pas exactement le demi d’ouverture le plus créatif. »

Un troisième mec bourré : « Il est bien mieux adapté à la façon de jouer des Springboks. »

Avec l’Afrique du Sud, Pollard a remporté deux Coupes du monde et s’est imposé comme l’un des meilleurs demis d’ouverture de l’histoire du rugby. Son jeu au pied, sa constance sous pression et son physique font de lui un rouage parfaitement adapté à la machine des Springboks.

Mais son jeu semble fonctionner de manière plus efficace lorsqu’il porte le maillot des Boks. Depuis le début de l’année 2020, Pollard a effectué plus de offloads par match et plus de passes décisives par match pour son pays que pour ses deux clubs – Montpellier et Leicester – dans le même laps de temps.

Andy Zaltzman, comique et accessoirement expert en cricket, a une belle formule toute personnelle : « les statistiques sont comme une poupée de ventriloque. Enfoncez votre main suffisamment loin, et vous pourrez leur faire dire ce que vous voulez ».

Et lorsqu’on regarde de plus près certaines stats de quelques Springboks clés au cours des quatre dernières années, une tendance notable se dessine en effet.

De meilleures stats en sélection qu’en club

Prenons Steven Kitshoff par exemple. Il a porté plus de ballons par match, a réalisé plus de plaquages offensifs par match et gratté plus de ballons par match lorsqu’il jouait pour l’Afrique du Sud qu’il ne l’a fait pour l’Ulster ou les Stormers depuis 2020. Au cours de cette période, Frans Malherbe, autre exemple, a gagné plus souvent la ligne d’avantage avec l’Afrique du Sud qu’avec les Stormers.

On peut également citer Eben Etzebeth qui gagne lui aussi plus souvent la ligne d’avantage, qui fixe plus souvent un ou plusieurs défenseurs et effectue plus de plaquages par match lorsqu’il joue pour l’Afrique du Sud que lorsqu’il joue pour Toulon ou les Sharks.

Prenons Willie le Roux qui compte plus de passes décisives pour les Springboks par match qu’il n’en a pour Toyota Verblitz ou les Bulls. Pieter-Steph du Toit aussi évite les plaquages, compte plus de franchissements, ce qui lui permet d’être plus performant en sélection qu’en club. Damian de Allende enfin, bien qu’il joue en club au Japon, réalise presque trois fois plus de plaquages lorsqu’il porte le Springbok sur la poitrine. Mais le joueur qui présente les plus grandes disparités statistiques est celui qui, depuis six ans, incarne le rêve des Springboks.

Le cas Siya

Siya Kolisi est l’un des avants les plus accomplis sur la scène internationale. Il est une menace devant comme derrière le ballon, il offre des options en attaque, a une excellente capacité de travail et un bon jeu de passes. En bref, il ferait partie des 23 de n’importe quel match de la Coupe du monde.

Je me demande si même ses plus fervents supporters pourraient en dire autant de sa contribution au niveau national. Dans le monde du sport, on dit parfois que certains joueurs doivent porter un maillot spécifique pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Que ce soit avec les Stormers, les Sharks ou le Racing 92, les performances de Kolisi ont confirmé cet adage.

Essais marqués, passes décisives, fixation de plus d’un défenseur, plaquages réalisés et évités, taux de plaquages réussis, plaquages offensifs, ballons grattés, efficacité dans les rucks… Pour tous ces marqueurs, Kolisi a obtenu de meilleurs résultats avec les Boks qu’avec n’importe lequel des trois clubs qu’il a représentés au cours des quatre dernières années.

Comment cela est-il possible ? Le rugby international est censé être plus difficile. Même les adversaires supposés les plus faibles sont composés des meilleurs talents disponibles d’un pays. Le niveau de vigilance est plus élevé et les enjeux sont d’autant plus importants. Comment expliquer ce revirement de logique ?

Au-delà des stats et des données GPS

La réponse se trouve peut-être dans les statistiques qui relient tous les attaquants susmentionnés. Kolisi, Kitshoff, Malherbe, Etzebeth et Du Toit ont tous effectué plus de rucks offensifs et défensifs au niveau international qu’ils ne l’ont fait avec leurs clubs respectifs en quatre ans. Cela pourrait être une conséquence de la stratégie des Springboks, qui demande à chaque membre du pack de monter vite et d’offrir un soutien au porteur du ballon et au plaqueur. Cela pourrait également être le résultat des différentes exigences de leurs clubs. Mais la réponse se trouve peut-être au-delà des données GPS et des stats diverses.

Lorsque Rassie Erasmus, Jacques Nienaber et les autres entraîneurs des Springboks associent les exploits de leur équipe sur le terrain aux espoirs d’une nation, ils le font pour inspirer, mais aussi pour obtenir ce petit effort supplémentaire de la part de chaque joueur. Tous les membres de l’équipe sont capables de frapper dans les rucks. Pour paraphraser l’ancien capitaine de l’Irlande, Paul O’Connell, c’est une partie du jeu qui nécessite très peu de talent. Tout est question de travail, de faim et d’envie. Et sur ce plan-là, les Springboks sont sans doute l’équipe la mieux classée, plus que n’importe quelle autre équipe de rugby.

Récemment, un post sur X qui a attiré environ 75 000 vues a classé les 10 meilleurs ouvreurs de Premiership de la saison. Handre Pollard, le seul 10 du championnat à avoir remporté une Coupe du monde, était huitième. Fin Smith, Owen Farrell, Finn Russell, George Ford et Marcus Smith étaient tous devant lui. Les nombreux commentaires sous le post ont ergoté sur le classement des cinq premiers, mais tous étaient fermement convaincus que Pollard était loin d’être à leur niveau.

C’est ce même Pollard qui a été relégué au rang de 12 à Montpellier par l’Italien Paolo Garbisi. C’est ce même Pollard qui n’a pas été invité par l’Afrique du Sud au début de l’année 2023, alors que Manie Libbok faisait son trou au poste d’ouvreur. C’est ce même Pollard qui n’a jamais eu l’air de manquer un coup de pied au but lorsqu’il a mené les Boks à un quatrième titre mondial.

On dit que certains joueurs ont besoin d’un maillot spécifique pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Lorsqu’ils portent le vert des Springboks, ils sont souvent plus performants que la plupart des autres.

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