Le pilier géorgien Nikoloz Narmania (24 ans, 1 sélection) est l’une des recrues de Toulon cette saison, en provenance direct de Biarritz (Pro D2). Pilier droit puissant, réputé pour sa forte tenue en mêlée, Narmania va entamer sa quatrième saison en France et est déjà passé par tous les échelons du championnat français : Carcassonne (Nationale – 16 matchs, 595 minutes), Biarritz (Pro D2 – 12 matchs, 422 minutes) et maintenant Toulon (Top 14). Trois saisons, trois échelons.
Un incroyable parcours pour celui que son père destinait à être… lanceur de disque ! C’est ce qu’il raconte dans un joli portrait dressé par nos confrères de Var Matin. « J’étais hyperactif, alors mes parents m’ont fait essayer la lutte, le judo, le water-polo. Mon père aurait aimé que je fasse du lancer de disque comme lui, mais seul le rugby est parvenu à me canaliser », raconte celui qui est né à Moscou de parents géorgiens exilés en Russie du fait de la guerre.
International russe pendant… 28 minutes
Son père mécano et sa mère coiffeuse retournent dans la patrie géorgienne quand Nikoloz a six ans. Pourtant, sa naissance moscovite le rend éligible à représenter la Russie. C’est ce qu’il fera une seule fois, alors que la Russie avait encore sa place dans le Rugby Europe Championship : une défaite (37-41) face à l’Espagne le 12 février 2022 à Sotchi ; il était remplaçant. Il n’aura joué pour la Russie que 28 minutes.
Douze jours plus tard, débutait l’invasion de l’Ukraine par la Russie. « J’avais 21 ans, j’étais en Espoirs à Carcassonne, la sélection russe m’appelait régulièrement, et moi, je refusais car j’espérais être un jour appelé par la Géorgie. Mais les mois passaient, et alors que j’étais en fin de contrat en club, il fallait que je me montre… », admet-il aujourd’hui.
« Mais dans ce contexte, c’était inconcevable pour moi de continuer à jouer pour la Russie. Est-ce que je regrette ? Non », affirme-t-il en référence au plan sportif. « Que voulez-vous que je vous dise sur le plan géopolitique ? Je suis rugbyman, pas politicien. Quand j’ai pris la décision de rejoindre la sélection, les relations entre la Géorgie et la Russie semblaient apaisées, je ne savais pas que tout allait basculer quelques jours plus tard. Et de toute façon, qu’est-ce que j’allais résoudre, moi, du haut de mes 21 ans ? J’étais seulement un jeune qui avait besoin de se montrer et à qui on proposait de jouer au niveau international… »
Nikoloz Narmania est désormais éligible avec la Géorgie, ce dont il a toujours rêvé. « Quand je regardais les pros, je me disais “ah, c’est de vrais hommes, des guerriers. Je veux être comme eux », raconte-t-il. Pas étonnant que le légendaire deuxième-ligne géorgien Mamuka Gorgodze (41 ans, 75 sélections), ancien toulonnais lui aussi, soit son idole.
Premier club à 6 ans, deuxième à 13 ans, troisième à 15 ans, puis l’académie à 16. Il joue avec les U20 géorgien (2020) avant d’être appelé pour rejoindre Carcassonne où il entre au centre de formation avant de quitter le club pour Biarritz quatre ans plus tard avec qui il s’était engagé initialement jusqu’en 2026. C’est désormais à Toulon qu’on va le voir, au moins pour une saison.
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