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Joanna Grisez : « Dans le rugby féminin, rien n’est jamais écrit d’avance »
Par Stephen Brunsdon
L’ailière des Bleues Joanna Grisez estime que l’équipe de France, un cran en dessous des favorites anglaises et néo-zélandaises, a tout ce qu’il faut pour briller durant la Coupe du Monde 2025, cet été en Angleterre.
Les douze derniers mois ont ressemblé à de véritables montagnes russes pour Joanna Grisez. Jouer devant 60 000 spectateurs lors des Jeux Olympiques à domicile à Paris, puis encaisser la déception cruelle d’une élimination en quart de finale, quelques jours seulement après l’or décroché par les garçons…
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Si les cicatrices mentales se sont estompées avec le temps, les blessures physiques ont ensuite pris le relais : une blessure au genou l’a tenue éloignée des terrains pendant quatre mois, la privant d’une grande partie de la saison régulière en rugby à XV.
Aujourd’hui, l’ailière du Stade Bordelais est de retour à 100?% et espère bien décrocher une place pour une deuxième Coupe du monde, après deux entrées remarquées en fin de Tournoi des Six Nations.
« Je savais qu’il fallait que je retrouve le groupe et que je sois performante, car je revenais d’une blessure au genou qui m’a tenue éloignée des terrains pendant près de quatre mois », explique Joanna Grisez à RugbyPass.
« Heureusement, ce n’était pas les croisés, mais c’était quand même sérieux, donc il y avait un peu de pression pour prouver ce que je valais.
Grisez : « Une Coupe du monde, c’est bien plus exigeant qu’un Tournoi des Six Nations »
« Cela dit, je n’ai pas abordé ces matchs comme une source de pression énorme. Mais clairement, en année de Coupe du monde, il faut montrer ce dont on est capable et essayer d’enchaîner les bonnes performances. »
« D’abord, ça n’arrive que tous les quatre ans. Donc la pression est énorme. Tu sais que tu dois être au rendez-vous sinon tu n’auras peut-être pas d’autre chance. »
Grisez avait été l’une des joueuses clés lors de la dernière Coupe du Monde en Nouvelle-Zélande. Elle avait signé un triplé face à l’Italie en quart de finale puis pris part à la demi-finale perdue d’un rien contre les Black Ferns.
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À 24 ans, elle connaît les exigences du haut niveau et l’importance de gérer la pression contre les meilleures nations mondiales. « Une Coupe du monde, c’est bien plus exigeant qu’un Tournoi des Six Nations, mentalement comme physiquement.
« D’abord, ça n’arrive que tous les quatre ans. Donc la pression est énorme. Tu sais que tu dois être au rendez-vous sinon tu n’auras peut-être pas d’autre chance.
« Les matchs s’enchaînent beaucoup plus vite, donc il faut être au top physiquement, essayer d’éviter les blessures, tout en gardant l’intensité requise par la compétition. C’est un défi immense, mais j’adore ça, et j’aimerais vraiment revivre une Coupe du Monde. »
La dynamique est en train de changer, estime Joanna Grisez
L’équipe de France elle-même a connu les hauts et les bas ces dernières années. Le dernier WXV a été un échec patent et les Bleues n’ont pas battu l’Angleterre, la seule véritable rivale dans l’hémisphère nord, depuis 2018.
Mais selon Grisez, la dynamique est en train de changer. « Je pense qu’on a gagné en confiance dans notre capacité à changer de plan de jeu et à attaquer différemment. Malheureusement, contre l’Angleterre, on a sans doute perdu le match sur une mauvaise période de 20 minutes en première mi-temps », juge-t-elle à propos du dernier affrontement en date.
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« On a manqué de précision, on a perdu trop de ballons, et elles ont été meilleures que nous. On leur a laissé inscrire trois ou quatre essais sans pouvoir répondre, et on n’a rien pu faire. Mais la façon dont on est revenues dans la partie, en ouvrant le jeu et en jouant sur nos points forts, nous a donné la conviction qu’on pouvait vraiment gagner.
« On peut retenir beaucoup de positif, notamment notre capacité à les bouger et à les mettre sous pression. Si on arrive à jouer comme ça, on peut inquiéter les meilleures nations. »
Après avoir peiné contre l’Italie, peu imaginaient les Bleues capables de contester l’Angleterre devant 37 573 spectateurs à Twickenham. Une entame cauchemardesque (31-7 pour les Red Roses après 20 minutes) laissait présager une correction. Mais un essai de Pauline Bourdon-Sansus juste avant la pause, puis un jeu beaucoup plus offensif et décomplexé en deuxième période, ont permis à Grisez et Kelly Arbey de s’exprimer.
« L’Angleterre et la Nouvelle-Zélande sont les grandes favorites, on est un cran en dessous »
Pour Grisez, l’absence de pression et la liberté dans le jeu sont exactement la réponse dont ce groupe avait besoin. « On n’attend pas forcément grand-chose de nous, on est un peu les outsiders, il faut le reconnaître.
« On ne peut pas l’ignorer : l’Angleterre et la Nouvelle-Zélande sont les grandes favorites, on est un cran en dessous. Ça peut avoir un effet positif. On peut se concentrer sur notre jeu, appliquer notre plan, et voir jusqu’où ça peut nous mener. »
Si la France a échoué à faire tomber l’Angleterre à domicile, les chiffres montrent qu’elle n’est jamais aussi proche de battre les meilleures que lorsqu’elle joue à l’extérieur : défaite de cinq points à Twickenham en 2023, de quatre points au Stoop en 2021, et victoire en Nouvelle-Zélande lors du WXV1 2023.
Jouer loin de la maison, est-ce un avantage?? Grisez ne veut pas s’avancer, mais sait que la pression reposera sur l’Angleterre et la Nouvelle-Zélande lors du Mondial.
« J’ai toujours eu l’impression qu’il était parfois plus facile pour moi de jouer à l’extérieur, où la pression est moins forte qu’en France.
« Le groupe sait de quoi il est capable, mais on sait aussi que l’Angleterre reste la référence, la favorite, et qu’il faudra être au top pour espérer les battre. Rien n’est jamais acquis.
« Pouvoir les pousser dans leurs retranchements lors du Tournoi, ne perdre que d’un point, c’est la preuve des progrès réalisés par l’équipe de France. Dans le rugby féminin, rien n’est jamais écrit d’avance », promet-elle.
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