Le Canada en finale : « J’ai dit aux filles d’arrêter de pleurer ; on a encore du travail dans huit jours »
Le Canada a réussi l’exploit majuscule de se qualifier pour la finale de la Coupe du Monde de Rugby féminine en battant la Nouvelle-Zélande (34-19), double championne du monde en titre, vendredi 19 septembre à Bristol.
Les Canadiennes ont pris les devants dès le début (12-0, 11e), et ont ensuite déroulé pour se qualifier pour la deuxième fois de leur histoire en finale d’une Coupe du Monde en marquant cinq essais. Elles affronteront la France ou l’Angleterre, qui se rencontrent samedi, pour un premier titre.
« Je suis déjà excité. J’ai dit aux filles d’arrêter de pleurer, parce qu’on a encore du travail dans huit jours. C’est ça, l’état d’esprit : on doit finir le boulot et être prêtes dans huit jours », confiait, ému, le sélectionneur Kevin Drouet après la rencontre.
« Je le sentais déjà il y a un an et demi, qu’on pouvait faire quelque chose, et je suis heureux qu’on soit à un match de notre objectif. Je suis impatient pour le week-end prochain. J’aimerais que ce soit déjà maintenant. »
Signe de la maîtrise canadienne, elles n’ont concédé leur première pénalité qu’à l’heure de jeu, quand leurs adversaires avaient déjà été sanctionnées huit fois. C’est aussi le moment où la Nouvelle-Zélande a semblé, un peu, pouvoir revenir dans le match et renverser un scénario qui semblait tout écrit quelques minutes plus tôt, grâce à un doublé de la meilleure marqueuse de la compétition Braxton Sorensen-McGee (56e, 65e) qui lui a permis de revenir à 12 points.
Mais l’avantage construit depuis le début de la partie (31-7, 52e) a suffi aux Canadiennes pour décrocher un résultat retentissant.
Car l’issue de cette demi-finale représente un petit séisme dans le monde du rugby et les Black Ferns, le surnom des Néo-Zélandaises, qui n’ont perdu que deux matchs en Coupe du monde de leur histoire en huit participations jusque-là, et ont remporté six des sept dernières éditions.
Mais l’histoire n’a pas pesé face à la logique de 2025 et le Canada, deuxième nation mondiale derrière l’Angleterre, a surclassé la Nouvelle-Zélande, dont les fragilités avaient déjà été visibles depuis leur dernier sacre en 2022 et encore plus dans la compétition, par exemple lors de la première mi-temps du quart de finale contre l’Afrique du Sud (10-10, victoire 46-17).
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— Rugby World Cup (@rugbyworldcup) September 19, 2025
Les Canadiennes ont transpercé une première fois les lignes noires après un ballon piqué réceptionné par la capitaine Alex Tessier puis une feinte de passe de la demie de mêlée Justine Pelletier qui a mystifié la légende des Blacks Ferns Portia Woodman-Wickliffe, double championne du monde à XV et olympique à VII.
La demie de mêlée a aussi expédié Sophie De Goede à l’essai un peu avant la mi-temps (35e), les Canadiennes ayant aussi marqué au large par Assia Hogan-Rochester (11e) et au ras après un jeu d’avant par Florence Symonds (24e).
La maigre réaction néo-zélandaise, conclue par un essai de Tanya Kalounivale (26e), n’a pas fait illusion au moment de faire les comptes au terme de la première période (24-7).
D’autant plus que trois minutes après la reprise, Alex Tessier en a remis une couche après une action ayant montré tant la supériorité physique des Canadiennes que leur aisance technique. Les Canadiennes ont ensuite pu gérer la révolte néo-zélandaise et envoyer un gros message à leur prochain adversaire.
« Il reste encore un dernier job à finir, mais après ce match, c’est surtout un immense soulagement, beaucoup d’excitation et de fierté », a confié la deuxième-ligne Sophie de Goede, auteure de 14 points de son équipe, dont un essai (le reste face aux perches). « On a énormément de respect pour les Black Ferns, c’est une équipe incroyable, sextuples championnes du monde. On savait qu’il faudrait une performance exceptionnelle pour les battre et je suis vraiment fière d’avoir réussi à la livrer sur le terrain, tout en gardant le contrôle du match. »