Collazo, Labit, Urios : ces coachs qui ne prennent plus de gants pour faire passer des messages
L’époque de la langue de bois et du sacrosaint linge sale lavé en famille serait-elle révolue ? Samedi soir, le Racing 92 a perdu pied au Stade toulousain (48-24) en seconde période après avoir reçu un carton rouge juste avant la pause, suite à un coup de boule de Janick Tarrit dans le plexus de l’Argentin Efrain Elias. Un manque de maîtrise qui a coûté cher aux Franciliens et provoqué l’ire de leur manager Patrice Collazo.
Une colère qu’il n’a pas voilée après le match devant la presse. « Quand on entraîne, on met des stratégies en place, on essaie de prévoir ce que va faire l’adversaire. Mais ce qu’on ne peut pas prévoir, c’est la bêtise. Je peux tout comprendre, je peux tout entendre, mais il y a des trucs…non. Quand ça met le collectif en danger, quand ça casse la dynamique de l’équipe, c’est une fin de non-recevoir. »
🟥 Etzebeth-itis spread to France last night.
Racing hooker Tarrit with a wild headloss of his own.
That one will have hurt… pic.twitter.com/KYgix0c3mM
— RugbyInsideLine (@RugbyInsideLine) November 30, 2025
Les kilos de trop de Tuilagi
À l’inverse du sélectionneur Fabien Galthié, qui évite autant que possible de charger ses troupes en public, Patrice Collazo n’a pas hésité à pointer du doigt la responsabilité de son joueur alors que le Racing était dans le match jusqu’au carton rouge. Une méthode qui n’est pas sans rappeler celle utilisée une semaine plus tôt par le nouveau manager de Perpignan Laurent Labit, qui s’en était pris directement à son deuxième ligne Posolo Tuilagi après la lourde défaite de l’USAP à Aimé-Giral contre Montpellier pour son match de prise de fonction (0-28).
« Le championnat, il est d’une densité terrible aujourd’hui, et Posolo le premier, comme d’autres doivent le comprendre. On ne peut pas revenir aujourd’hui de 10 jours d’arrêt avec 5 ou 6 kilos de trop, ça met en difficulté la reprise, on ne peut pas avoir des charges de travail cohérentes, et à la sortie, on se blesse. » Une attaque rude pour le jeune colosse, dont l’activité monumentale le match précédent à Pau avait permis presque à elle toute seule à Perpignan de ramener son premier et à date toujours seul point de la saison (27-23).
Il y a un mois de cela, avant un déplacement à Montpellier, le manager de Clermont Christophe Urios, interrogé sur le retour dans son XV de départ d’Étienne Fourcade, avait aussi été sans filtre. « Il ne fait pas un bon début de championnat. Barnabé Massa fait lui un très bon début de championnat et c’est lui le numéro 1. Il a une grande opportunité aujourd’hui, à lui de faire bouger les lignes. » Un coup de pression qui a certainement porté ses fruits depuis puisque Urios a validé cette semaine la prolongation de contrat de son talonneur jusqu’en 2028, avec une année optionnelle.
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Nous sommes heureux de vous annoncer les prolongations de ???????? ????? et ???????? ???????? jusqu’en 2028 option 2029 ainsi que ???????? ?????? jusqu’en 2029 🤩 pic.twitter.com/VZ14N4cnS3
— ASM Rugby (@ASMOfficiel) November 29, 2025
Ghezal adepte du trash talk
Ces piques, parfois violentes, ne sont donc pas forcément signe de cassure irrémédiable entre l’entraîneur et le joueur visé. Elles peuvent toutefois se révéler une arme à double tranchant pour le technicien qui les emploie. Lorsqu’il était à Bordeaux, Christophe Urios avait payé cher de s’en être pris publiquement à ses cadres Matthieu Jalibert et Cameron Woki à la fin de la saison 2021-2022. Son vestiaire retourné contre lui, il avait été remercié quelques semaines plus tard.
Un jeu dangereux auquel s’est aussi livré récemment le manager du LOU Karim Ghezal, après une énième prestation sans éclat sanctionnée par une défaite cuisante à domicile contre La Rochelle (19-36).
« Aujourd’hui, je ne sais pas qui sont mes leaders. Chaque semaine, j’en ai qui parlent. J’ai fait des réunions, ils sont dix leaders de défense, dix en leaders d’attaque. On s’était fait démonter la semaine dernière, à Montpellier, je me dis qu’il y a du tempérament dans cette équipe. Je fais un discours dans le vestiaire, je sors de là, je suis à deux doigts de me faire plaquer, je me dis qu’ils sont prêts. Et on s’est fait raser sur les trucs simples. Sur l’engagement, on n’a pas existé. »
Le même Ghezal qui, un an plus tôt, avait choqué le vestiaire du Stade français en assénant un « Il fait peur à qui Baptiste Pesenti ? » à la mi-temps d’un match, saillie qui avait fuité ensuite dans la presse et précipité son éviction du club parisien. Preuve que le succès de la méthode forte, si elle peut générer la réaction d’orgueil salvatrice et les résultats positifs attendue, sera toujours fortement lié à la tolérance ou non d’un groupe à se faire bousculer au-delà de l’intimité des murs du vestiaire.
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