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En un an, le rugby français est passé de l’euphorie aux scandales à répétition

En un an, le rugby français est passé de l'euphorie d'une Coupe du monde à domicile aux scandales à répétition.

Souvenez-vous, c’était il y a un an, jour pour jour. Le 8 septembre 2023, l’équipe de France battait la Nouvelle-Zélande en ouverture de sa Coupe du monde dans un Stade de France incandescent, et le rugby français n’avait jamais semblé en aussi bonne santé.

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Douze mois sont passés depuis. La France n’a pas soulevé le trophée Webb Ellis, et c’est loin d’être l’unique raison qui fait que le rugby tricolore est au plus bas. L’été a en effet été étouffant pour la Fédération française de rugby (FFR), malgré la bouffée d’air frais apporté par la médaille d’or olympique de l’équipe de France de Sevens.

La tournée des Bleus en Amérique du Sud, dont Fabien Galthié vantait les vertus en arrivant en Argentine, s’est transformée en long chemin de croix.

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Il y a d’abord eu l’affaire Melvyn Jaminet. L’arrière de Toulon a posté une vidéo à caractère raciste au petit matin du premier test gagné contre l’Argentine, le 7 juillet.

Le lundi suivant, deux autres membres du groupe France, Hugo Auradou et Oscar Jegou, étaient arrêtés par la police argentine à l’hôtel occupé par les Bleus à Buenos Aires, sous les yeux du staff sidéré.

Les deux joueurs sont accusés par une femme de viols aggravés dans la nuit suivant, là aussi, le premier test. Bien qu’ils nient les faits depuis le premier jour, ils ont été retenus près de deux mois sur le sol argentin. S’ils ont enfin pu rejoindre la France mercredi dernier, les charges ne sont pas levées pour autant.

Les parents de Medhi Narjissi accusent la FFR d’avoir manqué à ses devoirs

Mais l’affaire la plus dramatique concerne évidemment la disparition de Medhi Narjissi. L’international U18 a été emporté par les vagues, alors qu’il effectuait une séance de récupération sur les bords d’une plage réputée dangereuse près du Cap, en Afrique du Sud.

Au cours d’une conférence de presse poignante le 28 août, Jalil, le père de Medhi et ancien talonneur de Castres et Agen, a accusé la FFR d’avoir manqué à ses devoirs, non seulement au moment du drame, mais aussi après. Une enquête judiciaire va bientôt être ouverte par le tribunal d’Agen sur la disparition du jeune joueur du Stade Toulousain, 17 ans.

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Les événements de l’été ont cristallisé un sentiment croissant en France selon lequel les « valeurs » de l’ovalie sont en train de s’éroder. Ces fameuses valeurs rabâchées à toutes les sauces ont toujours été le principal argument de vente du rugby, un moyen pour les dirigeants et les spécialistes du marketing de promouvoir ce sport en l’opposant au football français, miné par une série de scandales depuis le début du siècle.

Mais ces dernières années, le rugby français s’est empêtré dans une série de scandales qui ont fait la une des journaux : des histoires toutes plus sordides les unes que les autres, d’abus d’alcool et de drogues, de corruption, sans parler des violences conjugales et raciales.

Bernard Laporte police custody report
L'ancien président de la FFR Bernard Laporte, également ancien sélectionneur de l'équipe de France, est empêtré dans une série d'affaires, notamment pour corruption et trafic d'influence

On pourrait comparer ce que traverse le rugby professionnel français aux difficultés de croissance que le football anglais a connu il y a un quart de siècle.

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Au cours de la décennie qui a suivi le lancement de la Premier League en 1992, l’argent a inondé le jeu et les joueurs ont gagné des richesses au-delà de leurs rêves les plus fous. Dès lors, des joueurs comme John Terry, Paul Gascoigne, Tony Adams, Robbie Fowler ou Stan Collymore se sont retrouvés en une des tabloïds plus souvent qu’à leur tour.

C’est moins le cas de la génération qui a suivi. Les joueurs, les clubs et la Fédération de football ont assimilé que le fait d’être pris pour modèle par des millions de personnes implique des responsabilités. C’est une chose que le rugby professionnel est en train d’apprendre.

« Un joueur de rugby qui boit de la bière, quelle surprise ! »

Pour l’Angleterre, la leçon a été apprise en 2011 lorsque l’équipe retenue pour la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande s’est comportée davantage comme une bande d’étudiants qu’une équipe professionnelle. Martin Johnson, manager à l’époque, a tenté de balayer la polémique en maniant l’ironie face aux journalistes : « Un joueur de rugby qui boit de la bière, quelle surprise ! »

Cette désinvolture montre à quel point la mentalité amateur était encore ancrée. Une équipe d’étudiants en tournée pouvait aller dans un pub et jouer à lancer des nains [le lancer de nain était un véritable jeu né dans les pubs australiens dans les années 1980. Cela consistait à lancer une personne équipée d’une tenue en Velcro sur une cible, ndlr].

Des sportifs représentant leur pays dans le plus grand tournoi de leur sport doivent se comporter de manière un peu plus sobre, mature et responsable.

En France, beaucoup de gens ont été surpris d’apprendre que les joueurs étaient autorisés à sortir après le premier match en Argentine, alors qu’un match était prévu en Uruguay trois jours plus tard, avant de retrouver les Pumas une semaine après le premier test.

La demande « lunaire » des joueurs de l’équipe de France

Le président de la FFR Florian Grill a même qualifié de « lunaire » l’audace de certains joueurs qui, après le second test à Buenos Aires, ont demandé la permission de sortir, alors que deux de leurs coéquipiers étaient en détention provisoire…

C’est sans doute l’un des points qui a été abordé jeudi 29 août lors de la réunion de 30 personnalités parmi les plus puissantes et influentes du rugby français au Centre national du rugby (CNR) de Marcoussis, en présence de Florian Grill, de René Bouscatel, président de la LNR, du sélectionneur Fabien Galthié, de représentants de Provale (le syndicat des joueurs), de nombreux présidents et dirigeants de clubs du Top 14, mais aussi de personnalités du monde amateur.

Selon L’Équipe, tout ce beau monde a brainstormé pour « apporter des solutions aux dérives et aux drames qui entachent la réputation de ce sport ».

L'ancien joueur et sélectionneur des Bleus Philippe Saint-André a tiré la sonnette d'alarme (Getty Images).

Avant cette réunion, Bouscatel et Grill ont admis que le rugby avait de sérieux problèmes à régler, mais que cela concernait la société au sens large, et pas seulement le sport.

« On doit encore davantage faire un travail de formation chez les jeunes sans avoir peur de sanctionner quand il y a des erreurs, mais aussi gérer complètement différemment les troisièmes mi-temps », juge pour sa part l’ancien international et sélectionneur Philippe Saint-André, toujours dans le quotidien sportif. « On ne peut plus se comporter comme avant. »

Dans la foulée, la FFR a annoncé un plan d’action lancé au mois d’octobre. Certains clubs ont devancé les instances fédérales : l’Union Bordeaux-Bègles et le Racing 92 ont annoncé des dépistages aléatoires et réguliers de drogue sur leurs joueurs, par exemple.

Les joueurs ne sont pas les seuls à blâmer

Mais les joueurs ne sont pas les seuls à blâmer. La mère d’un joueur du Top 14 a confié à L’Équipe « l’énorme casse psychologique » traversée par les joueurs, son fils en tête.

« Mon fils a été broyé, il a vécu une dépression comme d’autres. Beaucoup n’osent pas se l’avouer. Et, surtout, personne ne veut le voir », témoigne-t-elle anonymement pour ne pas impacter la carrière de son fils.

« Ceux qui montreraient des signes alarmants ne sont pas dépistés. Nombre de coachs n’apprécient pas l’intercession d’un psy. Ce simple mot est mal vu, peu entendu, dans le rugby. »

De ce point de vue, le rugby français a des années de retard sur ses rivaux anglo-saxons. La légende all black John Kirwan a été anoblie aussi bien pour ses états de service sur le terrain que pour avoir été lanceur d’alerte sur la santé mentale, en 2012. La même année, le pilier de Bath et de l’équipe d’Angleterre Duncan Bell a révélé qu’il avait passé la plus grande partie de sa carrière à souffrir de dépression. Son témoignage a encouragé d’autres joueurs britanniques à parler de leurs propres problèmes psychologiques.

En France, les joueurs continuent de souffrir en silence, seuls, et se tournent vers la drogue et l’alcool pour masquer leur désarroi. Le Top 14 a beau être le championnat le plus riche et le plus envié de la planète, mais il s’accompagne de pressions qui peuvent être insupportables pour de jeunes hommes, en particulier à l’ère impitoyable des médias sociaux.

Cependant, quelques clubs de Top 14 ont pris conscience de cet aspect exacerbé par le professionnalisme. À Toulouse, par exemple, les joueurs travaillent avec un psychologue qui les aide à gérer la pression aussi bien sur qu’en dehors du terrain.

« On est en train de brûler de l’intérieur »

Selon le Midi Olympique daté du 2 septembre, tous les acteurs de la réunion du 29 août au CNR « ont partagé le constat de l’urgence à agir ». « On est tous d’accord pour affirmer qu’il y a beaucoup trop de dérives, que ce soient les excès d’alcool, la consommation de drogues, l’utilisation des réseaux sociaux », rapporte Sylvain Deroeux, le secrétaire général de la FFR.

Mais la discussion a été parasitée par l’élection à venir en octobre, pour désigner le président de la fédération. L’opposition au président sortant Florian Grill, menée par Didier Codorniou, a dénoncé « une récupération politique ».

Une motion de défiance à l’encontre de Grill avait d’ailleurs été déposée quelques jours avant cette réunion, l’ancien centre de Narbonne et Toulouse pointant « des défaillances d’organisation » au plus haut niveau français.

Quel que soit le vainqueur de l’élection du 19 octobre, il sera confronté à un immense chantier qui nécessite une action urgente. Car comme l’a reconnu Sylvain Deroeux, « on [le rugby français]  est en train de brûler de l’intérieur ».

Cet article a été initialement publié en anglais sur RugbyPass.com et adapté en français par Jérémy Fahner.

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J
JW 1 hour ago
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Yeah of course it can be, it manages a good commerical outcome when 100 million people are following it. I’m saying rugby is no where near even remotely close to getting the payoff you’re talking about, never mind the distinct lack of anyway to implement it.


So you’re going for the dirty approach. I’m not surprised, it’s the only way to easily implement it right now. I wouldn’t see the benefit to doing that myself. A draft, if purely feasible in it’s own right, doesn’t need to provide commercial benefit at all (if it works, that’s all it needs to do, as it no doubt did back in america’s heyday). But without the advantageous backing of sponsors and interest levels, if you pick the wrong method to implement it, like a dirty approach, you do potential harm to it’s acceptance.


The aspect’s of the approach you chose that I don’t like, is that the franchises are the ones spending the money of the U20’s only for there opposition to get first dibs. Personally, I would much prefer an investment into a proper pathway (which I can’t really see SR U20s being at all in anycase). I’m not exactly sure how the draft works in america, but I’m pretty sure it’s something like ‘anyone whishing to be pro has to sign for the draft’, and results in maybe 10 or 20% of those being drafted. The rest (that accumulative 80/90% year on year) do go back into club, pronvincial, or whatever they have there, and remain scouted and options to bring in on immediate notice for cover etc. You yes, you draw on everybody, but what is generating your interest in the drafties in the first plaec?


This is your missing peace. If some come through school and into the acadamies, which would be most, you’ve currently got three years of not seeing those players after they leave school. Those that miss and come in through club, maybe the second year theyre in the draft or whatever, aged 20/21, you’re going to have no clue how they’ve been playing. NPC is a high level, so any that are good enough to play that would already be drafted, but some late bloomers you might see come in NPC but then Sky’s not going to broadcast that anymore. So what’s generating this massive interest you’re talking about, and most importantly, how does it tie in with the other 7 clubs that will be drafting (and providing) players outside of NZ?


Is the next step to pump tens of millions into SRP U20s? That would be a good start for investment in the youth (to get onto international levels of pathway development) in the first place but are fans going to be interested to the same level as what happens in america? Baseball, as mentioned, has the minor leagues, if we use that model it hasn’t to be broad over the whole pacific, because you’re not having one draft right, they all have to play against each other. So here they get drafted young and sent out into a lower level thats more expansive that SR, is there interest in that? There would be for large parts, but how financially viable would it be. Twiggy tried to get a league started and NPC clubs joined. BOP and Taranaki want SR representation, do we have a mix of the biggest clubs and provinces/states make a couple of divisions? I think that is far more likely to fan interest and commerical capabilities than an U20 of the SR teams. Or ofc Uni fits a lot of options. I’ve not really read anything that has tried to nut out the feasability of a draft, it can certainly work if this spitballing is anything to go by, but I think first theres got to be a need for it far above just being a drafting level.

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