Pour Cameron Woki, une deuxième naissance : "Mon histoire avec l'UBB n'était pas terminée"

Précieux lors du succès initial de Bordeaux-Bègles face à La Rochelle (23-18), le polyvalent Cameron Woki se dit “heureux” de son retour en Gironde après trois années au Racing 92. Au moment de retrouver un club francilien avec qui il a connu des hauts et des bas, l’international français a livré quelques confessions dans un entretien accordé à l’AFP.

Que retenez-vous de vos trois années au Racing ?

« L’apprentissage d’un rugby différent, avec Stuart Lancaster, qui m’a fait progresser techniquement dans mon analyse et ma préparation de match. Puis mes six derniers mois avec Patrice Collazo, qui m’a redonné une seconde vie en me faisant jouer à un poste que je préfère (troisième ligne, ndlr), contribuant à mon retour en équipe de France. Le Racing est un club différent, qui a faim de titres européens parce qu’il a déjà gagné le championnat et perdu trois finales de Coupe d’Europe. Dans mes premières années à l’UBB (2017-2022), j’ai été bercé au Brennus, aux phases finales de Top 14 et c’est l’inverse au Racing. Ça m’a beaucoup changé au niveau de mes ambitions, j’y ai connu beaucoup plus d’échecs, ça m’a fait mûrir. »

Qu’avez-vous appris sur vous-même ?

« Qu’on ne peut plus aller sur un terrain comme ça, en détente, sans s’échauffer et ne faire jouer que le talent. Ça n’existe plus. C’est ce que je faisais beaucoup ici mais j’étais jeune, j’avais 18 ans, je n’avais qu’une envie, c’était de jouer. J’ai appris à mieux préparer mes matches et surtout à travailler seul, ce que je ne faisais pas avant. Stuart m’a appris à être autonome sur ma préparation, sur mes entraînements. Je reviens à Bordeaux avec cette expérience-là et surtout avec cette envie de jouer pour mon club de cœur. Ici, j’ai tout connu, mes premières minutes en pro, ma première sélection en équipe de France. Bordeaux m’a tout donné, aujourd’hui je dois juste lui rendre la pareille. »

“J’ai toujours exprimé mon envie de revenir à Bordeaux”

Pendant ces trois années au Racing, vous avez suivi l’UBB… Étiez-vous parfois envieux ?

« Au contraire, j’étais très heureux du titre en Coupe d’Europe. Mon cœur est pour Bordeaux et mon premier réflexe a été d’appeler mes coéquipiers de cette année. J’ai appelé Matthieu (Jalibert), j’ai eu les mecs, qui étaient tous dans le vestiaire. J’étais à Chaban en quart contre le Munster, j’ai suivi ça de près comme de loin. C’était pareil pour la finale de Top 14 que j’ai regardée à la télé. J’étais forcément déçu pour eux. S’ils avaient gagné le championnat, je n’aurais pas été envieux. »

Votre retour à l’UBB a été une opportunité de marché. Aviez-vous fait le tour au Racing ou était-ce un besoin de revenir aux sources ?

« J’ai toujours su que mon histoire avec Bordeaux n’était pas terminée. Parce que je n’ai jamais demandé à partir, cela n’a jamais été mon choix. J’ai toujours exprimé mon envie de revenir à Bordeaux, dès ma première saison au Racing. Donc aujourd’hui, mon retour est une chance et un vœu exaucé. J’ai l’impression que je ne suis jamais parti, j’ai la même place dans le vestiaire qu’il y a trois ans. C’est plein de souvenirs. J’ai toujours dit que j’ai besoin d’être heureux pour être bon, et aujourd’hui, je suis le plus heureux. »

#TOP14 – J23
Quand Cameron Woki va avoir Bac +5 arbitrage on va tous voir flou 😅 pic.twitter.com/1mchRswB5m

— TOP 14 Rugby (@top14rugby) April 27, 2022

Concernant le calendrier, on imagine que vous avez coché le match de dimanche au Racing…

« On coche forcément ce match-là. Je suis très content qu’il se joue tôt aussi, histoire de faire le deuil rapidement. Il faut que je tourne la page du Racing. J’y ai de très bons amis, c’est comme ma famille. Mais si j’ai envie de gagner un titre avec mon club de cœur, Bordeaux, bien sûr qu’il faut tourner la page, parce que je n’ai pas réussi à le faire en étant au Racing. »