Dan Carter : « Mes enfants écoutent leur coach plus que moi »

Difficile de trouver meilleur modèle pour un demi d’ouverture que Dan Carter. Tout a été dit sur lui et les chiffres parlent d’eux-mêmes : 1 598 points en test-matchs, record absolu, à l’heure où s’approchent les dix ans de sa 112e et dernière sélection, en finale de la Coupe du Monde de Rugby 2015.

Cette soirée de Twickenham a scellé sa légende. Beaucoup n’en oublient pas pour autant son récital de 2005 face aux Lions britanniques et irlandais : 33 points lors du deuxième test, une partition que d’aucuns tiennent pour la plus grande performance individuelle jamais vue. Trois titres de Joueur World Rugby de l’année, une intronisation au Hall of Fame en 2023 : presque tout y est passé.

À la maison, pourtant, Dan Carter redevient un père parmi d’autres, avec quatre garçons à la table. Et parfois, le rappel à l’ordre est savoureux. Dans Rugby Journal (parution vendredi 17 octobre), il en rigole lui-même : « C’est drôle, parce que pour mes enfants, je suis juste leur père. Je peux leur dire quelque chose, leur entraîneur dira exactement la même chose, et là ils écouteront leur entraîneur plus que moi. »

L’anecdote qui suit est savoureuse : « Il y a environ un an, mon fils, qui a maintenant douze ans, m’a demandé si je pouvais lui trouver un coach pour le jeu au pied, peut-être Richie Mo’unga ou Beauden Barrett, pour l’aider. » Sa femme éclate de rire. « C’est ça, la beauté d’être parent. Au bout d’une trentaine de secondes, il a dit : “En fait, tu t’y connais en coups de pied, non ?” » Carter sourit : « Je peux essayer d’aider, mais ils n’ont pas vraiment envie d’écouter, et quelque part, ça me plaît. »

Après sa carrière, il a fallu retrouver de nouveaux objectifs, s’adapter à une nouvelle vie. « Je m’occupe de mes quatre enfants, ils ont quatre, six, dix et douze ans, et j’adore profiter de mes week-ends maintenant », dit-il. « On oublie un peu ce que c’est parce que quand on joue, tous les week-ends sont consacrés au rugby, même le dimanche, qu’on soit fatigué, éreinté après un match… Alors c’est pas mal de profiter à nouveau des week-ends pour se détendre en famille et faire le Uber pour emmener les enfants au sport. »

« Il y a environ un an, mon fils, qui a maintenant douze ans, m’a demandé si je pouvais lui trouver un coach pour le jeu au pied, peut-être Richie Mo’unga ou Beauden Barrett, pour l’aider. »

Le rugby n’est jamais loin. « Je fais un peu de coaching, je ne suis pas l’entraîneur principal, je dépanne quand je peux. J’ai aussi arbitré quelques matchs chez les moins de 8 ans. Parfois, certains parents au bord de la touche sont odieux. Mais avec un sifflet, je sentais que j’en savais un peu plus qu’eux sur le rugby, alors, en général, ils se taisaient. »

La carrière de Dan Carter s’est terminée par un titre au Japon avec les Kobelco Steelers, en plus de ses trois titres en Super Rugby et de ses deux boucliers en France. Puis le Covid a frappé et a annulé la dernière saison qu’il s’apprêtait à disputer. « Je suis rentré en Nouvelle-Zélande, c’était censé être mon dernier contrat. J’ai commencé à me demander si je devais continuer.

« Quand mon fils m’a demandé si je retournais au Japon, j’ai dit : “Non.” Il a répondu : “C’est la meilleure nouvelle que j’aie jamais entendue.” C’est là que j’ai compris que je continuais à jouer pour de mauvaises raisons. » Il poursuit : « Je me disais que je pourvoyais aux besoins de ma famille, mais en vérité, les enfants se fichent que je joue au rugby ; ils veulent juste que je sois davantage à la maison. Tout s’est remis en perspective ; c’était le bon moment. »