Édition du Nord
Select Edition
Nord Nord
Sud Sud
Mondial Mondial
Nouvelle Zélande Nouvelle Zélande
France France

La FFR condamnée pour l'abandon du Grand Stade dans l'Essonne. Mais quel était ce projet ?

Projet Grand Stade

La Fédération française de rugby (FFR) a été condamnée par la cour d’appel de Paris à payer 370 299 euros supplémentaires à Ibelys, le consortium de sociétés qui devait gérer la réalisation des travaux du « Grand Stade », a appris mercredi 26 novembre l’AFP, confirmant une information du journal L’Équipe.

La FFR avait conclu un contrat en vue de construire un Grand Stade sur le territoire des communes de Ris-Orangis et Bondoufle (Essonne), non loin du Centre National du Rugby de Marcoussis, mais le projet a été abandonné par Bernard Laporte dès son élection à la présidence de la FFR en décembre 2016.

Dans sa décision du 5 novembre, le tribunal a considéré que « la FFR ne démontre pas l’existence d’une cause légitime de révocation au jour de la résiliation » du contrat avec Ibelys. Selon le tribunal, « la résiliation du contrat antérieurement au terme de la phase 1 », qui comprend la conception et l’obtention des autorisations de construire, « a nécessairement et directement causé une perte de marge bénéficiaire » à Ibelys.

Cette perte a été estimée à « 370 299 euros » par le tribunal, qui a condamné la FFR au paiement de cette somme. Le tribunal a aussi maintenu la condamnation de 150 000 euros en première instance, « correspondant à l’état d’avancement des prestations de la société Ibelys au 26 décembre 2016. »

ADVERTISEMENT

C’est quoi ce projet ?

Au début des années 2010, la Fédération française de rugby, présidée alors par Pierre Camou (il le sera entre 2008 et 2016), avait un rêve : se doter de son propre Grand Stade multifonctionnel d’ici 2018. Une arène de 82 000 places à Ris-Orangis et Bondoufle dans l’Essonne, à 33 km de Paris. Un temple du rugby, équivalent français de Twickenham en Angleterre, avec toit rétractable, pelouse amovible, et tout l’attirail technologique possible à cette époque. Un édifice de 300 mètres de long, 240 de large, 70 de haut, comprenant 130 000 m² de surfaces construites.

Ce projet était un moyen pour la FFR de se dégager de l’emprise du Stade de France pour ses matchs du XV de France. Depuis 1998, la fédération louait en effet le stade et perdait les revenues des hospitalités, soit, à cette époque-là, une manne estimée à 3 millions d’euros par match qui allait intégralement au Consortium du Stade de France. Depuis, avec le changement de gestionnaire, les conditions ont évolué.

Entre 1998 et 2008, la FFR chiffrait son manque à gagner à environ 160 millions d’euros. À l’inverse, le Grand Stade était censé débloquer 10 millions d’euros de cash flow annuels sur la période de remboursement de la dette. Et après 2037-2038, une fois les emprunts payés, le flux monterait à 70 millions d’euros par an.

Comment le Grand Stade allait être financé ?

La FFR s’engageait à réaliser et financer la construction du stade à hauteur de 600 M€ avec un tiers (200 M€) qui proviendraient de ses fonds propres pris sur sa trésorerie actuelle et sur un programme d’emprunts obligataires et 400 M€ d’emprunts contractés sur les marchés bancaires et pour lesquels le Conseil général de l’Essonne était censé apporter une garantie.

Les collectivités locales (communes de Ris-Orangis et Bondoufle, communauté d’agglomération Évry Centre Essonne, Département de l’Essonne) voyaient plus large avec un projet territorial incluant un village de loisirs avec sport, loisirs et bien-être, un pôle d’excellence du sport regroupant acteurs et métiers du secteur ainsi qu’une Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) pour doper le développement du sud Île-de-France

Selon les estimations d’alors, le projet créerait entre 8 000 et 10 000 emplois à terme, susciterait 25 millions d’euros par an en retombées commerciales et touristiques, 4,7 à 13 millions d’euros en revenus fiscaux pour les collectivités.

VIDEO

Mais tout ceci était dans un monde parfait, sans tenir compte d’éventuels aléas : surcoût des travaux, dépendance envers les matchs du XV de France, concurrence avec d’autres équipements franciliens, aléas politiques, non-respect des délais, pandémie… Preuve s’il en est, au fil des ans le projet avait pris un tel retard que son inauguration ne devait plus intervenir avant 2023, soit cinq ans après sa date de livraison initiale. Selon plusieurs indiscrétions à l’époque, 12 millions d’euros ont été dépensés pour ce projet mort-né.

Pourquoi le projet a-t-il été abandonné ?

Le projet de Grand Stade a finalement été abandonné pour un faisceau de raisons à la fois politiques, financières et institutionnelles.

Déjà, le candidat à la présidence de la FFR Bernard Laporte a fait campagne en 2016 contre ce projet qu’il jugeait trop coûteux et trop risqué. Élu début décembre 2016 (face à Florian Grill, l’actuel président), il a réuni le nouveau comité directeur a acté l’arrêt définitif du projet dès sa première réunion, une dizaine de jours seulement après son installation.

Une annulation trop rapide, jugée brutale à l’époque car menée sans concertation, et qui sera jugée par la justice qui a condamné initialement la fédération en 2020 à verser 3,36 millions d’euros aux collectivités pour avoir manqué « à ses obligations contractuelles ». La condamnation évoquée ce mercredi 26 novembre est une autre résultante de cette précipitation à annuler le projet.

Autre raison de l’abandon du projet, son modèle économique qui était contesté. Le coût total évalué autour de 600 millions d’euros reposait sur un financement privé lourdement endetté, garanti en grande partie par le département de l’Essonne, ce qui exposait fortement les finances publiques en cas de dérive ou d’échec.

De plus, un rapport pointait le risque de voir l’État supporter indirectement une partie de la dette, de fragiliser encore le Stade de France (dont l’État est propriétaire) et de générer des charges supplémentaires de plusieurs centaines de millions d’euros liées à la fin anticipée de la convention avec le consortium du Stade de France.

Enfin, plusieurs analyses avaient jugé l’hypothèse de remplissage, de revenus d’hospitalités et de diversification (village de loisirs, pôle du sport) trop optimiste par rapport aux risques de retard, de dépassement budgétaire et de saturation de l’offre de stades en Île-de-France.

À cela se sont ajoutés les contentieux avec les partenaires (comme Ibelys ou l’agglomération Grand Paris Sud), qui ont poursuivi la FFR pour rupture unilatérale.

(Illustrations extraites du document initial)

Related

Actus, exclus, stats, matchs en direct et plus encore ! Téléchargez dès maintenant la nouvelle application RugbyPass sur l'App Store (iOS) et Google Play (Android) !

ADVERTISEMENT
Play Video
LIVE

{{item.title}}

Trending on RugbyPass

Commentaires

0 Comments
Soyez le premier à commenter...

Inscrivez-vous gratuitement et dites-nous ce que vous en pensez vraiment !

Inscription gratuite
ADVERTISEMENT

Latest Long Reads

Comments on RugbyPass

Close
ADVERTISEMENT