Le manque de repères collectifs au centre de la défaite des Bleus
« Franchement, j’ai l’impression qu’on avait le match en main, et c’est super frustrant de voir que ça nous file entre les doigts », glissait le deuxième-ligne Thibaud Flament après la défaite de l’équipe de France face aux double champions du monde d’Afrique du Sud 17-32 samedi 8 novembre 2025.
« On manque peut-être un peu de repères collectifs. On s’est rassemblés il y a deux semaines, eux ça fait plusieurs mois qu’ils enchaînent les matchs de haut niveau, internationaux. »
Un argument repris plus tôt par Fabien Galthié lui-même : « Vous savez très bien, on a eu cinq entraînements. On est une sélection qui devient une équipe en deux semaines. Eux, ça fait depuis juin qu’ils sont ensemble. C’était leur onzième match. Ça compte, collectivement. Mais c’est comme ça depuis toujours. On fait avec, et parfois, on arrive à les battre. Il y a trois ans, à Marseille, on les avait battus dans un match très compliqué. Mais aujourd’hui, c’est la meilleure équipe du monde », disait-il.
Même physiquement, il a semblé que les Bleus n’ont pas su tenir sur la durée, montrant une baisse d’intensité dans le dernier quart d’heure. « La défaite, on peut l’expliquer logiquement, puisque l’Afrique du Sud a réalisé un match de 80 minutes. Nous, je pense qu’on s’est un petit peu arrêté de jouer. La défaite est logique ce soir », a reconnu le talonneur du XV de France Julien Marchand.
« On peut être fier de l’engagement qu’on a mis, mais il faut le produire sur 80 minutes et aujourd’hui, on n’a pas réussi à faire ça », estime-t-il, sans parvenir vraiment à expliquer à chaud la raison de la baisse de régime.
« On s’attendait vraiment à un gros défi et c’est ce qu’il s’est passé. Après, petit à petit, je pense qu’on a cédé un peu aussi dans la tête (…) du coup, le score est lourd à la fin », a-t-il jugé, les Bleus, devant à la 65e (17-13) ayant pris trois essais sur les quinze dernières minutes. « C’est une équipe qui est très physique, et dès qu’elle a l’ascendant sur toi, elle continue et toi tu n’arrives pas forcément à relever la tête. »
Le sélectionneur de l’Afrique du Sud, Rassie Erasmus, s’est même dit surpris de l’écart du score final en faveur de son équipe (+15). « Ils n’avaient pas joué ensemble depuis un moment. Je sais qu’ils jouent en Top 14, mais ça compte quand même. Et on sentait qu’ils avaient bien bossé pour ce match », disait-il en conférence de presse.
Oui mais voilà, pour Thibaud Flament, « les matchs internationaux, c’est un standard qui est différent. Je pense qu’ils sont peut-être plus rodés. C’est aussi une équipe avec beaucoup d’expérience, qui sait prendre le temps. Je pense à la dernière touche… enfin une des dernières… où ils marquent le dernier essai. Le mec est à genoux, ils prennent le temps, ils strapent… Ils ont su temporiser, maîtriser le tempo. C’est de l’expérience, ça. »
Sur la fin, en infériorité numérique, « on a moins joué, je trouve », concède-t-il. « Quand on jouait, notamment en première mi-temps, on les dominait. Pour moi, on est meilleurs sur la première mi-temps. Et ensuite, on est un peu rentrés dans leur système : les touches, les mêlées… le rouleau compresseur. Et on a eu du mal à rivaliser comme ça. »
Manquant un certain nombre d’occasions de marquer, la France compte neuf entrées dans le 22 sud-africains pour 1,5 point marqué en moyenne, contre en moyenne un point par entrée pour les Springboks. « Oui, clairement, on n’a pas été assez tueurs. Et on le paye cash », concède Flament.
« Nous, on a plus un système de jeu basé sur l’offensive, sur le désordre… Et on n’a pas trop eu la main sur le ballon. Donc on a avancé moins. On a manqué un peu de fougue en deuxième mi-temps, on a un peu lâché. C’est aussi ça qui est dur, quand tu joues contre la meilleure équipe du monde ; à des moments clés, peut-être qu’on les regarde un peu trop.
« Y avait plein de duels, plein de challenges sur ce match. Et le jeu frontal en faisait partie. On voulait relever ce défi, et je pense qu’on l’a plutôt bien fait. Aujourd’hui, on prend 30 points… donc on est clairement pas au même niveau qu’eux. Mais je pense qu’on a les ressources en interne. On a aussi pas mal d’expérience qu’on a peut-être pas très bien exploitée aujourd’hui. »