Le fatalisme géorgien : « C'est peut-être notre destin d'être des outsiders »

Pour les Géorgiens, le dernier test-match de la fenêtre internationale de novembre a pris des airs de cauchemar. Samedi dernier, les Lelos recevaient le Japon à Tbilissi avec à la clé une chance historique. En remportant ce match, ils auraient terminé l’année civile dans les douze premières nations mondiales.

Rien d’anodin puisqu’ils auraient ainsi figuré dans le chapeau 2 au moment du tirage au sort des poules de la Coupe du monde 2027, prévu le 3 décembre à Sydney. En clair, la Géorgie aurait eu dans son groupe deux équipes supposément plus faibles et donc une chance inédite d’en sortir et de voir pour la première fois la phase à élimination directe.

Malheureusement les choses ne se sont pas passées ainsi. Plombée par un essai japonais en contre en début de match alors qu’elle était en position de marquer, la Géorgie a couru presque toute la partie après le score. Au prix d’un gros effort de ses avants, elle a néanmoins réussi à renverser la vapeur (23-22) à un peu plus de trois minutes de la fin. Une bouffée de bonheur pour les spectateurs du stade Mikheil Meskhi mais de courte durée, le Japon emportant finalement la mise sur le gong sur une pénalité obtenue juste avant la sirène (23-25).

« On n’a pas su assumer nos objectifs »

Déjà remplacé au moment de ce coup de glacière, le capitaine géorgien raconte à RugbyPass cette journée particulière où il est passé par tous les états.

« Je m’étais réveillé avec le sourire, car regarder le score du match de la Section paloise à Bordeaux (33-34 ndlr) a été la première chose que j’ai faite. Cela m’avait donné beaucoup d’énergie pour cette journée. Et puis le soir, j’ai forcément été très déçu. On connaissait le jeu extraordinaire par moments que pouvait produire les Japonais, on a été dix points derrière, on a tout de même su remonter et les dépasser… Il ne restait qu’ 1’30 minute, et on n’a pas su terminer ce match, assumer nos objectifs et on perd après la sirène. ­»

Le choc a été rude pour tout le groupe géorgien, conscient d’avoir vu une grande opportunité lui filer entre les doigts.

« C’est dur à digérer car il y a cette conséquence derrière de descendre à la 13^e place mondiale et d’être dans le chapeau 3, confirme le joueur de Pau. Il y a eu beaucoup de déception dans le groupe. C’est comme ça, on va l’assumer. On aime peut-être quand c’est dur nous les Géorgiens ! ­»

Les leçons de la dernière Coupe du monde

Dans le chapeau 2, la Géorgie aurait pu dans le meilleur des cas se retrouver avec l’Argentine, l’Espagne et le Zimbabwe dans la poule, et s’ouvrir ainsi grand la route des huitièmes de finale. Elle devra à l’inverse se « farcir », en plus d’une tête de série, un autre adversaire plus fort, au mieux le Japon pour une revanche, au pire l’Écosse ou l’Australie, nation hôte de la compétition.

« On sait qu’on aura deux grosses équipes à jouer. Cela aurait été moins dur en terminant dans ce chapeau 2 avec du coup deux matchs moins compliqués pour nous mais on a vu aussi à la dernière Coupe du monde que cela ne nous réussissait pas quand on attendait trop de nous, avec toute la pression qui va avec. C’est peut-être notre destin d’être des outsiders. »

Il y a deux ans en France, la Géorgie, alors dans le chapeau 4 lors du tirage au sort, avait hérité d’une poule clémente avec une Australie en perdition, un pays de Galles également malade, les Fidji et le Portugal. Cela ne l’avait pas empêché de terminer dernière, battue trois fois et détentrice d’un nul accroché par miracle contre les Portugais (18-18). Même si elle s’est bien compliquée la tâche, elle espère toujours que l’histoire sera différente dans deux ans en Australie.