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Dupont prolongé : la mise en scène symbole d’un rugby français en pleine mutation

Annonce de la prolongation de contrat d’Antoine Dupont sur l’écran géant du stade Ernest-Wallon après le match de Top 14 entre Toulouse et le Stade Français, à Toulouse, le 1er novembre 2025. (Photo : Matthieu Rondel / AFP)

La mise en scène était pourtant impeccable. Audacieuse pour un joueur exceptionnel. Y a-t-il déjà eu dans l’histoire du rugby français une telle mise en scène pour une prolongation de contrat ? Ce qui s’est passé sur la pelouse d’Ernest-Wallon à la mi-temps du match Stade toulousain vs Stade français, samedi 1er novembre, en dit long sur l’état du rugby français aujourd’hui : tiraillé entre une émancipation au-delà de ses frontières historiques et une crainte d’une perte d’authenticité.

Le Stade Toulousain avait teasé jusqu’à quelques minutes ce moment que tout le monde attendait, même si la fameuse « surprise à la mi-temps » du classico était devenue un secret de Polichinelle éventé depuis plusieurs jours tant il fallait tuer la surprise pour valoriser le scoop.

Malgré tout, on a savouré de voir cette mise en scène de la prolongation du contrat d’Antoine Dupont, jusqu’en 2031 : le clip montrant le joueur star sortant de la fumée salué par des fans en délire, images entrecoupées par celles de joueuses et supporters de tous âges lui tendant un stylo, Dupont qui arrive dans le tunnel, jette sa casquette, se recoiffe avant d’entrer via une haie d’honneur sur la pelouse d’Ernest-Wallon où l’attendent son président Didier Lacroix et son agent sportif Thierry Cazedevals pour ce moment solennel.

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Sous les encouragements du public, le joueur et son président paraphent chaque page du contrat (que personne ne prend le temps de relire d’ailleurs) avant de signer la dernière page. En deux exemplaires. Poignée de main ferme et sourires sincères. Dupont est verrouillé jusqu’en 2031. Il aura 34 ans et mettra peut-être à ce moment un terme à sa carrière, avec sans doute en point d’orgue une quatrième Coupe du monde aux États-Unis.

« Vous le savez tous, c’était un rêve d’enfant pour moi de porter ce maillot un jour, et c’est mon rêve éveillé d’adulte de poursuivre l’aventure ici », a déclaré le joueur au milieu du terrain.

La mise en scène était parfaite pour cette signature historique et on ne boudait pas notre plaisir de voir un joueur hissé au rang de rock star – ce dont le rugby français manque encore cruellement pour élargir encore plus son audience. Alors, où est le problème ?

Le problème, c’est qu’il y a déjà près d’un an, Matthieu Jalibert – lui aussi considéré comme un demi-dieu sur ses terres – s’est pris une volée de bois vert de la part de ses fidèles haters lorsqu’il a annoncé sa prolongation à l’UBB, micro en main, devant les supporters depuis la pelouse de Chaban-Delmas. Et encore, c’était à la fin du match contre Montpellier.

« Je voulais le partager avec vous en premier. Ça fait quelques semaines que c’est signé. C’est une exclusivité pour tout l’amour que vous nous donnez au nom de l’équipe. Merci beaucoup, merci pour le soutien », avait-il lancé à ses supporters dans un moment de communion. Les haters lui avaient reproché cette démonstration qui avait relégué au second plan la victoire 9-6 de la 11e journée. Comme si partager une telle nouvelle avec ses fans était une pratique honteuse.

Et samedi soir, lorsque le Stade Toulousain a fait les choses en grand pour son joueur vedette, le débat a repris de plus belle, avec toute la mauvaise foi que les réseaux sociaux peuvent traîner. « Ouais enfin la prolongation de Jalibert à Bordeaux, ça intéresse que les Bordelais. Dupont, ça intéresse tout le rugby français », assure un internaute sur X.

« Le souci était le discours de Jalibert qui se considère comme une surprise, là où Dupont, lui, parle du club comme son rêve et ne se déclare pas comme le meilleur joueur du club qui leur fait une faveur après des rumeurs de départ », lui répond un autre. « D’ailleurs, faut rappeler que Jalibert l’avait juste annoncé pour les supporters à la fin du match non diffusé à la télé », rappelle un troisième.

Les autres avis s’enchaînent : « J’avoue qu’étant supporter et abonné du ST, je trouve ça un peu too much ce genre de mise en scène. J’étais au stade, le speaker en a fait des caisses toute la soirée… À la fin du match, on te rappelle que le t-shirt de la re-signature de Dupont est en vente à la boutique… » ; « On n’est pas au foot ! Le rugby, c’est quinze gaillards et non un seul. Stop à la starisation ! »…

Ce qui ressort justement du débat, c’est ça : la starification des joueurs. Plébiscitée dans le foot, elle a encore du mal à prendre dans le rugby français, même si les meilleurs joueurs du monde viennent jouer en France. Ceci dit, il semble que la méthode de partager la nouvelle avec les supporters du club en priorité semble rallier les deux camps : « Moi aussi je trouve ça cool. Je trouve que ça a mille fois plus de charme d’annoncer ça au milieu de milliers de supporters que sur un simple tweet ou une vidéo de l’équipe com en plein milieu d’une semaine. »

« J’espère que la prochaine fois qu’on se verra j’aurai des crampons au pied », a lancé Antoine Dupont en conclusion de son bref discours. Pas encore disponible pour retrouver la compétition huit mois après une rupture des ligaments croisés du genou droit, le joueur vedette de Toulouse et du XV de France a hâte de revenir aux affaires fin novembre ou début décembre.

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