Les étapes qui ont précipité la chute du Biarritz Olympique

En difficulté financière et ayant changé plusieurs fois de propriétaire en quelques années, le Biarritz Olympique a été rétrogradé administrativement lundi 19 mai en Nationale, la troisième division française de rugby.

Le club a annoncé dans la foulée son intention de faire appel de la décision, qui s’accompagne aussi d’un retrait de six points au début de la saison prochaine. Dans un communiqué, il assure qu’il va fournir « l’ensemble des éléments nécessaires, attestant de sa bonne foi, de sa gestion rigoureuse et de sa légitimité à évoluer en Pro D2 ».

📃 Communiqué officiel du BOPB

Le club prend acte des décisions prises par l’Autorité de Régulation du Rugby (A2R) et des sanctions à l’encontre du Biarritz Olympique Pays Basque. Le BOPB fera appel.

L’intégralité du communiqué ⤵️#BOPB | #AupaBO

— BOPBweb (@BOPBweb) May 19, 2025

Mais il va falloir être plus convaincant que lors des deux premières auditions, les 7 et 16 mai. À l’issue de celles-ci, le Conseil de discipline du rugby a surtout retenu la « situation financière dégradée » du club ainsi que « des incertitudes sur la continuité d’exploitation ».

Incohérences et/ou invraisemblances du budget

Il a également prononcé des retraits de points en raison « d’incohérences et/ou invraisemblances du budget », ainsi que pour « non-respect des délais de la communication de la procédure d’alerte du commissaire aux comptes ».

En cours de saison, Biarritz avait aussi été sanctionné d’un retrait de cinq points pour ne pas avoir communiqué certains documents au Conseil de discipline du rugby français — une sanction réduite à un point en appel, avec trois points de sursis qui ont depuis été levés.

Un montage financier complexe

Ce n’est pas la première fois que le club, quintuple champion de France – la dernière fois en 2006 – inquiète quant à sa santé financière. Il avait été repris au printemps 2024 par un trio d’anciens joueurs emmené par Shaun Hegarty, aujourd’hui président du conseil de surveillance. Pour réunir les financements et garanties nécessaires à son maintien en Pro D2, ils s’étaient entourés de partenaires, au premier rang desquels le milliardaire conservateur Pierre-Édouard Stérin. L’homme d’affaires avait injecté environ un million d’euros l’été dernier via son fonds d’investissement Otium.

Par le biais d’une fiducie – un montage financier complexe – Otium s’est engagé à garantir deux millions d’euros par an pendant trois ans, afin de répondre aux besoins des dirigeants du Biarritz Olympique. En échange, le fonds récupérait le bail emphytéotique du stade Aguilera et la possibilité d’y effectuer des travaux.

Président du directoire en charge de la feuille de route budgétaire du BOPB, Arnaud Dubois a puisé l’intégralité de ces deux millions d’euros dès la première année, contrairement à ce qui avait été initialement prévu. Malgré cet apport, le club a bouclé l’exercice en déficit et doit désormais compter sur les apports financiers des repreneurs.

En 2018 déjà, c’était le duo composé de l’ancien joueur Jean-Baptiste Aldigé – aujourd’hui président du club de Nice – et de Louis-Vincent Gave, patron d’une société financière basée à Hong Kong, qui avait évité la descente en injectant trois millions d’euros. Cela mettait un terme à une crise de gouvernance marquée par la succession de quatre présidents à la tête du club.

Sur le plan sportif, les Basques ont terminé la saison à la 9? place de Pro D2. Après un bon départ, les joueurs avaient été perturbés par l’agression du Fidjien Masivesi Dakuwaqa, qui avait mordu un de ses coéquipiers fin janvier, mais ont finalement évité la relégation.

Depuis le début des années 2010 – avec notamment une finale de Champions Cup en 2010 et une victoire en Challenge européen en 2012 – le club a accumulé les désillusions sportives. Descendu en Pro D2 en 2014, il n’a retrouvé l’élite que pour une seule saison, en 2021-2022.