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Axelle Berthoumieu : « j’ai ma chance, enfin j’ai ma chance »
Par Willy Billiard
Parmi les 23 Françaises qui vont défier l’Italie pour lancer leur Coupe du Monde de Rugby féminine samedi 23 août, il y en a une qui va particulièrement savourer : la troisième-ligne Axelle Berthoumieu (25 ans, 22 sélections). Car derrière sa détermination à performer en Angleterre, ce n’est pas simplement le résultat qui la motive. C’est plus profond que ça et ça remonte trois ans en arrière.
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A l’automne 2022, alors que l’Aveyronnaise a passé tout l’été à s’entraîner avec l’équipe de France, le sélectionneur d’alors Thomas Darracq ne la retient pas pour s’envoler en Nouvelle-Zélande. Elle qui a découvert le rugby quand elle était en primaire, qui a intégré l’équipe première de Blagnac dès ses 18 ans, elle qui a été vice-championne olympique de rugby à 7 aux JO de la Jeunesse en 2018 en Argentine (défaite en finale face à la Nouvelle-Zélande), se voit dénier le droit de participer à sa première Coupe du Monde.
Malgré sa participation aux bons résultats au Tournoi des Six Nations précédent où la France termine deuxième derrière l’Angleterre (comme c’est le cas depuis 2020 d’ailleurs), son aventure avec les Bleues se met en pause. Et ça, elle ne l’a jamais digéré.
Trois ans plus tard, elle a travaillé encore plus pour être retenu dans le groupe France pour cette Coupe du Monde en Angleterre. « J’ai ma chance, enfin j’ai ma chance », soupire-t-elle dans un entretien exclusif avec RugbyPass. « Et pour moi, toutes les minutes que j’aurai sur le terrain, ça sera une grande fierté, un vrai accomplissement. En fait, on m’a un peu enlevé l’envie que j’avais de participer à la dernière Coupe du monde. On m’a coupé l’herbe sous le pied comme on dit, et ça a été une grosse déception. Là, du coup, je prendrai chaque moment comme une énorme chance, et ça sera que du plus pour moi. »
« C’est surtout les mois qui ont précédé, ou même pendant la Coupe du monde que j’ai pas vécue, qui ont été très compliqués à encaisser », poursuit-elle. « J’ai dû un peu rebondir, soigner la blessure que ça avait causée, et ça je l’ai fait avec mon club. Je me suis toujours sentie bien en club, et ça m’a aidée à reprendre confiance.
« Rebondir, ça donne quand même de la force. Et après, une fois que c’était passé, je l’ai gardé comme un mauvais souvenir, mais je me suis dit qu’il fallait continuer à avancer, que ce soit en club ou avec l’équipe de France. Bien sûr j’ai repensé à la prochaine, mais j’ai essayé de me mettre moins de pression, de ne pas trop y penser, parce que je voulais pas que ça me mette dans une mauvaise dynamique, une onde négative.
« Mais plus l’annonce de l’équipe approchait, plus les mauvais souvenirs revenaient. Mais cette fois j’avais plus de positif, je sentais que les coachs comptaient un peu plus sur moi. J’avais prolongé mon contrat, et je donnais le meilleur de moi-même. Cette fois, ça a marché. Je pense que j’ai travaillé toutes ces années, et j’ai enfin pu atteindre mon rêve. »
« Depuis quelques mois, depuis le Six Nations, ils m’ont plutôt vue comme une impact playeuse, pour finir les matchs et apporter un peu ma puissance »
Le staff mené par Gaëlle Mignot et David Ortiz depuis l’éviction de Darracq en décembre 2022 a au contraire voulu tester Axelle Berthoumieu le plus possible pour lui faire une place dans l’effectif. « Depuis quelques mois, depuis le Six Nations, ils m’ont plutôt vue comme une impact playeuse, pour finir les matchs et apporter un peu ma puissance », remarque celle qui vient de s’engager avec les Lionnes du Stade Bordelais.
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« Mon état d’esprit en défense aussi, parce que j’aime plaquer, j’aime défendre. Je pense que c’est ce qu’ils attendent, en fait. Que le match soit serré ou pas, ils veulent que j’apporte ce que je sais faire en fin de rencontre, user un peu l’adversaire. Et si ça peut aider les filles au moment où j’entre, c’est exactement ce qu’ils attendent de moi. Moi, je prends ce rôle à cœur, parce que dès que je mets un pied sur le terrain, je suis contente. »
Entrée en fin de match contre les Italiennes lors de la dernière victoire des Bleues dans le Six Nations (21-34), elle compte encore apporter sa puissance au collectif tout en montrant de vrai visage de l’équipe de France. « Collectivement, on a envie de montrer qu’on avance, qu’on tente des choses, qu’on fait vivre le jeu. Qu’on garde beaucoup de ballons, qu’on joue après contact, avant contact », répond-elle.
« Moi j’aimerais que ça transpire sur le terrain et que, du coup, les Italiennes soient perdues, qu’elles se disent qu’elles n’arrivent plus à gérer, parce qu’il y a du jeu de partout. C’est comme ça que j’aimerais que ça se passe. »
Une victoire est à portée, sachant que la France a remporté 21 de ses 23 précédents matchs de poule en Coupe du monde (2 défaites), les deux revers ayant eu lieu face à l’Angleterre (8-27 en 2006 et 7-13 en 2022). « Je pense que pour générer de la confiance, c’est le point clé. C’est vraiment ça qu’il faut. Mais si jamais on perd, il ne faudra pas que ça nous mette le moral à zéro. Je crois quand même que c’est le meilleur moyen d’entamer la compétition », prévient-elle.
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« À titre personnel, j’espère jouer le plus longtemps possible. Dès que j’ai des minutes, en avoir le plus possible sur le terrain. Forcément, gagner un titre ce serait incroyable. Et puis surtout me faire plaisir, apporter un maximum à l’équipe, et qu’elles se disent : heureusement qu’Axelle était là, elle nous a fait du bien. Voilà. »
