La jeunesse ambitieuse du XV de France

Samedi 5 juillet à Dunedin (09h05 heure française), c’est un XV de France largement inexpérimenté qui tentera de relever l’un des défis les plus intimidants du rugby mondial : affronter les All Blacks chez eux.

À la baguette, une charnière inédite composée de Nolann Le Garrec et Joris Segonds, tous deux âgés de 28 ans ou moins, et bien décidés à saisir leur chance.

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Segonds, l’heure du saut dans le grand bain

Non capé jusqu’ici, l’ouvreur bayonnais Joris Segonds fait partie des huit néophytes qui figureront sur la feuille de match pour cette première rencontre de la tournée estivale. Cinq d’entre eux seront titulaires, dont le pilier Giorgi Beria, le deuxième ligne Tyler Duguid, le troisième ligne Alexandre Fischer et l’ailier Tom Spring.

Pour Fabien Galthié, la titularisation de Segonds n’est pas un coup de poker, mais le fruit d’un cheminement logique : « C’est sa troisième tournée avec nous, c’est son heure. Il a enchaîné deux demi-finales de Top 14 dans deux clubs différents. Il a quand même un certain vécu avec nous, même s’il n’a pas été capé. »

Segonds sort en effet d’une saison aboutie avec Bayonne, acteur majeur de la qualification historique du club basque en demi-finale du Top 14, 42 ans après leur dernière apparition à ce stade.

Une feuille de match à forte dominante bleue… au sens propre

Avec huit débutants et seulement cinq joueurs à plus de 20 sélections, le groupe tricolore aligné à Dunedin est l’un des plus verts de l’ère Galthié. Le capitaine Gaël Fickou, qui honorera sa 95e sélection, fait figure d’exception dans une équipe composée pour moitié de joueurs n’ayant jamais porté le maillot bleu.

Face à cette jeunesse, les critiques venues de Nouvelle-Zélande n’ont pas tardé, certains anciens comme Justin Marshall dénonçant un manque de respect envers la tradition des tournées estivales.

« Je comprends très bien, ce que dit la presse, c’est un état de fait », a réagi Fabien Galthié jeudi. Mais le sélectionneur assume pleinement ses choix, contraint par la fin de saison intense des clubs français et l’usure physique de plusieurs cadres.

« On leur a tous posé la question. Il y en a qui ont préféré rester en France. Et on le comprend bien vu la saison qu’ils viennent de passer. (…) Jusqu’à une semaine avant l’annonce, j’étais en contact avec eux. Mais ils ont préféré une décision plus sage, se régénérer pendant deux mois. »

Un défi que Galthié qualifie lui-même d’impossible. Privé de ses hommes forts, Galthié a dû renouveler sa foi dans le projet et dans la relève. Et c’est justement cette prise de risque assumée qu’il veut transformer en moteur. « J’ai dit à tous les joueurs : ‘Le défi semble impossible à réaliser, est-ce que tu en es ?’ Et tous ceux qui sont là ont dit oui. »

Pour l’animation du jeu, le sélectionneur misera sur Nolann Le Garrec, déjà titulaire lors de la victoire contre l’Angleterre à Twickenham le 21 juin (26-24). Le néo-Rochelais (10 sélections) formera la charnière avec Segonds.

Les All Blacks en version premium

En face, les All Blacks ont choisi une approche bien différente. Le sélectionneur Scott Robertson a maintenu une ossature solide avec les trois frères Barrett, le capitaine Scott, l’ouvreur Beauden et le centre Jordie, mais a aussi intégré quatre joueurs non capés, dont deux titulaires : Fabian Holland (deuxième ligne) et Christian Lio-Willie (troisième ligne centre).

« Ce n’est pas le même écosystème. Nous, on a le Top 14 qui est formidable, la coupe d’Europe qui est formidable. Et l’équipe nationale, il faut qu’elle trouve son chemin là-dedans », a expliqué Galthié pour justifier ce décalage.

Objectif : exister

Avec peu d’automatismes, une conquête encore incertaine et une ligne arrière expérimentale, la mission des Bleus s’annonce herculéenne à Dunedin. Mais pour les joueurs lancés dans le grand bain, il s’agit aussi d’une opportunité exceptionnelle de se montrer dans le temple du rugby mondial.