En finale du Mondial, un Canada à l'accent très bordelais
« Les Canadiennes, c’est de l’or en barre », image Guy Accoceberry, un des trois coprésidents du Stade bordelais rugby féminin, sacré en 2023, 2024 et 2025. Si l’ancien demi de mêlée international français dit cela, c’est parce qu’il a pu constater l’apport du contingent canadien dans les résultats exceptionnels de son club. 5 des 23 tombeuses de la Nouvelle-Zélande (34-19) en demi-finale du Mondial ont porté ou portent encore les couleurs des Lionnes, dont la centre et capitaine Alexandra Tessier, la demi de mêlée Justine Pelletier ou la N.8 Fabiola Forteza.
Cette belle histoire bordelaise a commencé en 2020, quand le Covid a gelé toutes les compétitions au Canada. « Quand on a repris le club en 2019, on cherchait des joueuses à l’étranger et on a fait passer une annonce sur Facebook », raconte Laurent Treuil, autre coprésident. Le Stade bordelais se rapproche de deux entraîneurs français vivant outre-Atlantique, Kevin Rouet, l’actuel sélectionneur du Canada, et François Ratier qui l’a précédé de 2013 à 2017. Une idée qui se révèlera lumineuse.
Did that really just happen?! 🤯🔥 #RWC2025 | #NZLvCAN https://t.co/5e8XikwabW pic.twitter.com/cO2XP5rvnW
— Rugby World Cup (@rugbyworldcup) September 19, 2025
Histoire d’un pari
Justine Pelletier, auteure du premier essai samedi dernier face aux Black Ferns, saute sur l’occasion et embarque avec elle Fabiola Forteza, la troisième ligne Karen Paquin et la deuxième ligne Andréanne Valois. « À l’époque, le Canada n’était pas aussi fort qu’aujourd’hui, on ne connaissait pas trop leur niveau, on n’avait vu que quelques vidéos, reprend Laurent Treuil. On a fait un pari en leur disant que la première année, ce serait dur, qu’on avait besoin d’elles pour passer le cap mais en promettant que dans les deux ou trois années à venir, on serait dans les quatre premières du championnat ».
Objectif rempli : phase de play-offs en 2021, demi-finale en 2022 puis trois titres de champion de France de rang avec Pelletier et Forteza en figures de proue.
Elles ont apporté « de la rigueur dans le boulot, dans la performance et du détail aux entraînements avec ce côté anglo-saxon ‘Je bosse et je suis sympa’. C’est ce qui a fait progresser le groupe. » résume Patrick Laporte, ancien entraîneur de l’UBB et troisième coprésident du club. Des pionnières qui ont aussi inspiré leurs compatriotes. Depuis cinq ans, douze Canadiennes – dont la légende du rugby féminin canadien Magali Harvey – ont posé leur sac en Gironde, des Québécoises francophones au départ mais aussi trois anglophones cet été.
🦁 ???????
Elles l’ont fait ! Elles sont doubles championnes de France 🤩
Les Lionnes du Stade Bordelais conservent leur titre au terme d’une deuxième mi-temps sensationnelle face à l’AS Romagnat (32-17) !
Félicitations à elles ! ❤️🔥 #iloveubb #FinaleElite1 pic.twitter.com/AqTz4y6bUc
— Union Bordeaux Bègles (@UBBrugby) June 8, 2024
Lien indélébile
Côté coach, Kevin Rouet, avant de devenir sélectionneur des Canucks, a fait une pige de six mois en Gironde en 2022/23, instaurant de nouvelles méthodes (vidéo, retours individuels).
« Il a professionnalisé l’équipe, les filles s’entraînaient entre 12 heures et 14 heures, il les prenait par postes, par skills, les demis de mêlée, les buteuses…”, énumère Laurent Treuil. Avec un premier titre de champion au bout. François Ratier, qui a connu la majorité de ces joueuses jeunes, a pris le relais l’été suivant avec le même succès (deux autres titres) en s’appuyant toujours sur Pelletier et Forteza devenues « ambassadrices du club ».
« On est tombés sur les bonnes pioches, des supers joueuses qui ont amené tout le monde dans leur sillage, salue encore Laporte. On est attachés à elles et elles sont attachées au club ». Le Stade bordelais enverra ainsi une douzaine de représentants samedi à Twickenham pour soutenir d’abord les Bleues et leurs 11 Bordelaises dans la petite finale face aux Néo-Zélandaises puis « nos Canadiennes contre les Anglaises » dans la grande finale.
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