Quand les filles se mettent même tardivement au rugby
Découvrir le rugby c’est possible, même sur le tard. La médiatisation de la discipline et les scores d’audience record pendant cette Coupe du Monde de Rugby féminine devraient renforcer une tendance amorcée depuis quelques années maintenant.
C’est notamment le cas de Manon Bigot, doyenne officielle du groupe France à 35 ans, soit cinq de plus que n’importe laquelle de ses coéquipières. La talonneuse n’est pas la joueuse avec le plus d’expérience dans le rugby. Pompier dans sa vie professionnelle, elle a commencé à pratiquer ce sport à 23 ans.
Et elle est loin d’être la seule Bleue à avoir débuté sur le tard. La troisième ligne Séraphine Okemba (28 ans) a commencé à 16 ans, l’ailière Joanna Grisez (28 ans) à 19 ans. « Ça a été un peu un hasard parce que moi de base je faisais du tennis, en Staps » (Sciences et techniques des activités physiques et sportives), a raconté Grisez à l’AFP en amont du Mondial.
« Il y avait du rugby dans un menu qui m’était imposé. Mon prof de l’époque m’a conseillé d’en faire en club (…) Sur ma deuxième année j’ai arrêté le tennis et j’ai commencé du coup le rugby. » Avec succès, puisqu’elle compte deux participations aux Jeux olympiques en rugby à VII (médaille d’argent à Tokyo et 5e place à Tokyo) et 11 sélections avec le XV de France dont un quart de finale contre l’Irlande où elle s’est largement fait remarquer avant d’être obligée de déclarer forfait pour la demi-finale contre l’Angleterre.
« Je pense que je suis pile dans la génération entre les deux où ça se faisait encore », estime-t-elle. Dans sa génération, d’autres ont commencé plus tôt, comme la demi de mêlée Pauline Bourdon-Sansus ou la centre Carla Neisen, mais toutes deux sont issues d’une famille où le rugby était déjà bien présent.
« Il y avait beaucoup de jeunes femmes qui arrivaient en Staps en étant sportives et, par le biais du cycle rugby en licence première année, basculaient vers le club. (…) Elles avaient déjà développé des compétences sportives qui étaient transférables au rugby », explique Clémence Gueucier, directrice sportive du club de Bobigny, qui pourrait mentionner « des dizaines » de femmes au parcours similaire (Coumba Diallo, Anne-Cécile Ciofani, …).
Elle-même a brillé sur les terrains de 7 et de XV et ce n’est pas un hasard si on lui prête aujourd’hui une ambition nouvelle pour intégrer dans quelques mois le staff du XV de France féminin qui sera immanquablement modifié après la Coupe du Monde de Rugby féminine.
Mais ce profil de joueuse qui se révèle sur le tard semble destiné à disparaître. « Le rugby évolue au sens large, et le rugby féminin aussi, donc il y a beaucoup plus de jeunes filles qui commencent tôt. C’est parfois plus dur de faire le pont quand c’est plus tardif, de la fac à l’élite 1 », la première division féminine, estime Clémence Gueucier : pour démarrer le rugby en amateur pourquoi pas, « mais pas pour jouer en Elite 1 », insiste-t-elle.
🌍✨Le rugby, c’est aussi une autre façon de se découvrir soi-même !
🔍 Trouvez les clubs proches de chez vous ! ▶️ https://t.co/UHygkMNUjK#JeChoisisLeRugby pic.twitter.com/uFCc3kj2n5
— France Rugby (@FranceRugby) September 4, 2025
C’est ce modèle qui est désormais majoritaire chez les joueuses du XV de France. Après avoir débuté le rugby à 10 ans, l’arrière Morgane Bourgeois a rapidement pu multiplier les heures de pratique. « Depuis que j’ai 14-15 ans je suis en section sportive. J’ai commencé au collège en sport-études puis au lycée », raconte-t-elle à l’AFP.
Mais beaucoup reste à faire pour bien accueillir les petites filles dans les clubs, ou atteindre un nombre suffisant de pratiquantes pour mieux quadriller le territoire et réduire les déplacements pour les matchs. « On doit aider les clubs à accueillir le public féminin. On a eu un travail assez important sur les derniers mois autour des structures, autour de la construction des vestiaires féminins, où des aides ont été apportées aux clubs », a décrit le vice-président de la Fédération française de rugby Jean-Marc Lhermet.
La FFR compte un peu plus de 52 000 licenciées (pour 375 000 licenciés garçons) et en vise le double « à terme ». Elle en avait deux fois moins en 2017.
Actus, exclus, stats, matchs en direct et plus encore ! Téléchargez dès maintenant la nouvelle application RugbyPass sur l'App Store (iOS) et Google Play (Android) !
