8 œufs chaque matin : pourquoi le trois-quarts Tavatavanawai est passé de 70 à 106 kg
Il sera sans doute la surprise de Scott Robertson lorsqu’il rentrera en cours de rencontre face à la France à Wellington ce samedi 12 juillet, pour le deuxième test de la tournée. L’ailier fidjien de 27 ans au gabarit hors normes Timoci Tavatavanawai devrait faire ses débuts internationaux face aux Bleus.
Le controversé commentateur Justin Marshall, ancien All Blacks qui avait largement sous-estimé le XV de France avant le premier test face à la Nouvelle-Zélande, disait en début d’année dans le podcast DSPN. : « Je vais être franc : si Timoci Tavatavanawai ne fait pas partie des discussions autour de la sélection des All Blacks, c’est que quelque chose ne va pas. » Ca, c’était alors que le joueur commençait à briller avec les Highlanders en Super Rugby avec qui il a été titulaire sur 14 de ses 14 rencontres.
Originaire d’un village de 100 habitants et sans télévision chez lui, Tavatavanawai ne connaissait pratiquement rien du Super Rugby. Il est arrivé à Blenheim, dans l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande, pour s’entraîner avec le Central Rugby Club, sans rien n’y connaître.
An incredible finish by skipper Timoci Tavatavanawai 😍#SuperRugbyPacific | #HIGvCHI pic.twitter.com/VWfulQORJO
— Super Rugby Pacific (@SuperRugby) May 30, 2025
« Je savais pas que le rugby allait devenir ma vie, mais ouais, je regardais presque jamais de rugby. Je n’avais pas de télé chez moi, donc c’était compliqué de suivre. C’est vraiment ça le problème. Du coup, j’avais peu de connaissances sur le Super Rugby, pour tout vous dire », expliquait le jeune All Black en conférence de presse cette semaine.
Mécano, monteur d’échafaudages et paysagiste
Tavatavanawai, qui peut également jouer trois-quarts centre, n’avait pas prévu de faire du rugby son activité principale. « Je faisais un peu de réparation de Jeep, j’étais dans une bonne boîte, et puis mon frère faisait un peu de montage d’échafaudages. Je passais de l’un à l’autre, je pouvais réparer des Jeeps pendant une semaine, puis passer à l’échafaudage. Ensuite, je suis allé à Nelson, j’ai joué au footy à Blenheim, mais je vivais à Nelson. Là-bas, je travaillais dans une entreprise de paysagisme, je faisais pas mal de travaux de jardinage et tout ça. J’ai bossé avec eux un moment, puis j’ai eu l’appel de Tasman », raconte-t-il.
Cet appel va changer sa vie. Il a été repéré non seulement pour ses qualités physiques, mais aussi pour ses performances. Et la chance va lui sourire. « 2021, c’était l’année où j’ai été appelé comme joker médical pour les Crusaders. Après ça, je me suis blessé au genou, j’ai été absent pendant quatre semaines », précise-t-il.
« Puis, après ma rééducation, j’ai reçu un appel du manager des Highlanders, qui est maintenant le manager des All Blacks, pour venir à Dunedin comme joker médical, là encore. Et puis, à partir de là, ça a continué. Quand je suis revenu à Nelson, je pensais retourner au travail, mais j’ai été signé par Tasman, et depuis, ça n’a pas arrêté. »
« Je mangeais des œufs et du pain grillé, c’était ça mon régime pour prendre 30 kg. Je devais faire ça pour changer mon corps un peu. »
Et pourtant, il lui manquait quelque chose : du poids. Une condition sine qua non s’il voulait passer au niveau supérieur. « J’étais, 30 kg plus léger, je pesais autour de 60-70 kg. C’était un peu à l’opposé des attentes ici, et puis j’ai dû construire un peu plus de muscle, être plus en forme pour arriver à environ 40 kg en plus.
« Le nutritionniste, les coachs et le préparateur physique m’ont mis au travail et m’ont fait manger un peu plus. Du coup, je mangeais des œufs et du pain grillé, c’était ça mon régime pour prendre 30 kg. Je mangeais genre huit œufs le matin, quelque chose comme ça. C’était mon petit-déjeuner, donc je devais faire ça pour changer mon corps un peu. Ensuite, je prenais des protéines, et après ça, c’était tout. Puis j’ai juste essayé de maintenir ça depuis », confie Tavatavanawai.
Au fil du temps, son poids est grimpé de 70 à 106 kg, l’aidant à devenir le joueur redoutable qu’il est aujourd’hui et rappelant un illustre ailier de légende, Jonah Lomu qui montait à 111 kg sur la balance pour 1,96 m. Certains comparent aussi Tavatavanawai à Ma’a Nonu, le trois-quarts centre de Toulon, 1,82 m pour 108 kg.
La transformation de Timoci Tavatavanawai s’est accompagnée de performances sur le terrain, déjà en NPC, le championnat provincial néo-zélandais. Il ne lui restait que deux caps à atteindre : le Super Rugby, puis une sélection chez les All Blacks.
« Il y avait une motivation pour mon père de porter le maillot noir. Donc, j’ai joué au niveau scolaire aux Fidji, puis avec les moins de 20 ans. Quand je suis arrivé ici, il avait beaucoup plus de connaissances sur le rugby que moi. Il m’a dit de poursuivre mon rêve, que ce soit avec le maillot noir ou non. Il m’a juste dit de le poursuivre et de foncer. En jouant en club, mon prochain objectif était de rejoindre l’équipe de Tasman. Une fois que je l’ai fait, j’ai mis un autre objectif : jouer dans une des équipes de Super Rugby de Nouvelle-Zélande. Quand j’ai atteint ça, j’ai changé mon objectif pour essayer de rejoindre les All Blacks. »
Après avoir observé le premier test contre la France depuis les tribunes du Forsyth Barr Stadium, Tavatavanawai espère faire ses débuts lors du deuxième test à Wellington ce samedi. Une rencontre que sa famille restée aux Fidji pourra suivre à la TV.
« C’est très différent de ce à quoi je m’attendais… Mais pour moi, arriver ici à 19 ans et me retrouver aujourd’hui, c’est un parcours qui s’est construit pas à pas. Être All Black maintenant, c’est vraiment génial. L’équipe est spéciale, et le groupe d’hommes qu’on a ici, c’est quelque chose de particulier. Et la différence, c’est que maintenant je n’ai plus à m’inquiéter financièrement ou mentalement. Je peux me concentrer sur ma routine quotidienne, sur moi-même, sur le fait de m’améliorer chaque jour, surtout en étant parmi les meilleurs au monde. »
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