Les carnets de Coupe du Monde de Morgane Bourgeois : chapitre 2

Direction les quarts !

Après un premier match frustrant, notre aventure en Coupe du Monde est pleinement lancée.

Pour cette deuxième semaine et ce match face au Brésil, mon statut a changé, mais pas mon implication. La frustration du match face aux Italiennes nous rappelle tous les jours qu’il faut travailler dur, être plus exigeantes avec nous-mêmes mais surtout prendre un maximum de plaisir sur le terrain.

La semaine a commencé par un jour de repos où nous avons profité de Exmouth, une petite ville en bord de mer pour se retrouver et souffler un peu.

Dans la semaine, nous avons également participé à une activité organisée par World Rugby. Nous avons assisté à une course de bateaux et partagé avec les sportifs et les supporters des moments de complicité. Nous avons aussi croisé les Brésiliennes qui nous ont timidement demandé des photos. Cet échange avec nos adversaires du week-end est rare, et particulier. Cela montre réellement la fierté que ces joueuses ont de représenter leurs pays et les progrès qu’elles ont faits pour arriver jusqu’ici. Pour elles, participer à cette compétition, c’est déjà le sacre.

« Nous avons croisé les Brésiliennes qui nous ont timidement demandé des photos. Cet échange avec nos adversaires du week-end est rare, et particulier… »

Le midi, nous avons partagé un repas en bord de quai, accompagné d’un chanteur discret. Peu à peu, il gagne en énergie et entraîne avec lui toute la tablée. Toute l’équipe a fini par nous rejoindre sur la terrasse, et on s’est retrouvées bras dessus bras dessous à chanter ensemble sur du Adele !

Le samedi, les filles hors groupes étions chargées de faire la remise des maillots. Ensemble, nous avons réfléchi à une façon un peu différente de procéder.

C’est alors que Manae et Assia ont eu l’idée d’afficher une photo de chacune des joueuses enfants, afin de rappeler à toutes ces petites filles qu’elles ont réalisé leurs rêves de participer à la Coupe du monde. À présent, il faut faire tout notre possible pour les rendre fières.

Le match face au Brésil

Durant le match, on assiste depuis les tribunes à un véritable festival offensif de la part de l’équipe. Ça fait plaisir à voir. Mais je dois l’avouer, ça nourrit une petite forme de frustration… ça me démange d’aller sur le terrain et de participer à la fête avec les copines.

À la fin de la rencontre, les Brésiliennes nous ont rejoint dans nos vestiaires. Toutes voulaient échanger leurs maillots, leurs shorts et dans leurs yeux brillait une innocence presque intimidante. On s’est senties vraiment privilégiées de partager ça avec elles.

 

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Ensemble, nous avons partagé nos affaires mais aussi nos cultures à travers un moment de danse commune ; car c’est aussi ça l’aventure Coupe du monde.

Direction Northampton

Quatre heures de bus plus tard nous séparaient de Northampton, où nous avons joué notre dernier match de poule.

Deux bus sont mis à notre disposition et attention, il faut bien choisir son car. Pour ma part, j’ai eu la chance d’être dans le premier arrivé ; le second a été contraint de changer de chemin et ses voyageurs sont arrivés près d’une heure après nous.

Premières arrivées, on s’est empressées de découvrir notre nouveau camp de base : un hôtel somptueux, digne d’un château, où nous avons exploré chaque recoin comme des enfants lâchés à Disney. Rapidement, la nouvelle salle de vie prend forme, chacune ramène ses jeux, Annaëlle (Deshayes) branche sa switch et la team puzzle se lance dans un nouveau casse-tête.

Mercredi 3 septembre a marqué l’arrivée de nos familles. Un moment très attendu, qui nous a redonné énergie et sourire.

Si on en est là, c’est aussi grâce à eux, alors c’est important de partager ces moments ensemble. Ils ont l’habitude de nous suivre, de nous supporter partout à travers le monde mais ne vivent pas ce que l’on vit au quotidien. Cette semaine, ils ont pu voir de près à quoi ressemblaient nos journées d’entraînement, nos infrastructures, ils ont visité notre hôtel avec nos salles de vie, de travail, de réunion, et ont aussi rencontré nos coéquipières dont on leur parle tant.

Samedi 6, veille de match. Mais c’est aussi la reprise du Top 14 ! Entre Coupe du Monde, Rugby Championship, et maintenant Top 14, il y avait toujours une télé allumée, un téléphone branché, et des débats passionnés autour des matchs.

Une ferveur grandissante

Le week-end venu, l’ambiance à Northampton était électrique.

À notre arrivée en bus, le public nous a accueillies comme à la maison, dans une atmosphère presque française. Pourtant, les Anglais ont plutôt l’habitude de soutenir nos adversaires… Mais nos supporters ont fait le déplacement, nombreux, et entre les trompettes et les tambours, j’entends même « Allez Momo » de vieilles amies, que je n’imaginais pas revoir aujourd’hui.

« Entre les trompettes et les tambours, j’entends même “Allez Momo” de vieilles amies, que je n’imaginais pas revoir aujourd’hui… »

Cette Coupe du monde attire, entraîne et réunit.

Sur le terrain, l’équipe a livré une prestation complète, pas parfaite, mais tellement encourageante. Peu à peu, matchs après matchs, nous construisons encore un peu plus notre aventure, pièce après pièce.

Nos familles sont bien présentes et on les entend bien malgré les 13 000 supporters enjoués. Leur présence nous rappelle que derrière chaque match, il y a tout un soutien invisible qui nous porte.

La ferveur sur ce match a été particulière ; ce stade rempli nous a fait vibrer comme jamais depuis le début de la compétition.